Titre Original : Baghead
2023 – Angleterre
Genre : Fantastique
Durée : 1h34
Réalisation : Alberto Corredor
Musique : Suvi-Eeva Äikäs
Scénario : Christina Pamies et Bryce McGuire
Avec Freya Allan, Jeremy Irvine, Ruby Barker, Peter Mullan, Anne Müller, Svenja Jung, Ned Dennehy, Julika Jenkins et Saffron Burrows
Synopsis : Une mystérieuse figure est capable d’invoquer les morts pendant un court laps de temps. Cependant, toute personne qui fait appel à son service doit payer le prix fort…
Baghead, c’est le petit film de genre que personne ne connait et qui n’a pas eu beaucoup de pub. Ou alors, je suis vraiment imperméable à toute sorte de promotion. Production Anglaise à grande majorité (en réalité co-production entre l’Angleterre et l’Allemagne), Baghead, c’est avant tout l’on pourrait dire le projet de cœur de son réalisateur, Alberto Corredor, et surtout, l’adaptation en long métrage de son court métrage de 2017, plutôt bien coté d’ailleurs, ayant fait le tour des festivals, en plus de rafler quelques prix dans certains d’entre eux. Du coup, c’est prometteur dans le fond. Malheureusement, à l’écran, c’est plutôt bancal, même si on comprend très rapidement en réalité toute l’ambition du film, son propos, et surtout, ce qui fait en quelque sorte sa force. Mais on comprend également très rapidement les limites du film, notamment via son budget. Baghead (titre qui fait un peu peur malgré tout), c’est l’histoire d’une jeune femme qui hérite d’une grande maison de la part de son père, avec qui elle était en froid. D’ailleurs, nous noterons que tous les personnages masculins ne sont pas forcément bien positifs, et que beaucoup d’éléments perturbateurs ou plutôt beaucoup d’éléments négatifs arriveront dans le récit par leur faute. Ceci dit, minimisons également tout ça avant de crier encore une fois à la charge contre les hommes, les personnages sont assez écrits pour leur donner des raisons, des motivations que l’on peut parvenir à comprendre, et du coup, ce n’est pas taper sur les hommes juste pour taper dessus. Mais bref, la dame hérite d’une grande demeure, elle qui vivait dans la merde, mais va aussi rapidement se rendre compte qu’elle hérite par la même occasion d’un lourd fardeau, puisqu’une créature vit dans la cave, une créature au visage caché par un sac (d’où le titre), et qui a pas mal de particularités.
On lui faisant avaler un objet appartenant à un défunt, elle peut alors faire revenir les morts. Pour leur parler. Pour pouvoir faire son deuil, dire le fond de notre pensée et tourner la page. Ou justement, pour vivre dans une illusion et ne pas tourner la page, là est un autre souci. Une capacité que le père de notre héroïne utilisait pour se faire un peu d’argent. Mais de nombreuses contraintes sont là. On ne peut parler que deux minutes avec la personne défunte avant que la situation ne devienne dangereuse, et la créature, qui se terre dans les murs de la cave, dans un immense réseau de galeries, n’est pas la plus amicale qui soit, et aimerait bien pouvoir fuir cette cave. Sauf que les règles stipulent bien qu’il ne faut en aucun cas la faire sortir. Et comme elle doit obéir à la propriétaire de la demeure, tout cela devient un poil plus compliqué. Voilà donc pour les bases de l’histoire, qui annonce d’entrée de jeu la couleur. Baghead, sous son côté de petite série B Anglaise, compte bien parler de deuil et des différentes manières de l’aborder. Il y a donc notre héroïne, qui était en froid avec son père, et qui va apprendre les raisons de la distance qui les séparait (la demeure, la créature). Mais aussi un jeune homme, qui viendra très rapidement dans le récit, prêt à payer afin de revoir sa femme morte, lui qui n’arrive pas à tourner la page depuis son décès accidentel. Et parfois, dans ses personnages, dans son écriture, Baghead touche juste. Il n’en fait pas trop, n’en dit pas trop, et sait parler du deuil sous différents angles. C’est très appréciable. Surtout que dans ses errements horrifiques, le film ne se laisse pas aller à la facilité et au gore, loin de là. Il préfère mélanger l’ambiance lugubre au drame bien humain. Ça aussi c’est très bien, et ça tient la route.
Mais le film se heurte également à quelques soucis. De rythme déjà. Mais également de budget. Ce dernier point, on l’imagine dès le début, avec son introduction, et son utilisation, rare certes mais extrêmement visible de CGI. Alors, comme c’est rare, on pourrait facilement pardonner, mais comme son utilisation des CGI se fait souvent dans des moments importants (pour certaines mises à morts, ou lorsque la créature se montre plus dangereuse, et marche au plafond par exemple), ça coince beaucoup plus. Notamment dès l’ouverture, avec l’utilisation de flammes numériques absolument immondes. Et flinguer des scènes importantes en voulant en faire trop, ça c’est bien dommage, surtout que le métrage aurait dû justement rester dans la suggestion, comme il le fait le plus souvent, et donc savoir tout simplement prendre appui sur ses tourments bien plus humains pour toucher au but. Et là, non, il se plante. Le manque de budget se ressent également dans les lieux ou les personnages, tous les deux peu nombreux. En résulte certes un film avec énormément de belles intentions, et des choses à raconter, mais qui se plante quand il met les pieds dans le genre qu’il est clairement censé représenter. L’horreur donc. Tout ça, c’est plus que dommage, et on se demanderait presque à qui s’adresse réellement le métrage, vu qu’il risque de décevoir énormément les fans du genre. On en ressort avec cette impression mitigée, de film qui échoue la moitié de ce qu’il entreprend, mais réussi l’autre moitié. Intéressant à défaut de pleinement convaincre, notamment dans la forme.
Les plus
Un propos intéressant
Le deuil, au centre du récit
Une créature qui a du potentiel
Les moins
Un rythme pas toujours fou
Des effets horrifiques souvent ratés
Un budget petit et visible
En bref : Baghead n’est pas une catastrophe. Dans le fond, il a énormément de belles choses à mettre en avant, mais dans la forme, son manque de budget (ou de subtilités dans l’utilisation de certaines techniques) ne joue pas en sa faveur.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Interesting ideas and themes ♥ How to deal with death ♥ The creature has potential |
⊗ Bad pacing ⊗ The horror is actually not good ⊗ Small budget and it shows |
Baghead is not an awful movie, it has a lot of good things to say, but technically, its lack of budget (or subtility sometimes) shows too much. |