Titre Original : Nosferatu
2024 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 2h12
Réalisation : Robert Eggers
Musique : Robin Carolan
Scénario : Robert Eggers
Avec Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Bill Skarsgård, Aaron Taylor-Johnson, Willem Dafoe, Emma Corrin, Ralph Ineson et Simon McBurney
Synopsis : Durant l’hiver 1838, Ellen vit dans la ville de Wisborg, en Allemagne, avec son mari Thomas Hutter, un clerc de notaire. Dans l’espoir d’obtenir une bonne place chez son employeur Knock, Thomas accepte de se rendre dans les montagnes des Carpates pour aller rencontrer le comte Orlok, reclus et excentrique. Le jeune homme doit lui vendre le Schloss Grünewald, une maison seigneuriale décrépite de la ville. À l’insu de Thomas, Knock a arrangé cela dans le cadre d’un pacte occulte avec Orlok.
Refaire Nosferatu en 2024, était-ce pertinent ? Non, car Nosferatu, à la base, c’est le film de Murnau de 1922, adaptation non-officielle du roman Dracula, d’où des noms de personnages différents, film qui fut d’ailleurs presque détruit après que la veuve de Bram Stoker n’ai trainé le film et Murnau devant les tribunaux. Mais le film a survécu, et Nosferatu, c’est également le grand film de Herzog en 1979. Mais oui, Nosferatu, c’est surtout une adaptation non-officielle de Dracula. Et Dracula, des adaptations, on en a bouffé, entre le Dracula de 1931, les versions par la Hammer, le Coppola en 1992. Bref, l’histoire, on la connait, et vouloir refaire Nosferatu, c’est autant une évidence qu’un piège. Et avec Robert Eggers au scénario et derrière la caméra, le doute n’est pas permis, ceux qui aiment son cinéma seront aux anges, tandis que les autres auront envie de se crever les yeux et ce malgré la beauté plastique de son œuvre. Mais dans le fond, Nosferatu par Eggers, c’est presque une évidence, vu que le monsieur ne fait que des films d’époque depuis ses débuts en 2015, et qu’il a un style visuel, que l’on adhère ou pas, parfaitement identifiable, et donc, un style visuel fort. Il fallait bien ça, dans le fond, pour donner de la pertinence à un nouveau remake, à une nouvelle variation de cette histoire un brin trop connue. Et ayant aimé chacun de ses précédents films, de The Witch à The Northman en passant par The Lighthouse, vous vous doutez bien de quel côté je me place ! Sans pour autant être conquis à 100%, car il faut avouer qu’avec Nosferatu, Eggers passe déjà après deux grandes œuvres visuellement impressionnantes, déjà, et qu’en plus, parfois, il semble vouloir emprunter quelques idées au Dracula de Coppola. Que je dois revoir d’ailleurs, cela fait bien 15 ans, voire 20 ans que je n’ai pas posé mes yeux dessus. Mais pour moi, Eggers réussit en tout cas son pari.
Déjà car il accepte les influences de ses ainés. Avec ses jeux d’ombres et ses silhouettes, il rend clairement hommage à Murnau. De par certains décors, c’est vers Herzog qu’il faut se tourner. Quand au personnage féminin clé, autrefois tenu par Adjani, Lily-Rose Depp semble s’être tournée pour le coup vers Zulawski et en particulier Possession, génial film… avec Adjani tiens. Pour le reste, on trouve du Dracula de Coppola, et bien entendu, le patte artistique millimétrée d’Eggers dans la mise en scène, qui dès l’ouverture, en met plein les yeux. C’est simple, la plupart des plans sont des tableaux qui sont là pour flatter la rétine. Par contre, contrairement à ses prédécesseurs, Eggers fait, à mon sens, un choix audacieux, bien que pouvant diviser là aussi, à savoir de raconter cette intrigue un peu trop connue sous le prisme d’Ellen, Lily-Rose Depp donc. Le film s’ouvre sur elle, son importance est bien plus grande, et son lien avec le vampire, le comte Orlok, trouve une nouvelle signification. Pour le reste, Eggers place quelques acteurs que l’on apprécie (enfin, moi en tout cas) pour les rôles importants, comme Nicholas Hoult pour Thomas, qui va voyager jusqu’en Roumanie pour faire signer le fameux contrat au comte, ou Aaron Taylor-Johnson dans le rôle de son meilleur ami. Amusant, vu que Hoult jouait l’année précédente dans Renfield, où Dracula était, là, joué par Nicolas Cage. Mais le ton entre les deux films sont opposés, évidemment, chez Eggers, tout est premier degré. Willem Dafoe, qui apparaît pour la troisième fois chez Eggers, semble lui venir directement des autres films du metteur en scène d’ailleurs. Et en parlant de ça, il y a ce passage, en début de film, dans une auberge Roumaine, où Thomas est témoin de quelques cultes qui rappellent, dans leur ambiance, un certain The Witch.
Bref, des choix qui me plaisent, un visuel comme toujours léché, trop pour certains, un bon casting, avec une Lily-Rose Depp qui, sans être parfaite, m’aura agréablement surpris, vu que le seul souvenir que j’avais d’elle venait de l’abominable Yoga Hosers de Kevin Smith… Qu’est ce qui coince donc ? Bill Skarsgård, après avoir joué les clowns tueurs dans l’adaptation de Stephen King, et d’être à l’affiche d’un paquet de films récemment, se retrouve à jouer le comte Orlok. Et il est bon, surtout que son design, que le film heureusement ne nous montre pas constamment, ni tout de suite, ose des choses et s’éloigne donc des performances de Max Schreck et de Klaus Kinski. Parfait. Mais j’admet préférer les anciennes versions à titre personnel. Ici, il est bon, il est imposant, violent, mais il manque un petit quelque chose. Mais le vrai souci, c’est que, surtout dans sa seconde partie, Nosferatu se fait un peu plus lourd dans son propos et dans sa manière de nous le raconter. Petit détail, accentué ceci dit par la durée du film, puisque Nosferatu version 2024 est la version la plus longue de l’histoire avec 2h12 au compteur. Ça se ressent surtout dans le dernier tiers, où le spectateur lui avait bien compris tout, mais que le personnage de Willem Dafoe va tout de même nous expliquer la marche à suivre pour la nuit à venir, histoire d’être sûr que l’on ne soit pas paumé. De même, si le film est visuellement somptueux, et qu’il n’y a, en soit, pas un seul plan à jeter, comme toujours avec Eggers, j’aurais trouvé l’ambiance moins terrifiante que chez Murnau, et moins pessimiste que chez Herzog (et moins romantique et sensuelle que chez Coppola). Il manque sans doute ce petit quelque chose. Mais quoi qu’il en soit, on peut tout de même s’estimer heureux qu’un tel projet arrive entre les mains d’Eggers, qui a un style, plutôt que d’un yes man à Hollywood, des frères Russo, ou qui sais-je d’autre. Imparfait, inférieur aux précédents, mais intéressant et malgré tout très bon.
Les plus
Visuellement à tomber
Un grand casting
Des choix intéressants, dans le texte et le visuel
Le lien entre Orlok et Ellen
Les moins
Mais parfois trop timide envers ses prédécesseurs
Quelques longueurs et lourdeurs
En bref : Avec Nosferatu, Eggers signe un autre film qui m’aura énormément plu, par son visuel, ses choix, mais qui, malgré tout, n’atteint pas la maestria des œuvres de Murnau, d’Herzog ou de Coppola. Mais il est vrai que la barre était très haute.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Visually stunning ♥ A great cast ♥ Some interesting choices, both in the story and the visual ♥ The link between Orlok and Ellen |
⊗ Sometimes a bit too shy ⊗ A bit too long |
With Nosferatu, Eggers delivers another film I liked a lot, with stunning visuals, choices, but despite all that, it’s not as good as the work of Murnau, Herzog or Coppola. |
Une version par les frères Russo, en voilà une bonne idée ! On n’est plus à un Dracula près après tout. Et puis Dracula s’est invité dans les pages des Marvel, il peut bien faire face désormais à un Captain America ou un Hulk.
Cela nous emmène loin de ce « Nosferatu » que, comme tu le sais sans doute, j’ai détesté. Décidément, Eggers m’insupporte. Le pire, c’est qu’en voyant les captures d’écran que je trouve magnifiques, j’ai presque envie de le revoir. Un vrai piège que ces plans attractifs, en réalité mis en scène n’importe comment. Une fois de plus c’est à Jarin Blaschke qu’il faut tresser des lauriers et non a son médiocre réalisateur.
Arf, non, mon pire cauchemar ! Peut-être pour Captain 4….
Bon ben voilà, au moins tu peux lui reconnaître le talent de savoir gérer son équipe technique, de bien les choisir et de les laisser livrer des plans à tomber par terre. Il a été dur de se modérer sur les captures, mais j’ai préféré éviter les spoils et de montrer le vampire au final. Enfin, de mémoire, tu avais aimé son THE WITCH 😉
Du coup, j’ai peur de revoir « The Witch »… et de détester.😄
Je l’avais revu perso il y a quelques temps, mon avis n’avait pas changé, j’aime beaucoup MAIS je trouve dommage de révéler la présence de la sorcière aussi tôt. Il y avait moyen de semer le doute, vu les croyances de la famille, le lieu isolé, tout ça.
Tiens, je parlais d’une adaptation par pire, et bien, j’ai entendu la news hier…. cet été sort DRACULA par…. Luc Besson…. J’aurais dû fermer ma gueule haha