Titre Original : Chūgoku no chōjin – 中国の鳥人
1998 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h58
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endô Kôji
Scénario : Nakamura Masa
Avec Motoki Masahiro, Ishibashi Renji, Mako, Kichise Michiko, Minato Yûichi, Okuida Tomohiko, Shinra Manzô et Li Li Wang
Synopsis : Obligé de remplacer son collègue malade au pied levé, un jeune japonais est envoyé par son entreprise en Chine, afin de mettre à jour un filon de pierres précieuses. Le voyage ne s’annonçait pas des plus agréables et la réalité va, de loin, dépasser tout ce que Wada avait pu imaginer. En effet, dès son arrivée en Chine il va réaliser qu’on ne lui a pas tout dit : sa société doit de l’argent à des yakuzas… et ceux-ci ont entendu parler des pierres. Ils ont donc envoyé un des leurs, Ujiie, afin d’épurer définitivement la dette : colérique, imbu de sa personne, ce dernier ne manquera jamais une occasion pour rendre le périple du jeune salary-man encore plus désagréable qu’il ne l’était à la base. Guidés par un vieil homme qui parle aussi mal japonais qu’il le comprend, les deux hommes vont aller de surprises en surprises, passant de forêts sauvages à des montagnes millénaires, au gré de tempêtes et de crues dévastatrices.
Ce qui est à la fois bien et beaucoup moins avec un cinéaste comme Miike, c’est que peu importe combien de films on regarde venant de sa bien longue filmographie, il y a toujours des films que l’on oublie, qui passent dans nos filets, ou de nouveaux qui sortent. Bird People in China pourtant, j’aurais dû écrire dessus depuis des années, vu qu’en France, Studio Canal avait eu l’idée de le sortir en DVD, en coffret avec Fudoh. Une belle initiative, même si avec le recul, on se demande pourquoi, à part le fait que les deux films soient réalisés par Miike avant que sa réputation internationale ne soit présente (ce qui viendra en 1999 avec Audition et Dead or Alive), Bird People in China se retrouve avec Fudoh, tant les deux films sont opposés. Quitte à faire un combo, Les Prisonniers du Paradis aurait été thématiquement plus intéressant à mettre avec Bird People in China, sauf que c’est Asian Star qui s’est occupé de ce film. Bref, des détails, parlons de ces personnages oiseaux en Chine. Miike, contrairement a beaucoup de cinéastes émergeant durant les années 90, a très rapidement montré une certaine fascination pour des cultures variées, pour la culture Asiatique de manière générale sans diaboliser ce que l’on pourrait considérer comme des étrangers pour les Japonais. Son personnage principal était sino américain dans Shinjuku Triad Society, il partait tourner aux Philippines pour Les Prisonniers du Paradis, il signait un remake d’un film Coréen avec Happiness of the Katakuris, et pour Bird People in China, et bien, tout est dans le titre, il emmène ses personnages en Chine. Notre personnage principal est un simple salaryman qui doit se rendre dans un petit village paumé en Chine pour trouver un gisement de jade pour remplacer un collègue.
Sur place, l’aventure ne s’annonce pas de tout repos, puisqu’il est rapidement rejoint par un yakuza, joué par nul autre que Ishibashi Renji, habitué de la filmographie de Miike, qui se joint à l’expédition en espérant y trouver son compte financièrement, et bien entendu, un guide traducteur pour s’en sortir dans ce pays étranger parlant une autre langue et avec une autre culture. Avec Bird People in China, Miike tente clairement de livrer un film différent, de varier sa filmographie. Pas de gros délires surprenants, de scènes sortant de nulle part, pas de règlements de compte entre yakuzas, ici donc au nombre de un, mais juste un film poétique, une quête initiatique pour nos deux Japonais qui sont loin de chez eux. Et si on pourra dire comme souvent avec Miike que le film est un peu trop long, arrivant presque à la barre des deux heures, mais sans que cela ne soit vraiment long. Quelques petites coupes auraient sans doute rendu l’aventure plus fluide, mais qu’importe. Ici en tout cas, Bird People in China est une aventure clairement découpée en deux parties. La première est, en toute logique, le cheminement de notre trio de personnages vers leur destination, où Miike en profite pour poser sa caméra, filmer les petits villages, les montages et forêts de Chine, le tout avec un certain humour de situation, très léger et qui passe très bien. Voir la réaction du conducteur du groupe lorsque son camion perd une porte en cours de route est un grand moment improbable, drôle, et qui fonctionne. Nos personnages se perdent quelque peu dans un pays dont ils ne parlent pas la langue, croisent des coutumes inconnues et j’en passe.
C’est cependant dans la seconde partie du métrage que le tout décolle, ce moment où nos personnages arrivent à destination et vont y rester beaucoup plus longtemps que prévu. Miike filme cette région montagneuse et pluvieuse avec simplicité, captant le mode de vie tout aussi simple des quelques habitants, et il faut souligner que son style de mise en scène, souvent à base de plans longs et de très lents travellings latéraux convient parfaitement au sujet à l’ambiance du film, poétique, mélancolique, parfois un brin surréaliste. C’est au village aussi que le titre du film prend toute sa signification, lorsque nos personnages vont croiser une jeune femme qui doit apprendre aux enfants du coin à voler, tout simplement, et que notre yakuza va se retrouver quelque peu obnubilé par l’idée. Et pas que lui. Nos personnages deviennent rêveurs, se perdent quelque peu, oublient parfois même la raison de leur venue, avant que la réalité ne les rattrape en quelque sorte, et que le doute s’installe de nouveau entre eux, car nous avons bien de base un simple salaryman, un yakuza qui veut de l’argent et un traducteur et guide qui espère enrichir son village avec la découverte de jade. Miike maitrise son sujet malgré quelques longueurs donc, habituelles de son cinéma dirons certains, et son conte initiatique se fait au final plus fin et profond que prévu, puisque Bird People in China est au final un film poétique sérieux, avec un message, bien que simpliste (laisser un lieu intact pour qu’il ne souffre pas des mêmes déconvenues que les lieux dits civilisés), et qui fait rêver pendant presque deux heures.
Les plus
Un Miike calme et sérieux
De très beaux moments
Les décors naturels, sublimes
Une quête initiatique simple mais agréable à suivre
Les moins
Un peu trop long
En bref : Sortant entre Full Metal Yakuza et Andromedia, Bird People of China est un Miike plus calme, plus posé, où ses délires habituels n’ont pas lieu d’être, qui filme de manière simple la nature, et la quête initiatique de nos héros. Un très beau moment.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A calm and serious Miike ♥ Beautiful moments ♥ The natural landscapes are beautiful ♥ A simple but nice to follow initiatory quest |
⊗ A bit too long |
Released between Full Metal Yakuza and Andromedia, Bird People in China is a calm film for Miike, slower, with no crazy WTF scenes, filming nature simply, the quest of our heroes. A beautiful moment. |