SINNERS de Ryan Coogler (2025)

SINNERS

Titre Original : Sinners
2025 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 2h16
Réalisation : Ryan Coogler
Musique : Ludwig Göransson
Scénario : Ryan Coogler

Avec Michael B. Jordan, Miles Caton, Hailee Steinfeld, Saul Williams, Andrene Ward-Hammond, Jack O’Connell, Tenaj L. Jackson, Dave Maldonado, Li Jun Li, Yao, Delroy Lindo et Omar Benson Miller

Synopsis : Alors qu’ils cherchent à s’affranchir d’un lourd passé, deux frères jumeaux reviennent dans leur ville natale pour repartir à zéro. Mais ils comprennent qu’une puissance maléfique bien plus redoutable guette leur retour avec impatience…

Projet risqué de la Warner, au même titre que Weapons (Evanouis), Sinners était attendu. Le nouveau film de Ryan Coogler, réalisateur des deux Black Panther et des Creed, se retrouvait donc chez Warner, et avait pu négocier un contrat en or, lui donnant le final cut, une part des bénéfices dès la première place vendue, et en prime le retour des droits du film dans 25 ans. Le genre de contrat rare, pour un film risqué, puisque R-Rated aux Etats Unis, budgété à 90 millions de dollars, et n’étant ni une suite, ni une adaptation, ni un film à licence. Résultat des courses, le film fut un succès, 366 millions au box-office. Un succès qui effraie un poil l’industrie surtout avec le genre de contrats derrière, mais succès. Les critiques, à la fois presse et spectateurs, étaient souvent plus que positives, si bien que même si je ne savais rien du film à part son réalisateur, je suis devenu curieux. Plus de deux heures de film plus tard, je peux comprendre l’engouement autour du film, même si c’est loin d’être parfait. Car Sinners est un film fait par passion, par envie, et surtout fait avec le plus grand des sérieux. Le budget se ressent à l’écran, via la reconstitution d’époque, les figurants nombreux, l’action, les effets spéciaux, la mise en scène ultra classe, ou encore le tournage de certaines grosses séquences en Imax. Oui rien que ça. On comprend donc le budget du film. Et si Sinners tire son inspiration d’autres films, il n’en ressort pas non plus un bête copier-coller, le film faisant sa propre soupe avec ses inspirations. Alors oui, c’est évident, Une Nuit en Enfer de Robert Rodriguez et écrit par Tarantino fut une inspiration, pour son mélange de genre, de polar et de film de vampires, clairement coupé en deux. On sourira un peu plus devant une scène de « test », qui pourrait aussi faire penser à The Faculty, du même Rodriguez, où à The Thing de Carpenter pour revenir à l’inspiration principale. Sinners donc, de quoi ça parle ? Simple, deux jumeaux dans un coin paumé du Mississipi, durant les années 30, qui décident d’ouvrir pour les leurs, la communauté noire, un bar.

En promettant de l’alcool, une bonne ambiance, et du blues. Pour que ça fonctionne, ils ramènent du bon monde, Slim (Delroy Lindo) et Sammie (Miles Caton) pour jouer sur scène du bon blues, et le tour est dans le sac. Sinners, bien entendu, est un film engagé déjà, qui a des choses à dire, sur la communauté noire, sur la musique, sur l’appropriation culturelle de cette musique. On pourrait dire que situer donc l’intrigue dans les années 30, où la situation était compliquée et le KKK aux alentours, c’est un peu la solution de facilité, mais pour qui aime un minimum les films de malfrats d’époque, ça fonctionne malgré tout du tonnerre. Et donc, comme pour Une Nuit en Enfer, Sinners est clairement découpé en deux parties. La première donc, la plus calme, durant une bonne heure, nous montre l’organisation de la fameuse soirée, le recrutement des musiciens et d’autres personnes qui donneront un coup de main, comme Wunmi Mosaku et Li Jun Li (oui, il n’y a pas que des noirs dans ce film), et l’irruption d’autres personnages pour pimenter un peu le tout, notamment Hailee Steinfeld, jouant l’ex d’un des deux frères. Et si cette première heure est relativement lente, elle met plutôt bien en place toutes les pièces de l’échiquier, et surtout, le fait avec sérieux et en s’appliquant. Les décors sont beaux, la photographie sublime, les musiques entrainantes, et le casting plus que convaincant. Mais contrairement à Rodriguez et Tarantino, Coogler ne laisse pas planer le doute très longtemps, insérant dans son récit quelques éléments annonciateurs de ce qui arrivera par la suite, et donc venant un peu casser la surprise de ce qui viendra après. C’est dommage, bien que toujours finement filmé. Mais dommage. Et comme point de bascule, là aussi, tout se fera en musique.

Mais pas de danse sexy de la part de Salma Hayek, à la place, un bon morceau de blues, entrainant, et que le réalisateur décide de mettre en image en se servant tout simplement d’un concept énoncé dès l’introduction, et livrant donc un plan séquence assez impressionnant (surtout qu’il fut tourné en imax). Et qui dit imax dit comme toujours changement de format d’image, passant du 1.43 au 2.76. Contrairement à certains comme Nolan par contre, Coogler n’abuse pas, tournant peu de scènes en imax, mais des scènes longues, ce qui ne fait pas jongler constamment son film entre les deux formats. Et donc, passé cette scène impressionnante, le film bascule dans l’horreur, d’abord doucement, en respectant les codes du film de vampire (l’invitation pour rentrer dans un lieu, l’ail), puis en se voulant plus musclé. Malheureusement, si dans sa montée en tension, Coogler s’en sort encore très bien, il se montre bien moins convaincant quand il veut verser dans l’action pure, sans doute limiter dans la folie visuelle par le tournage avec les caméras Imax. Même sans ça, ce qu’il filme, bien que toujours appliqué (visuellement, il n’y a pas de fausses notes), reste un peu trop timide dans les faits pour faire office de réel film d’horreur. La grosse scène d’action finale par exemple manque d’ampleur, de folie, pour réellement marquer, alors que tout menait à ça. Reste que dans le paysage actuel, le film, à l’image d’un Weapons ou Bring Her Back, fait plaisir, et prouve que le public veut aussi voir de nouvelles choses, et pas une énième suite ou univers étendu.

Les plus

Visuellement somptueux
La reconstitution d’époque
La scène pivot
La musique blues qui donne envie de bouger
Un bon casting

Les moins

Trop timide dans l’horreur
Une scène d’action finale manquant d’ampleur

En bref : Sinners, c’est bien, parfois très bien, mais sa dernière partie ne tient pas toutes ses promesses. Dommage. Malgré tout, oui, on a là un gros budget fait avec sérieux, bien filmé et qui a des choses à dire.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Visually stunning
♥ The good old 30s
♥ The musical scene in the middle of the film
♥ The blues, you want to move while listening
♥ A good cast
⊗ A bit too shy during the horror’s scenes
⊗ The big action scene lacks something, it’s not that epic
Sinners, it’s good, sometimes very good, but the last part doesn’t follow its promises. Too bad. Despite that, we have here a big budget done seriously, well filmed and with things to say.

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