THE ELIXIR (Abadi Nan Jaya) de Kimo Stamboel (2025)

THE ELIXIR

Titre Original : Abadi Nan Jaya
2025 – Indonésie
Genre : Horreur
Durée : 1h56
Réalisation : Kimo Stamboel
Musique : Fajar Yuskemal
Scénario : Agasyah Karim, Khalid Kashogi et Kimo Stamboel

Avec Mikha Tambayong, Eva Celia Latjuba, Donny Damara, Marthino Lio, Dimas Anggara, Varren Arianda Calief, Ardit Erwandha et Claresta Taufan Kusumarina

Synopsis : Lorsqu’un élixir crée une horde de morts-vivants, une famille en proie à la discorde doit se serrer les coudes et lutter pour survivre à la destruction de son village.

Qui dit nouvelle année, dit que l’on guette comme souvent les sorties des réalisateurs Indonésiens tels que Timo Tjahjanto, Joko Anwar et Kimo Stamboel, même si ce dernier semble quelque peu derrière les autres, enfermés dans des mécaniques et thématiques proches d’un film à l’autre. Evidemment, cela reste violent et bien emballé, donc on suit. En 2025 donc, Joko Anwar nous a livré The Siege of Thorn High, bonne surprise justement sortant du domaine horrifique habituel. Timo Tjahjanto lui a été faire un tour à Hollywood pour signer Nobody 2. Mais n’ayant déjà pas vu le premier… Et ce bon vieux Kimo, lui, il revient par la porte Netflix avec The Elixir, un film de zombies. Et c’est bien, ça permet de varier, les films de zombies, ça ne court pas les rues en Indonésie, bien plus habituée aux histoires de magie noire et d’esprits frappeurs. Et c’est avec surprise pour écrire ce texte que j’ai pu remarquer l’accueil plus ou moins glacial qu’a reçu cet Elixir. Surtout en France, où le film se fait démonter, en particulier sur certains sites comme Allociné (et oui, pour la blague, en parcourant les avis, j’ai remarqué que beaucoup d’avis à 0.5 ou 1 étoiles étaient de gens n’ayant qu’une seule critique sur le site… est-ce donc de vrais avis ?). Un film qui ne mérite en tout cas pas tant de haine, même si on ne va pas se mentir, c’est dans la lignée de ce que fait Kimo Stamboel, mais pour l’amateur de zombies, c’est aussi un film sans réelle surprise, avec tous les clichés inhérents du genre, autant dans les zombies que pour les protagonistes, avec cette famille qui vole en éclat et tente de survivre. Et c’est vrai que c’est dommage, vu le concept de ce médicament, le fameux Elixir, censé rendre la jeunesse, mais qui transforme en zombie surexcité assoiffé de tripes. Il y avait sans doute d’autres choses à faire, mais inutile de parler de ce que le film n’est pas, mais plutôt de ce que le film est.

Le film tente donc de marier le classique film d’invasion de zombies, avec tout ce que cela comprend, avec l’origine de la contamination, les personnages qui prennent la fuite, puis se réfugient dans un lieu et tentent de survivre jusqu’au moment où ils pourront enfin s’échapper, avec le drame familial. En effet, les personnages en avant sont de la famille du créateur du fameux élixir, et qui sera le premier à tester sa fameuse boisson, et donc le patient zéro. Jusqu’à ce qu’il meure, certes. Et on ne va pas se mentir, la partie famille, elle n’est pas la plus réussie du métrage, la faute à des personnages clichés auxquels on a souvent du mal à s’attacher (mais qui jouent pour la plupart très bien), et surtout à des décisions prises qui peuvent faire soupirer. Oui, dans le genre, il n’est pas rare que certains personnages, sous le coup du stress, prennent des décisions stupides pour faire avancer l’intrigue, mais là, certains personnages accumulent les bourdes. Comme cette héroïne qui comprend (enfin, comprend, c’est juste logique et du bon sens, après quasi une heure de film) que les zombies sont attirés par le bruit, et que, voyant une maison encerclée de morts-vivants, ne peut s’empêcher de klaxonner comme une malade, avant de regretter son action et de forcer son groupe à prendre la fuite. Ce genre de moments, on en aura plusieurs dans le métrage, où l’on a clairement envie d’attraper les personnages par le t-shirt pour les secouer un bon grand coup. Heureusement, à côté, il y a le côté horrifique du métrage, et avec Kimo Stamboel, on s’en doute, c’est déjà bien meilleur. Comme d’habitude déjà, le réalisateur soigne sa mise en scène, livrant une belle copie, avec la belle campagne Indonésienne en toile de fond, et livrera même parfois quelques plans assez bien vus.

Et quand les zombies sont là, il se lâche dans un gore artisanal qui fait bien plaisir, avec morsures, démembrements, corps coupés en deux, impacts de balles et utilisation de diverses armes blanches. On aura même un zombie coupé en deux qui continuera de poursuivre les personnages, en marchant sur ses mains, rappelant Braindead, ou Beyond Re-Animator. Le gore est plutôt impressionnant par moment, les effets sur le plateau sont toujours là, utilisés au maximum pour minimiser les CGI, et c’est tant mieux, surtout que lors d’une poignée de scènes, le réalisateur parvient à vraiment rendre les affrontements tendus, comme lors de la fuite initiale, ou d’un affrontement près des cellules d’un commissariat. Commissariat où se passera une bonne partie de l’aventure (clin d’œil à Carpenter et Assaut ?). Classique donc, mais souvent efficace et bien mené malgré ses défauts. On pourrait même souligner que les zombies ont une « faiblesse », ou disons quelque chose qui peut les distraire, et que cet élément est plutôt inattendu. Jamais expliqué, mais passant plutôt bien sans paraître stupide. Du coup, arrivé au bout de l’aventure durant presque deux heures, on en vient à cette pensée simple. C’est du simple Kimo Stamboel. Jamais génial, mais honnête et bien rodé, assez pour que l’amateur passe un bon moment malgré les défauts. Et comme je n’attendais que ça de lui, c’était parfait.