Titre Original : 的士判官
1993 – Hong Kong
Genre : Polar
Durée : 1h29
Réalisation : Herman Yau
Musique : Jonathon Wong Bong
Scénario : Lau Yin, Ray Mak, Herman Yau et Tony Leung Hung-Wah
Avec Anthony Wong, Yu Rong Guang, Ng Man-Tat, Athena Chu, Perrie Lai, Chan Fai-Hung, Fan Oi-Kit, Lung Tin-Sang et Lam King-Kong
Synopsis : Une promotion dans sa compagnie, une femme, bientôt leur premier enfant, tout sourit à Ah Kin, vendeur d’assurances. Le soir de l’accouchement, la future mère est tuée par un chauffeur de taxi. Ah Kin décide d’éradiquer les conducteurs de Hong-Kong.
Quand on pense à Herman Yau et Anthony Wong, deux titres viennent forcément immédiatement en tête, à savoir The Untold Story et Ebola Syndrome, deux fleurons de la Cat III. Mais il ne faut pas oublier que dans ses années là également, il y a Taxi Hunter, un presque film de Cat III, où Anthony Wong, fidèle époux un peu simpliste qui se fait marcher dessus, va péter un câble après la mort de sa femme, la faute à un chauffeur de taxi, et donc se mettre en quête de vengeance en butant tous les chauffeurs de taxi qu’il considère comme malhonnête. Ah ça, on le sait depuis le temps, mais Anthony Wong en général, il ne faut pas venir le chercher. Si l’on devait en tout cas rapprocher le film d’une autre œuvre, ce serait clairement Chute Libre de Joel Schumacher, sorti la même année, dans lequel face au stress, Michael Douglas pétait lui aussi un câble. Et par chance, avec un artisan comme Herman Yau derrière la caméra et Anthony Wong devant la caméra, Taxi Hunter n’a aucunement à rougir, se faisant un très honnête divertissement, intéressant à plus d’un titre en analysant ses thématiques, tout en ayant cette petite touche purement HK qui parvient à le différencier de son possible modèle Américain. Une très bonne chose donc, même si comme d’habitude, tout n’est pas tout noir, ou tout blanc, et l’œuvre d’Herman Yau se retrouve à l’écran loin d’être parfaite, la faute à quelques ruptures de ton, notamment avec certains personnages, qui cassent un peu trop l’ambiance nihiliste générale qui se dégage du métrage. Ah Kin donc vends des assurances. Il est bon, son patron veut lui donner une promotion, il est marié, sa femme attend leur premier enfant, bref, une vie rêvée dans une ville comme Hong Kong où l’argent et le statut comptent énormément.
Mais c’est sans compter sur ces satanés chauffeurs de taxi, dépeints donc ici comme des raclures pour la plupart. Prix exorbitants, refus de prendre certains clients, malhonnêtes, vulgaires, allant même jusqu’à être insultants envers les clients, et surtout, physiquement violents, peu importe qu’il s’agisse d’une jeune femme (forcément, tentative de viol) ou d’une grand-mère malmenée. Et pour Ah Kin, c’est le drame, pile le soir de l’accouchement, entre un premier chauffeur réservé mais qui l’abandonne car un autre client lui propose plus d’argent, et un second qui va carrément amener à la mort de la jeune femme, et du bébé. Désemparé, Ah Kin va alors doucement mais sûrement exploser, allant jusqu’à acheter une arme et traquer les chauffeurs malhonnêtes. Dans le fond, on pourrait même rapprocher Taxi Hunter, thématiquement, d’un Justicier dans la Ville avec bon vieux Charles Bronson, qui lui aussi perdait sa famille, et arpentait alors les rues, armé, en quête de racailles à refroidir, sans forcément retrouver ceux par qui tout a commencé, loin de là. Et comme chez Michael Winner d’ailleurs, l’un des grands questionnements du métrage sera identique. Doit-on justifier et encourager les agissements de notre héros, perdant pieds, tuant de sang-froid, même si ces victimes le méritent clairement et que l’on a tous déjà eu envie, à un moment où à un autre de notre vie, de flinguer quelqu’un pour des raisons similaires ? Herman Yau lui aussi ne nous apportera pas de réponses, nous laissant simplement devant les actes, devant les images, et nous laissant trancher et nous faire notre propre idée. Mieux vaut ça pour rendre au final le questionnement pertinent plutôt qu’un message lourd enfoncé à coups de marteau. Et dans Taxi Hunter, ce questionnement fonctionne pour plusieurs raisons.
Déjà car Herman Yau sait ce qu’il fait avec sa caméra, et ensuite car Anthony Wong montre clairement ici une facette plus torturée et nuancée contrairement à ces rôles les plus connus de la même époque. L’on pourrait même admettre qu’il est excellent en toute circonstance, autant en homme d’affaire simple qu’en vigilante au bout du rouleau. D’ailleurs, son beau frère sera joué par Yu Rong-Guang, que l’on a toujours plaisir à voir. Forcément flic, il sera sur les traces d’Anthony Wong, bien qu’il essayera de se voiler la face dans un premier temps. Mais la grosse ombre au tableau pour Taxi Hunter, c’est Ng Man-Tat dans le rôle du flic rigolo, qui parle fort, fait des blagues, prend tout à la légère, et qui finalement, n’a aucunement sa place dans un métrage sérieux de bout en bout et qui chercher à être toujours plus noir au fur et à mesure des minutes. Il fait tache, et pourra même faire soupirer, alors qu’il nous sort finalement le même jeu que d’habitude, que l’on a pu voir dans des God of Gamblers ou encore Royal Tramp. Au début du métrage, il est même insupportable, avant de se calmer au fur et à mesure. Sans lui d’ailleurs, possible que Taxi Hunter serait devenu, avec les années, aussi cultes que les autres collaborations entre Herman Yau et Anthony Wong. Reste un excellent polar sombre, avec quelques scènes marquantes et parfois très violentes, et un toujours excellent Anthony Wong.

Les plus
Anthony Wong parfait
Herman Yau livre une belle copie
Des inspirations loin d’être mauvaises (Chute Libre, Death Wish)
Un film qui interroge
Les moins
Ng Man-Tat n’a pas sa place ici
En bref : Autre réussite pour le duo Herman Yau / Anthony Wong, malgré une petite épine dans leurs pieds avec l’ajout comique de Ng Man-Tat. Mais au-delà de ça, on a là un vigilante movie plus que solide.
| A FEW WORDS IN ENGLISH | |
| THE GOOD | THE BAD |
| ♥ Anthony Wong, perfect ♥ Herrman Yau delivers the goods ♥ The inspirations of the film are not bad (Falling Down, Death Wish) ♥ The film brings questions to the table |
⊗ Ng Man-Tat doesn’t belong here |
| Another success for Herman Yau and Anthony Wong, despite some comical notes with the character of Ng Man-Tat. But beyond that, we have a more than good vigilante movie. | |


















