DRIVE de Nicolas Winding Refn (2011)

DRIVE

Titre original : Drive
2011 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h40
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Musique : Cliff Martinez
Scénario : Hossen Amini d’après le livre de James Sallis

Avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Christina Hendricks et Ron Perlman

Synopsis : Cascadeur pour Hollywood la journée, réservé de nature et peu bavard, un jeune homme sert de chauffeur pour les criminels la nuit. Vivant une histoire d’amour platonique avec sa voisine dont le mari est en prison et qui a un jeune fils, il va se retrouver mêlé à une sombre histoire d’argent en voulant aider le mari de sa voisine…

Prix de la mise en scène à Cannes en 2011, Drive aura mit sur le devant de la scène son acteur principal, Ryan Gosling, que l’on voit un peu partout depuis (Crazy Stupid Love, The Place Beyond the Pines, Only God Forgives), mais également son réalisateur, Nicolas Winding Refn, encore inconnu du grand public mais adulé par certains cinéphiles pour ces précédents travaux, comme la trilogie Pusher, Bronson, ou encore Valhalla Rising. Drive est d’ailleurs son premier véritable film commercial, son premier véritable film visant un large public malgré la présence de certains excès de violence qu’on lui connaît bien, et son premier grand succès. Pourtant vendu par certains et par la bande annonce comme un film d’action avec des courses poursuites en voiture lorgnant vers Fast and Furious, Drive s’inscrit logiquement dans la filmographie de son auteur, par ses thèmes et ses choix, autant narratifs que visuels. Comme souvent donc, Nicolas Winding Refn nous invite à suivre la vie d’un jeune homme, qui ne parle pas ou si peu, qui ne fréquente pas forcément beaucoup de monde, qui a sa petite vie, mais, et on le ressent très rapidement dans le métrage, a une rage folle qu’il maintient enfermée en lui. En ce sens, le Driver, joué par Ryan Gosling, se rapproche énormément de One Eye, le guerrier muet de Valhalla Rising, ou de Julian (qu’il jouera également) dans Only God Forgives. Derrière ces regards, caché sous ce mutisme, se cache une violence qui ne demande qu’à éclater à la moindre occasion. Mais comme souvent chez le réalisateur, cette violence va rester contenue pendant une bonne partie du récit, attendant LA bonne raison pour exploser.

Et sous ces premiers abords, le personnage est un personnage des plus sympathique. Mais Drive étant une œuvre de commande, et également, l’adaptation d’un roman, le réalisateur se retrouve avec un certain cahier de charge, et surtout, avec un studio tout de même derrière lui. Il ne peut se laisser aller à ses expérimentations passées, à des scènes théâtrales comme dans Bronson ou à des rêves surréalistes comme dans Valhalla Rising. Non, Drive, visuellement comme narrativement, se fait plus calme, plus linéaire, plus classique. Pour autant, le film n’en demeure pas moins inférieur aux œuvres citées, loin de là. Parlant peut-être à un plus grand nombre oui, mais aux qualités indéniables. Car la grande force de Nicolas Winding Refn, c’est dans un premier temps de savoir faire passer les émotions par les images plutôt que par les paroles, et de savoir réaliser un film proprement et intelligemment, peu importe le scénario avec lequel il se trouve. Car il faut bien l’avouer, le scénario de Drive n’est pas sa plus grande force, il est d’une simplicité extrême et chaque événement s’emboite un poil trop facilement avec les autres pour rendre une copie propre sur un peu plus d’une heure et trente minutes. Nous avons donc une histoire classique, avec des truands, de l’argent, des soucis, et une romance. Et entre tous ces points, tout se relie très (trop) facilement, mais le réalisateur fait le choix de ne pas privilégier un seul des aspects de son métrage pour donner à son film une apparence de rêve constant qui se serait figé dans le temps, comme en témoigne les nombreuses scènes où le son est absent, pour ne pas venir parasiter la musique très typée années 80, ni les magnifiques images. D’ailleurs, en regardant de plus près la carrière du réalisateur, on remarquera que les scénarios ne sont jamais ses points forts, et que ces films se basent plus sur des concepts forts.

Bingo, encore une fois, ça fonctionne. Si le film se fait plus calme et plus simple que d’habitude, et moins fou, il n’en demeure pas moins un film de Refn. La mise en scène, se permettant moins de choses, n’en reste pas moins excellente. Tous les plans sont magnifiques, montrent pile ce qu’il faut montrer, et rendent la relation entre la chauffeur et sa voisine réussie, voir, osons le mot, magnifique. Simple, mais magnifique. Abordant un rythme lent, le film n’oublie pas de revenir à son genre principal mi-parcours : le policier. Et quand Nicolas Winding Refn décide d’en venir au policier et de laisser ses personnages exprimer ce qu’ils ressentent au fond d’eux, ça ne pardonne pas. Comme souvent, la violence est sèche, réaliste et débarque surtout au moment où l’on s’y attend le moins, la rendant encore plus forte, et par moment, limite dérangeante (ce qui, je peux vous l’assurer, fit son petit effet dans la salle de cinéma, entre ceux qui se cachaient et ceux qui riaient pour se rassurer). Alors oui, Drive n’est finalement qu’un film de commande, il est probablement plus classique et donc plus accessible que les autres métrages du réalisateur pour le grand public, mais il reste un grand film, simple, beau, élégant, cruel aussi.

Les plus

La mise en scène magnifique

La romance platonique

Le score musical de Cliff Martinez

Une ambiance prenante

Une violence surprenante

Les moins

Un scénario parfois facile

Moins personnel

 

En bref : Film de la consécration et de la reconnaissance pour Nicolas Winding Refn, Drive est une romance policière extrêmement prenante et immersive malgré ses facilités.

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