Titre original : Karuto – カルト
2013 – Japon
Genre : Documenteur
Genre : 1h24
Réalisation : Shiraishi Kôji
Musique : Haishima Kuniaki
Scénario : Shiraishi Kôji
Avec Abiru Yû, Iriki Mari, Iwasa Mayuko, Miura Ryosuke, Okamoto Natsuki et Oyamada Sayuri
Synopsis : Trois jeunes idoles préparent le tournage d’une émission. Après la vision d’une vidéo par la réalisatrice, elles acceptent de partir ave un prêtre dans une maison où une famille est victime d’éléments surnaturels depuis qu’ils ont emménagés. L’expérience est filmée, des caméras sont placées dans tous les coins.
Shiraishi Kôji, c’est le réalisateur qui débutait au top, montait, puis descendait, doucement, puis très vite. De son très bon court métrage Dead Girl Walking en 2004 au très gore et malsain Grotesque en 2009, il nous aura livré l’excellent Noroi et le très bon Carved. Mais après Grotesque, la qualité descend de films en films : les sympathiques Teke Teke 1 et 2, le moyen Occult, les mauvais Shirome et Kami Idol Sousenkyo Battle. La situation semblait film après film sans espoir pour pour lui, jusqu’à l’arrivée, si j’en crois mon ami Oli du site échec et (ciné)mat, des faux documentaires Senritsu Kaiki File en 2012 et 2013. Et oh miracle, Shiraishi ne semblait pas vouloir s’arrêter en livrant ce Cult. Ne lâchant pas le filon du faux documentaire surnaturel après tant d’essai dans le domaine, Shiraishi continue, soit par intérêt, soit par manque de temps et d’argent, et pourtant, dés les premiers instants, on peut affirmer que Cult est une réussite, tant on semble retourner dans une ambiance à la Noroi plutôt que du style Shirome (qui au final était plus ennuyeux qu’autre chose). Commençant calmement, comme dans Shirome pourtant, nous faisons la connaissance de trois idoles qui se présentent devant la caméra avant de regarder une courte vidéo surnaturelle, capturée par une mère et sa fille dans leur propre maison. L’instant d’après, la petite équipe (la réalisatrice et les trois idoles) partent vers la maison avec un exorciste pour comprendre ce qu’il se passe et être confronté à ces événements surnaturels.
Première constatation, Shiraishi ne refait pas là les erreurs du passé, comme pour Shirome encore une fois. Passé la présentation des personnages et une fois les enjeux du film placés, l’équipe se retrouve sur les lieux en seulement dix petites minutes, et Shiraishi peut dés lors se lâcher dans la multiplication des apparitions et des événements inexpliqués. C’est bien simple, ici, ça ne s’arrête pas, sans pour autant paraître ridicule (du moins, pas pour moi). Les différentes apparitions sont variées, et le film pose directement une ambiance plutôt sympathique et stressante en faisant monter les événements crescendo. Le métrage commence doucement, avec quelques bruits, objets qui se déplacent, quelques explications du fonctionnement du monde spirituel ou autre, des démons, et l’ensemble devient alors passionnant et assez immersif. Il faut dire que le rythme ne faiblit pas, que Shiraishi maîtrise depuis le temps le genre, et que le score musical très discret de Haishima Kuniaki fait bien monter la sauce. D’ailleurs, le réalisateur ira parfois tellement loin que le ridicule ne sera pas totalement loin, comme lors de certains plans où les personnages marchent à l’envers, mais le ridicule est toujours évité par le sérieux de toute l’entreprise. Et après la première nuit passée dans la maison, on comprend que le film ne reculera devant rien, avec la mort d’un chihuahua, surprenante. Une scène extrêmement réussie. Des surprises de ce genre, Cult en aura des tas, dévoilant son histoire, plus travaillée qu’elle n’en a l’air aux premiers abords, petit à petit, et n’hésitant pas à changer de ton par moment. Car après une première partie totalement sérieuse (ou presque) et réussie, Shiraishi introduit un nouveau personnage mi-parcours.
Et aux premiers abords, on pourrait dire que le personnage est totalement grotesque (mot qui convient bien à l’œuvre de Shiraishi au final) et ne convient pas au récit, avec son look d’homme en noir, sa teinture blonde et son choix de vouloir se faire appeler Néo devant la caméra, comme dans Matrix. Et pourtant, au fur et à mesure des minutes, le personnage se fait plus intéressant et s’inscrit plutôt bien dans le ton du récit. Surtout que comme la première partie, cette seconde ne sera pas avare en apparitions surnaturelles et autres rebondissements scénaristiques. Malgré tout, si Shiraishi tente beaucoup de choses, mélange les tons, ajoute un second degré avec le personnage blond, et que l’ensemble s’avère hautement divertissant (en gros, son meilleur film depuis Grotesque en 2009), Cult ne sera pas le film parfait. Si certains spectateurs auront du mal à adhérer à certains aspects moins sérieux du métrage, on pourra également reprocher la fin totalement ouverte à une suite, qui ne conclut donc pas l’histoire et nous laisse quelque peu sur notre faim. Tous les mystères du film sont certes élucidés, mais le réalisateur fait monter la sauce jusqu’aux derniers instants, avant de nous lancer une petite phrase et de… finir son film. Une fin ouverte, quelques moments peut-être de trop, mais Cult n’en reste pas moins, dans le genre, une grande réussite, Shiraishi prouvant qu’il a encore quelque chose à dire, et à montrer. Dommage apparemment que ses deux autres métrages réalisés cette même année, Ada : Zetsubô Hen et Ada : Senritsu Hen, soit de bien mauvaises qualités.
Les plus
Très prenant, on ne s’ennuie jamais
Parfois sérieux et flippant, parfois amusant
Maîtrisé
Le retour de Shiraishi
Les moins
Une fin qui n’en est pas une
Quelques moments qui fonctionnent un peu moins
En bref : Cult, c’est le retour inespéré de Shiraishi, œuvrant encore dans le même genre. Évitant la redite, il passionne sur la durée grâce à son rythme soutenu, la variété des éléments surnaturels et un petit second degré, qui pourtant ne plaira pas à tous.