Titre original : Sarinui Chueok – 살인의 추억
2003 – Corée du Sud
Genre : Policier
Durée : 2h11
Réalisation : Bong Joon-Ho
Musique : Iwashiro Tarô
Scénario : Bong Joon-Ho et Shim Sung-Bo
Avec Song Kang-Ho, Kim Sang-Kyung, Kim Roi-Ha, Song Jae-Ho, Byun Hee-Bong, Go Seo-Hee et Park No-Shik
Synopsis : Deux inspecteurs de police, l’un de la campagne, l’autre de la ville, aux méthodes radicalement opposées vont devoir mettre leurs forces en commun afin de piéger un terrible tueur en série. Les soupçons de chacun vont alors se déplacer d’un suspect à un autre, au rythme lancinant des assassinats barbares du mystérieux tueur.
Memories of Murder, c’est l’adaptation d’un fait divers réel, sur un tueur en série qui viola et tua dix femmes à la campagne entre 1986 et 1991. Mais c’est également pour beaucoup la découverte d’un réalisateur qui ne décevra jamais par la suite (The Host, Mother, Snowpiercer). Bref, Memories of Murder nous raconte la traque par la police d’un tueur qui ne sera jamais arrêté, qui ne laissera jamais d’indices derrière lui, et qui s’attaquera durant cinq ans à 10 femmes, d’âge très varié. Avec une histoire pareille, impossible de ne pas penser à Zodiac de David Fincher. Pourtant, le métrage n’a que peu de choses à voir avec, puisque Bong Joon-Ho nous invite, et ce dés sa scène d’ouverture, dans un univers différent, froid, grinçant parfois, mais totalement hors normes. Car la grande force du réalisateur est de passer avec facilité d’un genre à l’autre, sans qu’un élément ne fasse tâche par rapport au reste, devenant ainsi parfaitement cohérent dans son ensemble. On passera donc de scènes dures, de scènes pleines de tensions, à d’autres beaucoup plus grotesques, voir stupides. Se déroulant dans un tout petit village Coréen, l’histoire suit deux policiers, l’un venant de la ville, et l’autre venant de la campagne, qui sont sur les traces d’un tueur en série, un violeur. Deux flics différents, aux méthodes forcément différentes, l’un étant souvent violent, n’hésitant pas à frapper les suspects pour obtenir des aveux, ou même à fabriquer des preuves, tandis que l’autre se veut plus scientifique, posé.
Deux personnages très différents et au descriptif assez classique mais qui prennent vie devant la caméra de Bong Joon-Ho. Et bien qu’appartenant aux polars, à ces films de traque de tueur en série, Memories of Murder prend son temps, pour dépeindre les événements, ses personnages, mais également le lieux de l’action. Il prend son temps, oui, mais jamais il n’ennuie. Car finalement, Memories of Murder est un drame, un drame parfois comique et social, qui s’attarde avant tout sur ses personnages et sur son décor. Par décor, outre, je ne parle pas que des lieux, ce petit village apportant un petit côté dépaysant bienvenu, mais également dans son intrigue et son déroulement. Les personnages évoluent dans ce décor, récoltent des pistes, des fausses pistes, tentent d’en créer, se perdent eux même dans leur envie de mettre un terme à cette histoire qui va les ronger, et le réalisateur nous surprend en passant d’un style à un autre, en dépeignant de façon parfois grotesque les événements et ses personnages, et en n’allant jamais véritablement là où on l’attend.
Ses changements de rythme, de style, ces cassures dans le récit, rythme le métrage et cette enquête de brillante manière, si bien que lorsque le métrage, après une scène un peu grotesque, nous balance une petite course poursuite en pleine face, on jubile devant le résultat, devant tant d’audace pour nous surprendre tout en restant cohérent. Bong Joon-Ho nous fait aimer son univers, ses personnages. Il n’hésite pas à les ridiculiser, puis à nous les montrer sous leur jour le plus sombre, les rendant ainsi humain. Finalement, Memories of Murder tient parfois bien plus du drame social que du vrai polar, le réalisateur brassant les genres constamment. Bien entendu, on pourra toujours dire que le réalisateur maîtrisera cet art de mixer les genres beaucoup mieux dans son métrage suivant, The Host, mettant ainsi certains éléments un peu en arrière plan ici alors que les développer aurait pu apporter une nouvelle dimension intéressante. Et si, en s’inspirant d’une histoire vraie, Bong Joon-Ho rend finalement la finalité de son métrage connue et attendue, il termine son film de la plus belle manière qui soit, nous laissant un goût assez amer en bouche. Non pas pour le spectacle proposé, mais pour ce que ressentent les personnages. Notons d’ailleurs l’interprétation comme souvent magistrale de Song Kang-Ho dans le rôle du flic campagnard.
Les plus
Un beau mix de genre
Des personnages attachants
Un final qui marche
Rythmé et prenant
Les moins
Quelques éléments mis de côté
En bref : Bong Joon-Ho signe un grand film basé sur une vraie enquête. Entre tension et humour, Memories of Murder surprend et passionne.