Titre original : Deliria
1986 – Italie
Genre : Slasher
Durée : 1h30
Réalisation : Michele Soavi
Musique : Simon Boswell
Scénario : George Eastman
Avec David Brandon, Barbara Cupisti, Clain Parker, Domenico Fiore, Robert Gligoroy et Giovanni Lombardo Radice
Synopsis : Dans un vieux théâtre, des jeunes comédiens répètent une pièce parlant de meurtres et de sexe. Dans l’hôpital psychiatrique où se rend une des actrices, blessée à la cheville, Irwing Wallace, serial killer, s’évade. Il va suivre l’actrice et trouver refuge au théâtre, et commencer son carnage, traquant la petite troupe les uns après les autres.
Bloody bird est le tout premier long métrage de Michele Soavi, mais le bonhomme connait bien le milieu. Il aura avant cela occupé pratiquement tous les postes possibles et imaginables sur bon nombres de films italiens, en secondant Joe D’Amato, Lucio Fulci, et même Dario Argento. C’est donc en 1986, alors que le cinéma Italien commence à fatiguer (un Lucio Fulci ne faisant plus que des nanars, légère baisse de régime pour Argento…), que Michele Soavi arrive à la réalisation. Et ce premier pas est plus qu’enthousiaste, puisque si le scénario du film s’avère banal et les acteurs par moment médiocres, la sauce prend grâce au talent de la mise en scène, dynamique et bien trouvée, et de la musique. Le film s’ouvre ainsi sur une répétition de la pièce de théâtre. Soavi joue sur les apparences avec le spectateur, comme De Palma sait le faire lors des introductions de Blow out et Body double. Il trompe le spectateur, s’amuse avec lui, et après cette introduction surprenante et réussie, tente de s’attacher aux personnes, lors d’une longue introduction où le spectateur fera la connaissance de la troupe d’acteur, du metteur en scène, et du producteur du spectacle. Malheureusement, cette première partie, bien que bien mise en scène et intéressante, s’avère un brin trop longue, et surtout, peut parfois paraître lourde, du à l’interprétation aléatoire des acteurs. Certains s’avèrent bons, d’autres beaucoup moins, ce qui donne un début inégal, mais pourtant important, du point de vue des tensions entre les différents personnages, avant l’arrivée du tueur.
Par soucis de temps et d’argent, le film fut intégralement, ou presque, tourné dans le studio dans lequel la troupe répète son spectacle. Lorsque que l’héroïne, actrice dans le spectacle, sort de l’hôpital, elle ramène sans le vouloir avec elle le tueur en série Irwing Wallace, venant de s’échapper. Le carnage peut commencer, tout comme le huit clos. Après un premier meurtre, peu sanglant, mais laissant bien présager ce qui va suivre dans sa mise en scène, les personnages se retrouvent enfermés dans le studio, portes verrouillées par le tueur, qui se trouve parmi eux. Ils ne se rendront compte de cette intrusion que plus tard, lorsque le tueur prendra la place d’un des acteurs, sous le masque… du tueur de la pièce qu’il répétait. Ce masque est très facilement identifiable : celui d’un hibou. Tuant une des comédiennes sur scène, à coup de couteau, devant tout le monde, le huit clos commence, la panique s’installe, les lumières s’éteignent. Le tueur est quelque part, il veut s’amuser, tuer toutes ses victimes. Et il prendra un peu tout ce qui lui tombe sous la main pour arriver à ses fins : perceuse, tronçonneuse, à mains nues, couteau. Ce ne sont pas les idées qui manque, et Bloody bird, s’il n’est pas très gore, s’avère assez jouissif et rythmé dans ses mises à mort. Michele Soavi, malgré le peu d’argent et son lieu unique, ne tourne pas en rond, rythme son récit, l’évolution de ces personnages, au nombre qui diminuera très rapidement, fait monter la tension, et travaille ses éclairages. Quand on connait le passé du bonhomme, aucun doute ; en voyant ses éclairages et ses quelques clins d’œil, qu’il a été influencé et formé par les grands maîtres Italiens. Car outre une réalisation très dynamique, Soavi nous offre des éclairages magnifiques et des scènes baroques sublimes.
Ainsi, vers le final, Soavi nous livre une scène d’une rare beauté, introspection dans le genre même dans lequel il évolue, à mi chemin entre le slasher et le giallo à l’Italienne. Le tueur, fier de ses victimes, va les mettre sur scène, les placer astucieusement, mettre de la musique, de l’éclairage, puis s’asseoir sur un canapé, au milieu de son « œuvre ». Et là, l’héroïne devra tenter le tout pour le tout pour sauver sa vie, au milieu de cet opéra macabre. Mais la beauté de la scène, et la tension générale du scénario montant rapidement, ne seraient rien sans la fabuleuse musique de Simon Boswell, habitué des films Italiens (Démons 2 de Bava, Phenomena de Argento). Il livre ici une de ses meilleures partitions avec celle de Hardware en 1990. Tous ces éléments réunis permettent à Bloody bird, encore 20 ans après, de rester un superbe film, malgré une première partie un peu lente, et dévoilait au public le talent de Michele Soavi, dont les films suivants iront de petites déceptions (Sanctuaire, inégal) au chef d’œuvre (Dellamorte dellamore).
Les plus
L’ambiance musicale de Simon Boswell
Une mise en scène sympathique
La dernière demi-heure, géniale
Les moins
Un peu lent
Niveau d’interprétation variable
Scénario basique
En bref : Le premier film de Soavi reste un petit bijou entre le slasher et le giallo, particulièrement réussi, malgré une première partie lente et des acteurs parfois mauvais.
J’adore ce film ! Un de mes slashers préférés. Le masque du tueur est excellent. Une ambiance vraiment glauque par moment.