THE HOST (괴물) de Bong Joon-Ho (2006)

THE HOST

Titre original : Goemul – 괴물
2006 – Corée du Sud
Genre : Monstre aquatique
Durée : 1h59
Réalisation : Bong Joon-Ho
Musique : Lee Byung-Woo
Scénario : Bong Joon-Ho et Baek Chul-Hyun

Avec Song Kang-Ho, Byun Hee-Bong, Park Hae-Il, Bae Doona et Go Ah-Sung

Synopsis : De nos jours, l’armée américaine jette des produits toxiques dans la rivière Han. À Séoul, alors que Park Gang-du, vendeur au caractère immature, travaille au bord de la rivière dans un petit snack où il vit avec sa fille unique Hyun-seo, ainsi que son père Hee-bong, sa sœur Nam-joo, une championne ratée de tir à l’arc, et son frère Nam-il, un diplômé au chômage, la foule assiste à un curieux spectacle qui ne tarde pas à déclencher la panique : une créature monstrueuse, immense et inconnue, surgissant du fond de la rivière piétine et attaque la foule, en détruisant tout sur son chemin. Gang-du essaie de se sauver avec sa fille, mais il la perd au cœur de la foule apeurée et, à la suite d’une confusion, la voit soudain se faire enlever par ce monstre qui part ensuite avec elle au fond de la rivière. Gang-du, anéanti, se sent coupable de la disparition de sa fille et, au-delà de cette profonde pensée, en vient à se dire qu’elle est quelque part, encore vivante. Le coup de téléphone qu’il reçoit du portable de sa fille ne fait que confirmer sa pensée. C’est alors, avec toute sa famille, qu’il décide de partir à sa recherche, en affrontant la créature.

Après le très réussi et prometteur Memories of Murder, film basé sur l’histoire vraie du premier serial killer en Corée du Sud dans les années 80, Bong Joon-Ho continue avec un film radicalement différent dans la forme, mais pas tant que ça dans le fond. Après avoir donné sa vision particulière du thriller, il s’attaque donc au film de monstre. Il va bien évidemment ne pas faire comme tout le monde, et continuer de mélanger habilement les genres comme il l’avait déjà fait et continuera de le faire par la suite dans le récent Snowpiercer. Ainsi, si on compare The Host aux films de monstres plus traditionnels, la différence est énorme. Là où la majorité des métrages tentent de jouer sur le suspense en montrant furtivement la créature tout le long du métrage et ce jusqu’à la grande révélation finale, The Host lui nous montre la créature à peine quelques minutes après son ouverture. Oui, en plein jour, en grand angle, dans son intégralité. En voilà un choix particulièrement osé. The Host donc se fait différent, puisqu’il nous montre sa bestiole rapidement, bestiole réalisée numériquement par l’équipe de chez Weta. Mais ce n’est pas tout, puisqu’une nouvelle fois, le métrage va mélanger les genres les plus improbables. Ici, on passera du classique film de monstre, à la comédie, en passant par le drame social ainsi qu’une critique de la société Coréenne mais pas seulement, puisque les Américains en prennent aussi un coup, et ce dés la scène d’ouverture. Osé que je vous dis !

Premier bon point pour le métrage, sa galerie de personnages, qui aidera justement le film à passer d’un genre à l’autre. Ici, nous suivons une famille Coréenne tout ce qu’il y a de (presque) classique, qui va subir un drame avec la capture de la plus jeune de la famille par la créature. La suite sera dans les grandes lignes prévisible, puisque la famille entière va devoir s’unir pour retrouver l’enfant. Bref ici, on aura le père gérant une petite boutique, Gang-Du le fils qui s’endort tout le temps (joué par le grand Song Kang-Ho, acteur fétiche du réalisateur), son frère alcoolique, la fille championne de tir à l’arc qui met en général beaucoup de temps avant de passer à l’action, et finalement Hyun-Seo, la fille de Gang-Du, toute jeune et donc capturée par le monstre directement après la première attaque, impressionnante visuellement. Le réalisateur met le paquet et en plus de nous en mettre plein la vue, il rend ses personnages attachants dés les premiers instants, renforçant ainsi l’aspect dramatique de sa trame, mais rendant amusante les notes d’humour qui parsèment le récit de bout en bout. Les événements s’enchaînent et les sujets traités sont variés sans qu’aucun d’entre eux ne semble de trop, entre la façon dont la famille gère le deuil, l’unification de cette même famille, mais également la gestion des crises par le gouvernement, et par-dessus tout, The Host n’en oublie pas le principal : c’est un film de monstre.

La bête est extrêmement bien faite, dans son rendu et son animation, et en plus de nous la montrer assez souvent, Bong Joon-Ho la rend réaliste et presque humaine. La créature peut chuter en pleine course, hésiter, et cependant, tuer pas mal de monde. Certaines scènes se déroulant dans l’antre de la bête seront d’ailleurs des moments plutôt stressants et glauques. Avant que l’on enchaîne sur une scène beaucoup plus légère voir à mourir de rire. Il faut accepter de passer d’un état d’esprit à un autre pour apprécier pleinement The Host, même si tout n’est pas parfait dans le métrage. Le sans faute n’est pas loin, mais on ne pourra pas s’empêcher de reprocher au métrage certaines facilités, notamment dans la façon dont il traite de son message contre le gouvernement Coréen et surtout le gouvernement américain. La scène d’ouverture pourra dans un sens paraître grotesque et rebuter les cinéphiles les plus exigeants. Au delà de ces quelques maladresses, The Host reste un excellent moment, un film tour à tour drôle et tragique, et un authentique film de monstre le plus souvent assez noir, jusqu’à son final.

Les plus

Des scènes comiques réussies
Le drame poignant
Le monstre extrêmement bien fait
Les changements de ton fonctionnent

Les moins

Quelques maladresses dans le message 

En bref : Rythmé, drôle, parfois touchant, parfois dur, un blockbuster intelligent bien qu’imparfait par certains points.

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