LE FRISSON DES VAMPIRES de Jean Rollin (1971)

LE FRISSON DES VAMPIRES

Titre original : Le Frisson des Vampires
1971 – France
Genre : Fantastique
Durée : 1h35
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Acanthus
Scénario : Jean Rollin et Monique Natan

Avec Sandra Julien, Jean-Marie Durand, Jacques Robiolles, Michel Delahaye, Marie-Pierre Castel, Kuela Herce, Nicole Nancel et Dominique

Synopsis : Ise et Antoine sont un jeune couple dont le mariage n’a pas encore été consommé. Juste après la célébration de leurs noces, ils partent en Normandie pour rendre visite aux cousins d’Ise, Hermann et William, deux châtelains qui habitent une ancienne forteresse non loin de la mer. Arrivés sur les lieux, ils apprennent d’une certaine Isabelle, ancienne maîtresse des deux hommes, que ces derniers viennent de mourir. Malgré leur étonnement, Ise et Antoine se rendent quand même au château où ils sont accueillis par un duo d’étranges jeunes femmes, servantes des cousins, lesquelles leur affirment que leurs maîtres sont au contraire encore vivants. En fait, derrière leur identité de grands propriétaires ruraux, Hermann et William étaient des chasseurs de vampires, ce qu’ignorait Ise. Peu avant la venue des deux tourtereaux, ils ont été tués par une puissante vampiresse du nom d’Isolde, laquelle les a transformés en créatures de la nuit. Quant à leurs deux servantes, elles ont décidé, pour ne pas se faire mordre à leur tour, de devenir des rabatteurs chargés de leur ramener de nouvelles proies.

Après avoir réalisé en 1968 Le Viol du Vampire puis en 1970 La Vampire Nue, Jean Rollin continue d’explorer le thème des vampires et livre dés 1971 Le Frisson des Vampires, film étrange où il continue d’explorer ses thèmes tout en faisant baigner son métrage dans une ambiance plus psychédélique que jamais. Il faut dire que Rollin est aidé cette fois-ci par une coproduction (et donc, un budget un poil plus élevé) et une liberté totale dans le ton et son propos. Le Frisson des Vampires est clairement un film psychédélique, baignant dans des éclairages colorés le rapprochant du futur cinéma de Dario Argento, et agrémenté par une bande son rock du groupe Acanthus. Mais Le Frisson des Vampires, de par sa liberté de ton, devient réellement un film à part. On navigue continuellement dans un univers différent, autre, anti commercial au possible. Le film nous présente en premier lieu les deux servantes, jouées par Marie-Pierre Castel (habituée du cinéaste, déjà vue dans La Vampire Nue aux côtés de sa sœur jumelle, puis dans Lèvres de Sang) et Kuela Herce, qui après la mort de leurs maîtres, continuent de rester leurs servantes dans l’autre monde. Michel Delahaye et Jacques Robiolles (vus déjà dans La Vampire Nue) sont à présent des vampires, obéissant eux-mêmes à leur maître, Isolde (jouée par Dominique).

Si dans les grandes lignes, on a souvent l’impression que Rollin respecte toutes les conventions du genre, avec les servantes, les vampires dormant dans des cercueils et fuyant la lumière du soleil, et pouvant mourir avec un pieu dans le cœur, et bien entendu se nourrissant de sang humain, le reste du métrage s’en éloigne fortement. Commençant dans un très beau noir et blanc, le film bascule en couleur pour que l’on retrouve ce qui fait la base du cinéma de Jean Rollin : un éclairage travaillé, des châteaux gothiques imposants, des cimetières, sa fameuse plage, des filles nues ou recouvertes de voiles colorés mais semi-transparents. Mais comme dit plus haut, si l’on retrouve ce qui fait le cœur du cinéma de Jean Rollin, celui-ci expérimente beaucoup plus que dans son film précédent, et semble pousser dans leurs derniers retranchements certains des aspects de son œuvre. Son film baigne dans une imagerie surréaliste constante, aussi bien avec les nombreux éclairages colorés parsemant aussi bien les scènes intérieures qu’extérieures (le rouge domine souvent), que dans les scènes nocturnes au noir profond, que dans les images même qu’il propose au détour de quelques séquences. Lorsque Isolde, la vampire, apparaît subitement en sortant d’une horloge, l’effet surprend et marque. Pareil lorsqu’elle apparaît par la cheminée.

Cette liberté de ton, aidé par la musique du groupe Acanthus, permet à Rollin de livrer des images fortes que le spectateur qui y sera réceptif n’oubliera pas. Surtout qu’il parsème son film d’idées originales et parfois bien trouvées, comme lorsque le personnage principal dépose un pigeon mort sur un cercueil en plein jour, réveillant son occupante avant l’heure. Cette liberté de ton se retrouve bien évidemment dans le jeu des acteurs et certaines de leurs réactions. Michel Delahaye et Jacques Robiolles nous gratifient d’un jeu très théâtral qui pourra faire rire, surtout qu’ils en rajoutent des tonnes, comme déjà dans La Vampire Nue, créant ainsi un grand décalage entre le propos et sa mise en image. La rationalité du film n’a alors plus de raisons d’être, et il faut vraiment se laisser guider par cette ballade totalement psychédélique et autre. Bien entendu, pour le spectateur non averti ou non habitué au cinéma de Rollin, la vision du Frisson des Vampires pourra s’avérer fatale : rythme lent, jeu théâtral, situations étranges, avec bien entendu quelques moments ratés faisant typiquement parti du cinéma de son auteur, quelque peu naïf.

Les plus

Un film psychédélique

Des scènes marquantes et étranges

La bande son

Les moins

Le jeu bien théâtral des acteurs

Quelques moments ratés

 

En bref : Bénéficiant d’une liberté visuelle et dans le ton employé, Jean Rollin continue d’étendre son univers fait de vampires souvent dénudées, de plans surréalistes et de scènes étranges.

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