13 ASSASSINS (十三人の刺客) de Miike Takashi (2010)

13 ASSASSINS

Titre original : Jûsannin no Shikaku – 十三人の刺客
2010 – Japon
Genre : Chanbara
Durée : 2h21 / 2h01
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endo Kôji
Scénario : Tengan Daisuke d’après Ikegami Kaneo

Avec Yakusho Kôji, Yamada Takayuki, Iseya Yûsuke, Inagaki Gorô, Ichimura Masachika et Hira Mikijiiro

 

Synopsis : Le fils du Shogun menace la stabilité du régime féodal. En secret, le conseiller du Shogun, Doi, fait appel à au samouraï Shinzaemon pour organiser son assassinat. 11 Samouraïs se portent volontaires pour l’accompagner dans cette tache. En chemin, un rônin se joint à eux. Les 13 assassins vont alors devoir préparer un plan et se battre contre une armée entière pour accomplir leur mission.

Après un Yatterman qui cartonna au box office Japonais, mais qui était surtout un film insupportable, après un Crows Zéro 2 copié collé du premier opus et un Zebraman 2 descendu par les critiques mais franchement pas si mauvais que ça, Miike Takashi revenait en 2010 avec 13 Assassins, remake du film de Kudo Eiichi de 1963, mettant critique et public d’accord. Son film est un GRAND film. Si l’original est à présent un film culte, aucun doute que le remake de Miike le deviendra lui aussi à l’avenir. Aidé par un budget plutôt confortable de 20 millions de dollars, Miike dirige son film avec assurance, sérieux, en prenant le temps de bien poser ses 13 personnages principaux, et bien entendu, le grand méchant de l’histoire. L’histoire n’aura bien évidemment rien de vraiment original, reprenant l’histoire de l’original. 13 Assassins, pour la plupart des samouraïs, se portent volontaires pour exécuter une mission impossible : tuer le fils du Shogun actuel, un véritable tyran, en faisant face à une armée entière. Pour ceux n’ayant pas vu le film original, cette histoire pourra aussi leur faire penser au film Azumi de Kitamura Ryuhei, les longueurs en moins et les plans poseurs également. Miike lui prend son temps pour nous présenter pendant une heure ses 13 personnages principaux. Une heure qui aurait pu paraître longue mais qui finalement aide grandement à s’intéresser à la mission de ces personnages, ne faisant pas du film un bête film d’action décérébré. Les personnages sont bien détaillés, certains plus que d’autres, et on y gagne un peu en substance comparé au film original. Cette première longue partie n’ennuie donc jamais, grâce à une véritable mise en scène travaillée. Les plans sont beaux et esthétiques, la photographie du film sublime, et les personnages les plus détaillés attachants. Shinzaemon nous est présenté dès les premiers instants du film et on ne peut que comprendre rapidement ses motivations pour cette mission suicide, tandis que le fils du Shogun, Naritsuru, nous est aussi présenté dés les premiers instants et nous apparaîtra comme un monstre inhumain. Rapidement, Shinzaemon recrutera 11 autres assassins, des samouraïs, et ils s’entraîneront tout en mettant au point un plan qui pourrait leur permettre de gagner.

Toute cette première partie nous permet de nous attacher à ces personnages, à les détester pour certains, et Miike, outre le fait de soigner sa mise en scène, réussi à poser son ambiance et à rendre son film attachant, et encore mieux, prenant et réellement sombre, là où Zebraman 2 était parfois trop délirant pour que son côté sombre et sérieux soit vraiment une réussite. Ici, aucun doute, il y parvient, en mettant son talent au service de l’histoire et de ses personnages, et non l’inverse. Outre ses personnages attachants, l’histoire pose également quelques questions intéressantes sur les valeurs d’un samouraï. Qu’est ce qui est le mieux, servir son maître peu importe la mission que l’on nous confie, ou aller à l’encontre de ce qui devrait être fait pour se battre pour la bonne cause ? Ce sous texte était bien entendu déjà dans le film original, mais Miike y accorde une grande importance, d’où son développement plus long de la première partie. Finalement, c’est en partant vers le lieu prévu de l’attaque que les samouraïs tomberont par hasard dans la forêt sur un rônin qui va les aider, et finalement devenir le 13ème assassin. Personnage qui aurait pu rapidement devenir ridicule, de par sa morale et ses mouvements, mais que la caméra de Miike rend crédible et attachant. Et passé cette nouvelle présentation rapide et la préparation du plan, et donc de la fameuse bataille finale, nous en sommes à 1h30 de film (moins pour la version internationale sans doute, écourtée de 20 minutes de film, comme ce fut déjà le cas avant pour Sukiyaki Western Django, qui passait carrément de 2h05 à 1h30…). Et c’est à partir de là que commence le morceau de bravoure du métrage. Pas loin de 50 minutes de bataille. Une durée conséquente qui pouvait bien faire peur, car même si Miike avait déjà réalisé de grandes séquences d’action, notamment avec les deux Crows Zero qui se terminaient par une demi heure de baston (l’on retrouvera d’ailleurs un acteur en commun entre ses métrages), ici, outre la durée plus longue, il ne s’agît pas du même style, et livrer un combat au sabre chorégraphié de plus d’une demi-heure, il fallait le faire.

Et là, Miike réussit à cette tâche, grâce à plusieurs éléments. Déjà, le bon développement des personnages en première partie nous implique directement dans le combat. On souhaite les voir réussir cette mission pourtant perdue d’avance. Chaque perte parmi les 13 assassins diminuera leurs chances de réussite, et donc nous scotchera encore un peu plus devant notre écran. Miike livre un travail de maître, et sa bataille, aussi longue soit-elle, passionne sur toute la durée, grâce à la variété des décors, l’ingéniosité des différents angles de caméras, et notre implication. Miike ne stylise pas sa mise en scène avec des effets inutiles, non, il ne fait que le nécessaire pour rendre son film lisible, intéressant et divertissant. Un style donc beaucoup plus calme que d’accoutumé, mais tout aussi dynamique et intéressant. Mais pour rassurer le fan de la première heure de Miike Takashi, il reste néanmoins lui-même, en nous gratifiant de quelques scènes qui peuvent parfois sembler sortir d’ailleurs, ou être déplacées pour un film d’action aussi sérieux. Que ce soit avec cette femme tronc pouvant rappeler l’homme enfermé dans le sac dans Audition où l’aveu d’un samouraï disant qu’il souhaite partir en Amérique pour rencontrer des femmes, quelques passages surprennent, horrifient, font rire aussi, sans qu’un élément ne fasse tâche dans l’ensemble de l’œuvre ou ne décrédibilise le reste. Miike signe donc son meilleur film depuis bien longtemps, aidé par un bon budget et un bon scénario.

Les plus

Une première partie intéressante

Des personnages attachants

Une bataille finale grandiose

Un peu d’humour

Les moins

Une version internationale plus courte de 20 minutes…

 

En bref : Miike revient enfin avec un grand film. Les personnages sont bien détaillés et la longue bataille phénoménale.

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