Titre original : Raw Meat / Death Line
1972 – Angleterre
Genre : Horreur
Durée : 1h27
Réalisation : Gary Sherman
Musique : Wil Malone et Jeremy Rose
Scénario : Ceri Jones
Avec Donald Pleasence, Norman Rossington, David Ladd, Sharon Gurney, Hugh Armstrong, June Turner et Christopher Lee
Synopsis : Alors qu’ils prennent le métro de Londres pour rentrer chez eux, Patricia et Alex découvrent un homme inanimé dans un escalier d’une station. Ils partent chercher des secours, mais à leur retour, l’homme a disparu. L’inspecteur Calhoun s’occupe de l’enquête, persuadé qu’il s’agît là d’une personnalité politique disparue. Mais le métro de Londres cache un secret morbide…
Aujourd’hui oublié et inconnu, du moins en France, puisque le métrage a eu droit à sa sortie dvd en Amérique (et avec sous titres français chez MGM), Le Métro de la Mort, ou Raw Meat en Amérique, ou encore Death Line de son titre original anglais, est le premier film de l’oublié Gary Sherman. Oublié puisque sa carrière prit quasiment fin lorsqu’il livra le mauvais Poltergeist 3 en 1988. Mais au début des années 70, c’est une autre histoire. En Angleterre, le cinéma de genre commençait à aller mal. La vision de l’horreur en Angleterre durant les années 60 n’avait qu’un seul visage : celui de la Hammer. Horreur gothique donc. Mais au début des années 70, la compagnie va mal, mais essaye de continuer à capitaliser sur le succès de ses sagas phares, notamment Dracula. Gary Sherman débarque en 1972 pour livrer son premier film, prenant à contre-pied la vision gothique et fantastique de l’horreur à l’anglaise. Pour cause, son film se fait réaliste, sera tourné en décors naturels et non pas en studios, et ne traite pas de vampires ou autres loups-garous et momies, mais d’un simple tueur, cannibale certes. On pourra même dire que pour le coup, Gary Sherman est en avance sur son temps. Il ne se limite pas à une simple histoire de tueur cannibale errant dans le métro, mais nous livre un film social.
Oui, Raw Meat dépeint avant tout un Londres sombre, glauque, sordide, où les hommes riches ne vont dans les quartiers pauvres que pour une raison. Londres est filmé comme une ville froide, où ses habitants sans comme sans vie, ne se souciant que d’eux-mêmes. Les personnages principaux le démontrent bien, entre un jeune couple qui va rapidement connaître des tensions, la jeune femme s’inquiétant pour un homme dans le métro alors que son copain ne se préoccupant que de lui. Du côté de la police c’est la même chose, et on découvre un Donald Pleasence qui se fait plaisir en inspecteur vieux jeu, cynique, sarcastique et autoritaire. Pour qu’il se bouge, il attendra qu’un homme politique soit parmi les disparus. Il ira même rendre visite à un agent du MI5, joué par Christopher Lee, pour une scène où les répliques sont drôles et affutées. Sherman nous montre que finalement l’horreur, ce sont ces gens froids et sans vie peuplant la capitale. Donald Pleasence est clairement odieux, préférant boire un verre avec ses collègues que d’enquêter, ne voyant en cette enquête que sa chance de promotion. Malheureusement, Sherman ne gère pas toujours bien cet aspect, car si dans le fond, c’est une vision sombre et intéressante, à l’écran, des longueurs s’invitent.
Heureusement, Sherman se lâche également pour le reste. Si sa vision des rues de Londres n’est pas sans rappeler le travail d’autres metteurs en scène par la suite (Abel Ferrara, Frank Hennenlotter et William Lusting pour New York), le réalisateur se lâche également dés qu’il lâche sa caméra dans l’antre du tueur cannibale, qu’il dépeint finalement comme un animal malade, un personnage plus humain que les humains, le dernier survivant d’un groupe d’ouvriers prisonniers des années plus tôt suite à un éboulement. Juste un homme essayant de survivre au final dans un monde dans lequel il n’est pas (plus) adapté. Quand Sherman filme l’antre du monstre, il nous offre des mouvements de caméras classe, qui s’attardent sur l’antre, les corps pourrissant, les squelettes, les rats. On se croirait dans Massacre à la Tronçonneuse, deux ans avant sa sortie. Avec le lieu de son action, on pense également à C.H.U.D qui sortira 12 ans plus tard, ou Anthropophagous 8 ans plus tard pour le look de son tueur cannibale. Dans tous les cas, peu importe le lieu, l’ambiance est glauque, pesante, mais parsemée d’humour par ses personnages. Avec un petit budget, Gary Sherman parvient à gérer son film, bien que faisant preuve de maladresse (l’enquête elle en met du temps à décoller hein).
Les plus
Une description glauque de Londres
Du gore
Un film intéressant
Les moins
Des longueurs
En bref : Gary Sherman signe un premier film intéressant et à l’opposé de la production anglaise horrifique de l’époque. Pas parfait, un peu longuet, mais divertissant.