Titre original : Eiga Minna! Esupa Dayo! – 映画 みんな!エスパーだよ
2015 – Japon
Genre : Comédie
Durée : 1h55
Réalisation : Sono Sion
Musique : –
Scénario : Sono Sion et Tanaka Shinichi
Avec Sometani Shota, Ikeda Elaiza, Mano Erina, Sports Makita, Fukami Motoki, Masaki Reiya, Kagurazaka Megumi, Yasuda Ken et Takahashi Maryjun
Synopsis : À Notsu, préfecture de Oita, un étudiant normal, Kamogawa Yoshio, se retrouve du jour au lendemain avec le pouvoir de lire dans les pensées. Rapidement, il s’aperçoit qu’il n’est pas le seul à avoir eu des pouvoirs cette nuit-là.
Sono Sion et moi, c’était une grande histoire d’amour. Suicide Club, Noriko’s Dinner Table, Strange Circus, puis surtout Love Exposure, Cold Fish, Himizu. Puis il y a eu Tokyo Tribe, Love & Peace et sa série. Sa série justement, Minna Esper Dayo, j’en avais un mauvais souvenir. Sono Sion s’était déjà frotté à l’adaptation de ce manga avec une série de 12 épisodes, dont il n’avait certes écrit et réalisé que 6 épisodes, mais qui s’épuisait à un rythme fou, si bien que passé les quelques rires des deux ou trois premiers épisodes, nous étions face à un produit longuet, répétitif, et souvent lourd et inintéressant. Sauf qu’en 2015, voilà que Sono Sion se décide à livrer sa vision personnelle de l’histoire, seul à la mise en scène, en faisant ce qu’il veut, et pour le cinéma. Et comme on le sait depuis, l’année 2015 aura été grande pour le réalisateur, avec pas mal de longs métrages cinéma, et même un téléfilm. Une année du coup fortement déséquilibrée, avec des films bons (j’ai aimé Tag), des films juste sympathiques (Love & Peace), des films apparemment bien mauvais (je n’ai pas vu Shinjuku Swan, mais pas de bol, une suite débarque en 2017), et ce The Virgin Psychics. Et comme on pouvait s’en douter, le métrage ne fait pas parti des réussites de l’année. Loin de là. Pourtant on pouvait voir une petite lueur d’espoir, avec Sono Sion traitant seul son sujet, on pouvait espérer donc retrouver la patte personnelle de l’auteur, et surtout, avec juste un long métrage, on pouvait espérer un concept qui tient la route et ne s’étire pas. Que nenni. Reprenant donc l’histoire depuis le début, le long métrage reprend la quasi intégralité du casting de la série, à l’exception d’un personnage qui sera ici joué par Ikeda Elaiza. Dommage car il s’agît tout de même d’un des personnages les plus importants de l’intrigue, mais qu’importe. En une demi-heure, le réalisateur nous raconte quasiment toute la série pour pouvoir partir ensuite dans une nouvelle intrigue.
Le début fait d’abord illusion d’ailleurs, puisqu’en quelques minutes, Sono Sion nous explique tout, nous présente tous ces personnages, certains gags font sourire. On retrouve donc Sometani Shota qui entend les pensées des gens et en pince pour Mano Erina, Sports Makita qui peut déplacer des objets, Fukami Motoki qui se téléporte, Masaki Reiya qui voit à travers les vêtements, Kagurazaka Megumi qui voit l’avenir. Ikeda Elaiza remplace donc Kaho et partage le même pouvoir que notre héros. Tous ces personnages sont introduits rapidement, et après un passage musical (reprenant le thème de la série), l’intrigue prend place. On se dit pourquoi pas, sauf que le film ne va jamais dépasser son postulat et s’étirer sur deux longues heures sans jamais chercher à renouveler ses personnages, ses enjeux ni même ses gags. Et pour une comédie, c’est un peu dommage. Du coup, on nous promet des jeunes puceaux pervers qui se retrouvent avec des pouvoirs, et le film ne nous ment pas, c’est ce qu’il nous offre. Mais il ne nous offre que ça, et rien de plus. Pour le reste, le réalisateur continue sur la lancée de sa carrière, avec un montage très cut et une hystérie collective qui jamais ne s’arrête. Un style qui trouve très rapidement ces limites au fur et à mesure des films de son auteur. Car si la folie ambiante et permanente fonctionne parfois (Why Don’t You Play in Hell ?, qui sans être le chef d’œuvre que beaucoup y voit, reste fort sympathique), d’autres fois, elle tombe à plat, et fatigue. Tokyo Tribe en est le parfait exemple, à force de vouloir en faire trop.
The Virgin Psychics est de cette veine là, mais en pire, puisqu’en plus de ne jamais vouloir s’arrêter, il ne se renouvelle jamais. On enchaîne donc les séquences gentiment érotiques, l’humour gras et j’en passe. L’ensemble n’est qu’un vulgaire prétexte pour accumuler les plans culottes, les plans sur les soutien-gorge, et les effets humoristiques sur l’érection de notre héros qui recherche son âme sœur. Oui, un peu le même concept que Love Exposure, sauf que l’un est un chef d’œuvre, tandis que l’autre est aisément le pire film de son auteur. Sono Sion semble pourtant assumer son œuvre, que ce soit dans son côté parodique et décalé, dans son visuel qui fait très film tourné en vidéo à certains moments, tout comme dans ses effets spéciaux kitchs et risibles. Les acteurs semblent s’amuser dans leurs rôles qu’ils reprennent avec plaisir également. Mais ce plaisir, le spectateur ne l’éprouve pas. The Virgin Psychics prend plus la forme d’une vaste blague (fumisterie ?) qui passé ses premiers gags amusants, ne semble n’avoir aucun but réel, aucun fond. Juste l’envie de tenir sur quasi 2h sans rien avoir à présenter aux spectateurs. Que reste-il donc passé les premiers rires ? Pas grand-chose. Même la mise en scène de Sono Sion, qui reprend pourtant certains de ces tics actuels, et même l’utilisation de drones comme dans Tag, reste plutôt plate, et même laide par moment. Un comble donc. Il reste donc pour les spectateurs les moins regardant sur la qualité une accumulation de plans culottes/soutien gorge/seins/décolletés, au choix, voir tous à la fois, et des gags qui reviennent tous 5 ou 6 fois.
Et dès l’apparition des méchants du film, aux alentours de 45 minutes, voilà que le métrage perd absolument tout intérêt. Les personnages deviennent vides et ne servent plus à rien, l’intrigue n’amène rien, et on se retrouve même parfois de longs moments sans aucun gag, si ce n’est voir des filles en bikini se balader dans la rue ou une prof demandant à ses élèves d’avoir une érection… Ça ne vole pas haut. Si encore le film avait une âme ou un quelconque fond, cela pourrait sans doute rendre certains de ces choix intéressants, et ne pas nous laisser sur cette impression de « toujours plus » juste pour le fun, quitte à ce que ce toujours plus ne soit en réalité que les mêmes événements à répétition. Même le casting, qui semble s’amuser, et s’il reste globalement bon, déçoit au final face à l’inutilité de quasiment tous les personnages. Passé Sometani Shota (qui crie, comme souvent), le reste du casting traverse le film sans avoir, pour la plupart, de réel impact sur les événements. Dommage, car il y a de bons acteurs dans le lot, et Mano Erina reste charmante comme tout. Mais comme beaucoup de personnages, totalement inutile et sous exploitée. Bref, du bon gros gâchis, et un film qui parvient même à être pire que la série (pas fameuse) qu’il adapte. Car là, nous avons bien un épisode de 25 minutes étiré sur 2h, au lieu de plusieurs épisodes courts où l’on peut décider de faire une pause entre deux épisodes.
Les plus
Le casting, relativement bon
Le début amuse
Les moins
Ultra répétitif
Pas très drôle et lourd
La plupart des personnages, inutiles
2h quasi pour ça…
En bref : The Virgin Psychics fait fort, puisqu’il parvient à être encore plus mauvais que la série qu’il adapte, déjà pas excellente. C’est longuet, vide, gras, pas très drôle…