LE RITUEL (The Ritual) de David Bruckner (2017)

LE RITUEL

Titre original : The Ritual
2017 – Angleterre
Genre : Fantastique
Durée : 1h34
Réalisation : David Bruckner
Musique : Ben Lovett
Scénario : Joe Barton d’après le livre de Adam Nevill
Avec Rafe Spall, Arsher Ali, Robert James-Collier, Sam Troughton, Paul Reid, Matthew Needham, Jacob James Beswick et Maria Erwolter

Synopsis : Un groupe d’amis se réunit pour une randonnée en forêt, mais une présence menaçante s’y cache et les suis…

David Bruckner aime le genre et s’y connait. Pourtant, jusque là, le monsieur n’avait jamais réalisé de longs métrages, du moins tout seul. Il est plutôt familier avec le format court métrage et les films à sketchs. En 2007, on lui devait le film en trois parties The Signal, puis le segment Amateur Night du premier V/H/S (qui fut adapté en long par la suite avec Siren), puis un sketch pour le très sympathique Southbound. Le Rituel, dont les droits furent rapidement acquis par Netflix, est son premier long métrage, seul, sans sketchs, juste une histoire avec un début, un milieu et une fin. Et pour son premier essai sur le format long, on peut dire qu’il ne s’en sort pas si mal. Il s’en sort même extrêmement bien durant la première heure, en livrant une variation féminine de The Descent. Après la mort d’un des leurs, un groupe de quatre amis part en randonnée dans les forêts suédoise, en mémoire de leur ami. Mais alors que l’un d’eux se blesse à la cheville, le groupe décide d’emprunter un raccourci à travers une forêt étrangement silencieuse pour gagner plus rapidement le prochain abri. Mais surpris par la pluie, ils finissent par s’abriter dans une cabane abandonnée. La nuit devient alors menaçante, le silence étouffant, les arbres les retiennent prisonnier, et des cauchemars viennent les désorienter un peu plus. David Bruckner reste clairement dans un genre qu’il maîtrise, à savoir le fantastique, et nous plonge dans une ambiance oh combien maîtrisée durant toute la première heure. L’utilisation de la caméra, la photographie, la forêt qui semble épaisse, menaçante et sans fin, il plante cash le décor.

Mais il sait surtout prendre son temps pour installer une menace, pour nous faire douter, et mettre nos sens en éveil. C’est en ce sens que Le Rituel est une réussite dans un premier temps. En parti, car finalement, la destruction de ce groupe d’amis qui n’en est pas vraiment un, calcage masculin de The Descent, fonctionne plutôt bien également, même s’il manque clairement de surprises. Mais c’est dans la gestion de son environnement donc que le réalisateur gagne des points. Il suffit de nous placer un cadavre animal dans la forêt et deux trois sons étranges et menaçants pour que l’on sache que quelque chose se cache là. Et à partir de là, la mise en scène fait le reste du travail. Les plans lents et atmosphérique sur la forêt, les zooms extrêmement lents, forçant notre œil à chercher où pourrait être la menace, en vain puisque l’on ne sait même pas quoi chercher réellement. C’est là la grande force de Le Rituel, et ce qui m’aura fait accrocher. On en prend plein les yeux, et les scènes de tension fonctionnent. À plusieurs reprises, je me serais surpris à plisser les yeux pour essayer de trouver l’élément perturbateur dans cette forêt silencieuse et immobile, cherchant les zones d’ombres, essayant de me focaliser à côté de l’endroit où l’angle de caméra me suggérait de regarder. Et pourtant, je me suis fait avoir durant la première heure.

Le Rituel, dans ces moments là, est une réussite. MAIS, car il y a un gros mais, comme tout film de genre, il se doit bien de révéler son mystère, et d’être donc plus frontal durant sa dernière partie, et donc plus visuel. Et c’est là que le film déçoit, sans être déshonorant bien entendu, mais sans jamais arriver à tenir tête à cette longue première partie. Plus visuel, plus sanglant, révélant tout (mais plus ou moins habilement quand même), la dernière partie du métrage, en voulant expliquer et montrer, se montre bien plus classique, moins surprenante, et moins prenante surtout. Pas honteuse, le film était toujours très soigné visuellement et surtout ses effets spéciaux étant plus que corrects, le tout est rythmé et sur le papier est même logique et plutôt bienvenu (on évite le coup de l’éternel monstre qui erre là, du groupe de bouseux tueurs), mais il manque malgré tout un petit quelque chose, sur lequel je n’arrive même pas à mettre le doigt. Peut-être que cette dernière demi-heure est un peu trop frontale, ou au contraire, ne va pas assez loin dans son délire pour faire passer la pilule totalement. Ou peut-être que le film aurait du continuer à jouer sur le doute et l’ambiance sur toute sa durée, quitte à se mettre certains fans du genre à dos. Néanmoins, l’effort est louable, le film prenant et maîtrisé dans sa mise en scène, et durant sa première heure, rejoint les excellentes surprises qu’étaient The Witch et The Monster récemment.

Les plus

Une mise en scène très appliquée
Magnifique décor et photographie
La première heure, excellente ambiance

Les moins

Une dernière partie moins convaincante

En bref : Sous ces airs de The Descent au masculin, Le Rituel contient d’excellents moments d’ambiance pure dans sa première heure, mais fonctionne moins sur la fin lorsqu’il se veut plus démonstratif. Reste que l’effort est appréciable et le film divertissant.

2 réflexions sur « LE RITUEL (The Ritual) de David Bruckner (2017) »

  1. Vu ce soir. C’était vraiment sympa oui. Contrairement à toi, j’ai même apprécié le dernier tiers, plus frontal. Il y avait deux écoles pour conclure le film, et ici le réalisateur choisit de tout dévoiler (ou presque, car en fait on n’est pas sûr de ce qu’on a en face de nous…), et moi j’ai aimé.

    En plus :

    SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER
    le design de la bête est superbe je trouve.

    1. C’est sûr que pour conclure, il était obligé de faire un choix. En fait je peste souvent sur ces décisions, quand je trouve que la première partie, misant sur le doute et l’ambiance, fonctionne bien. Et quand je l’ai découvert ce film, je ne savais absolument rien, du coup j’étais vraiment dedans (lancé au milieu de la nuit, dans le noir complet, son à fond).

      Et pour ton SPOIL, tu as cependant raison, en soit c’est réussi ^^

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