L’AU-DELÀ (…E Tu Vivrai Nel Terrore ! L’Aldilà) de Lucio Fulci (1981)

L’AU-DELÀ

Titre original : …E Tu Vivrai Nel Terrore ! L’Aldilà – The Beyond
1981 – Italie
Genre : Horreur
Durée : 1h27
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Fabio Frizzi
Scénario : Dardano Sacchetti, Giorgio Mariuzzo et Lucio Fulci
Avec Catriona MacColl, David Warbeck, Sarah Keller, Antoine Saint-John, Veronica Lazar, Larry Ray et Al Cliver

Synopsis : Une jeune femme hérite d’un hôtel à La Nouvelle-Orléans. Ce dernier fut jadis construit sur l’une des sept portes de l’enfer…

De tous les films de Lucio Fulci, L’Au-Delà est sans doute considéré par beaucoup comme son plus culte, parfois son meilleur également. Pour ma part, Frayeurs aura toujours une place plus importante, puisque je l’aurais découvert avant L’Au-Delà, et que les deux partagent des points communs. Outre la présence de Catriona MacColl dans le rôle principal, on pourra dire que les deux films partagent un point de départ similaire, à savoir l’ouverture d’une des sept portes de l’enfer. Ils partagent également quelque chose de bien plus important au final, qui se retrouvent dans l’ADN même des films, à savoir leur narration décousue, avec cette impression souvent de voir des scénettes gores reliées entre elles par un semblant d’histoire et des personnages mais dont la logique est parfois étrange, voir inexistante. Nous sommes en tout cas en 1981, et les deux précédents métrages gores de Fulci, à savoir L’Enfer des Zombies en 1979 et Frayeurs en 1980 font sensation. Le producteur ne tarde pas à vouloir livrer un autre métrage du genre, et grâce à un habille tour de passe passe, il parvient à trouver acheteur pour le projet lors d’un marché du film. Du coup, Fulci et son équipe n’ont que trois mois pour livrer un métrage. À peine une semaine pour écrire un scénario, et c’est parti pour 25 jours de tournage entre l’Italie pour les intérieurs et la Nouvelle Orléans pour les extérieurs. En plus d’être tourné dans l’urgence la plus totale, Lucio Fulci ajoute énormément d’idées au métrage durant le tournage, des scènes entières non prévues, ce qui continue de donner cet aspect totalement décousu au métrage, surtout que le scénariste de l’histoire originale, Dardano Sacchetti, n’est pas présent sur le tournage, ou si peu. Et au final, un peu comme pour Frayeurs, ce sont ses incohérences, ces moments manquants de logiques et ce sentiment d’être devant une œuvre imprévisible qui ne réponds pas aux logiques habituelles qui donnent un l’Au-Delà un cachet si spécial, et si apprécié.

En plus bien entendu de son ambiance glauque et de ses nombreuses scènes gores qui font mal. Ici donc, après l’ouverture d’une porte de l’enfer par la pendaison d’un prêtre dans Frayeurs, c’est tout simplement Liza, encore jouée par Catriona MacColl, qui hérite d’un hôtel à la Nouvelle Orléans, hôtel qui fut construis sur l’une des portes de l’enfer, et où des années plus tôt, un peintre fut sauvagement assassiné, voir plutôt sacrifié. Scène que l’on voit bien évidemment en guise de scène d’ouverture, pour nous mettre dans le bain, et qui suivant les copies du métrage, sera présente avec couleurs sépia, ou non. Puis le film reprend de nos jours, et va enchaîner les scènes gore la plupart du temps, tout en introduisant petit à petit les personnages de l’aventure, certains énigmatiques, comme Sarah l’aveugle que l’on rencontre en plein milieu d’un pont, à pieds, avec son chien, ou encore la jeune fille qui sera témoin de la mort de sa mère. Mais comme toujours, deux personnages sortent du lot. Liza d’un côté donc, héritière de l’hôtel, jouée par Catriona MacColl, et John, docteur, joué par David Warbeck. Deux acteurs habitués de Fulci, la première ayant jouée dans Frayeurs et le retrouvant dés l’année suivante pour La Maison Près du Cimetière tandis que le second venait de boucler The Black Cat la même année pour Fulci. Et si Frayeurs et L’Au-Delà ont la même saveur, c’est normal. Des acteurs en commun, même réalisateur, même compositeur (Fabio Frizzi livrant un de ses meilleurs travaux ici), même scénariste de base, mêmes personnes à la production. Et comme pour Frayeurs, le film affiche une ambiance étrange, glauque souvent, mais également souvent onirique. Les scènes s’enchaînent, la logique n’est pas toujours présente, des événements arrivent et le spectateur se devra de trouver lui-même une explication à tout ce bordel.

Et ce qui aurait été un défaut ailleurs devient une qualité ici, comme pour Frayeurs. On navigue dans un univers qui n’est pas le nôtre mais qui a ce petit quelque chose d’hypnotisant, d’un bout à l’autre. Ou presque, puisque contrairement à Frayeurs, L’Au-Delà à ce petit moment qui vient m’énerver à chaque vision, bien qu’il soit court. Pourquoi donc, après avoir éliminé plusieurs zombies, David Warbeck est censé avoir bien compris qu’il faut viser la tête, mais s’obstine à gaspiller ces balles et à viser le torse ? Oui, pourquoi ??? Et ça me dérange, les personnages étant eux logiques, contrairement à l’univers dans lequel ils évoluent. On me dira que je chipote, encore et toujours, et c’est vrai dans le fond, surtout que cela n’arrive que tardivement dans le métrage, et à deux reprises, donc même pas une minute à l’écran. Surtout que là où Frayeurs se terminait sur un cri d’horreur pour un moment étrange et inexpliqué, L’Au-Delà fait le choix d’une fin beaucoup plus noire et simple d’accès, mais malgré tout incroyablement poétique. Du coup, on pardonne les errances passées. Surtout que L’Au-Delà, en terme de séquences devenues cultes, en contient un bon paquet. La scènes des araignées (berk), le clou dans l’arrière de la tête, la passion de Fulci pour les yeux à de nombreuses reprises, la scène de l’acide. Même au-delà de ses scènes gores, le métrage contient un paquet de scènes marquantes, comme cette rencontre au milieu d’un pont sur ces notes de piano, inoubliables. Bref, souvent considéré comme le troisième opus des films gore à ambiance de Fulci (après l’Enfer des Zombies et Frayeurs donc, et avant La Maison Près du Cimetière), L’Au-Delà n’est pas mon préféré, mais reste une œuvre forte que les amateurs du genre se doivent d’avoir vu.

Les plus

Une ambiance noire et étrange
Les scènes gore, cultes et nombreuses
Le score musical de Fabio Frizzi
Une narration décousue qui donne une force au métrage
Le final

Les moins

David Warbeck qui ne veut pas faire de headshots

En bref : L’Au-Delà est sans conteste un grand film de Fulci. Glauque, méchamment gore, mais aussi parfois étrange et très poétique, il fait suite à Frayeurs de bien belle manière.

2 réflexions sur « L’AU-DELÀ (…E Tu Vivrai Nel Terrore ! L’Aldilà) de Lucio Fulci (1981) »

  1. Eh bien moi aussi je préfère Frayeurs, sans doute plus mesuré dans le spectacle de l’horreur, plus structuré aussi. Mais tu as raison, l’Au-delà est un poème gore et macabre qui ne répond d’aucune véritable logique rationnelle, comment un tel spectacle dantesque pourrait il en avoir d’ailleurs. Tu notes comme moi la perpétuelle obsession oculaire de Fulci, son goût également prononcé pour pour les mélanges de couleurs qui rappellent maître Bava.
    Bien chouette critique qui, comme les autres, me font monter une furieuse envie de me remettre à la filmo de Lucio!

    1. Frayeurs est plus structuré dans ses grandes lignes, mais montre déjà quelque peu le chaos irrationnel de l’Au-Delà je trouve.
      C’est vrai que Fulci adore les yeux. Pas que pour leur faire du mal, ou mettre de la tension dans les regards comme dans un bon vieux western, mais parfois même pendant de simples dialogues, et ça peut perturber quelqu’un de peu habitué.
      Attention, je crois que j’ai encore un ou deux Fulci sous la main (dont apparemment un bien mauvais, ça va calmer dans l’élan)

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