THE DARK de Justin P. Lange (2018)

THE DARK

Titre original : The Dark
2018 – Autriche
Genre : Fantastique
Durée : 1h35
Réalisation : Justin P. Lange
Musique : –
Scénario : Justin P. Lange
Avec Nadia Alexander, Toby Nichols, Karl Markovics, Sarah Murphy-Dyson, Dan Beirne et Margarete Tiesel

Synopsis : Mina, une fillette zombie et Alex, un garçon aveugle ayant subi les pires outrages s’unissent dans la lutte pour leur espace vital.

Les enfants au cinéma, ce n’est pas quelque chose de simple. Surtout dans le cinéma de genre, où le plus souvent, on a envie de les baffer. Alors quand un film décide de faire de ses enfants les personnages principaux, il a intérêt à mettre les bouchées doubles pour nous tenir en haleine. Mais parfois, des films viennent nous montrer que c’est tout à fait possible, comme le film Suèdois Morse, qui reste encore aujourd’hui pour moi la plus grande réussite dans le genre, et un film magnifique. The Dark, film Autrichien de 2018, tente de jouer dans la même cour, avec l’amitié entre deux enfants dans un milieu horrifique. Mais pas de fillette vampire ce coup-ci face à un jeune homme martyrisé par ses camarades de classe. The Dark met en vedette une fillette zombifiée, Mina, qui vit recluse dans la maison de ses parents décédés perdue au milieu de nulle part, et Alex, un garçon aveugle qui a subit les pires sévices possibles de la part de son kidnappeur recherché par la police, Josef. Le métrage fait très rapidement se rencontrer ses deux personnages, après que Mina ne s’occupe comme il se doit de Josef, et prends alors des tournures de drame plus que de film horrifique. Oui, comme Morse. Car the Dark, malgré des scènes de grande violence (après tout, Alex a ses yeux brûlés au chalumeau par son kidnappeur, il n’est pas aveugle de base), est bien plus un portrait de personnage plein de poésie. Oui messieurs dames. D’ailleurs, le métrage figurait dans mon top 10 des meilleurs métrages de 2018, bien qu’avant que le public Français ne puisse poser ses yeux sur le métrage lors de sa présentation en Janvier 2019 au festival de Gérardmer. Car si The Dark ne pourrait être qu’une simple histoire d’amitié entre deux personnages à l’écart de notre société pour des raisons monstrueuses (au sens propre comme au figuré), ou plutôt une simple fuite de nos personnages, dans les faits, c’est un peu plus complexe, et surtout beaucoup plus travaillé.

Je tiens d’ailleurs à signaler pour le coup que The Dark est l’adaptation par Justin P. Lange de son propre court métrage sur le même sujet, que je n’ai malheureusement pas vu. Et la transposition de cette histoire au format long métrage fonctionne du tonnerre, le film n’en fait jamais des tonnes et surtout ne se laisse jamais parasiter par les exigences habituelles du cinéma de genre. Pas de jumpscares, pas de moments over explicatifs inutiles. Non, ce qui compte ici, c’est ce que le réalisateur veut nous raconter, le reste n’est que superflu. Mina est devenue une zombie (mais douée d’intelligence malgré tout hein) suite aux abus qu’elle subissait dans sa famille, avec une mère alcoolique et un beau père qui abusait d’elle. Pourquoi après sa mort elle revient d’entre les morts ? On s’en fou nous dit le réalisateur. Alex a été kidnappé, ses yeux ont été brûlés, et il a une peur phobique du monde extérieur depuis, allant jusqu’à considérer son kidnappeur comme son meilleur ami, une personnage de confiance. Pourquoi ? Pourquoi lui a-t-on brulé ses yeux ? On s’en fou également. Ce qui compte dans The Dark, c’est les personnages, leur évolution, et leur amitié (ou plus ?) naissante face à un monde qu’ils ne comprennent pas, qui les effraie, et qui ne les comprend pas en retour. Deux êtres qui ne peuvent donc compter que sur eux-mêmes face à la cruauté du monde qui les entoure, et qui d’ailleurs les considèrent également comme des monstres. The Dark tient donc plus du drame dans lequel quelques éléments fantastiques viendraient se greffer. Ou plutôt l’inverse, The Dark est un film de genre pourvu d’une démarche artistique (visuellement d’ailleurs, c’est souvent sobre et épuré, magnifique, lent et posé) qui se sert de son genre pour nous raconter une histoire.

Et ça, je le salue totalement. The Dark, malgré quelques défauts (inhérents à un premier film ?) est porté par une vraie démarche, et par une envie de bien faire sans se laisser parasiter par les exigences d’un genre devenu de plus en plus morne depuis qu’il est contrôlé par de grands studios visant le large public. Le réalisateur prend le point de vue de ses monstres, et se montre tendre avec eux, étonnement, puisque le film s’avère plutôt cruel. The Dark s’avère passionnant dans son traitement, dans ses thèmes, et dans le développement de ses personnages, avec Mina devenant petit à petit plus humaine que les quelques humains peuplant le récit. The Dark m’a conquis, comme Morse m’avait conquis (sérieusement, impossible de ne pas comparer les deux métrages, de part leurs thèmes, leurs points de départ, mais également le côté contemplatif des deux films). Mais tout n’est pas parfait pour autant. À de rares occasions oui, The Dark tombe dans quelques pièges, le piège du premier film sans doute comme je le disais plus haut, notamment avec une première partie sans doute un peu trop longue et contemplative pour le coup, ou encore quelques flashbacks qui fonctionnent, mais dont le contenu était déjà soupçonné par le spectateur. Mais au final, que des petits éléments qui ne trahissent jamais les intentions du métrage.

Les plus

La relation touchante entre les personnages
Un film qui a des intentions
Mise en scène épurée et jolie
Nadia Alexander surprenante en Mina

Les moins

Quelques facilités maladroites

En bref : The Dark, c’est un peu comme Morse, mais avec une fille zombifiée et un jeune garçon aveugle. Un film touchant qui a des choses à dire.

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