Avec Clint Eastwood, Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris, Saul Rubinek, Frances Fisher et Anna Thomson
Synopsis : En 1880, à Big Whiskey, une bourgade du Wyoming. Delilah, une jeune prostituée, est défigurée au couteau par un client ivre. Les filles de la maison close, révoltées par cet incident, réunissent mille dollars et les promettent à qui abattra le responsable. Veuf et père de deux enfants, Bill Munny accepte de remonter en selle pour ce contrat.
En 1992, l’âge d’or du western est définitivement derrière lui. Très loin même derrière lui. Alors on aura bien dans les années 80 quelques titres, comme Pale Rider, de Clint Eastwood justement, ou Silverado. Et un renouveau très rapide au début des années 90, avec les Young Guns, et surtout Tombstone et Wyatt Earp. Mais le western n’attire plus. Et pourtant, en 1992, il y a Impitoyable. Unforgiven en VO. Clint Eastwood a de la chance, puisque si l’on demande à quiconque de citer un western dans lequel il joue, on nous cite forcément Le Bon, La Brute et le Truand, mais que si l’on demande de citer un western qu’il a réalisé, voilà que c’est un autre chef d’œuvre qui est cité, Impitoyable donc. Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur second rôle, des critiques parfaites partout. Bref, un grand film. Et quasiment trente années après, toujours un grand film, voir oui, un chef d’œuvre osons le mot. Impitoyable remonte de loin d’ailleurs, puisque le projet était déjà présent dans les années 70, écrit par David Webb Peoples, un des scénaristes de Blade Runner, excusez du peu ! Le projet arrive au début des années 80 dans les mains de Clint Eastwood, qui n’achète pourtant pas le projet, prétextant qu’il veut faire d’autres films avant, et qu’il est trop jeune pour le rôle. Gene Hackman aussi d’ailleurs tombe sur le projet, qu’il refuse catégoriquement, il n’aime pas le scénario. Et pourtant en 1992, Impitoyable est là, réalisé et produit par Clint Eastwood, qui tient également le premier rôle, et qui a réussi à convaincre Gene Hackman de jouer le rôle du shérif. À leurs côtés, un autre grand acteur rejoint l’aventure, avec Morgan Freeman, qui jouera Logan, ami de Munny (Clint donc). Munny et Logan, motivés par un jeune homme qui leur parle d’un contrat facile dans la petite ville de Big Whiskey contre la somme de 1000 dollars, une fortune donc à l’époque. Le contrat en question ? Éliminer un homme, qui a défiguré une prostituée.
Dans le fond, on retrouve énormément d’éléments chers au cinéma de Clint Eastwood. Rien d’étonnant à ce que finalement le projet ai passionné l’acteur/réalisateur. Rien que dans la description du personnage de Munny, tout est dit. Un ancien tueur, repenti, veuf, vivant au calme comme éleveur de cochons avec ses deux enfants. Son passé est toujours présent pour le hanter, tout le monde semble connaître ses faits d’arme, ce qui en fait un personnage aucunement bon, malgré un sens moral bel et bien présent. Un personnage forcément violent de par son passé, mais également lorsque la situation l’exige, ou que son sens moral le force à l’être. À ses côtés, Logan donc, Morgan Freeman, éternel compagnon, qui semble plus calme, plus posé, plus prudent, mais également beaucoup plus rangé, et ayant totalement fait la paix avec son passé. Et face à eux, même s’il n’est aucunement la cible de ses deux anciens tueurs, Little Bill, le shérif, joué par le génial Gene Hackman qui vole limite la vedette dés qu’il est à l’écran, qui montre son autorité par ses actes, ayant souvent recours à la violence, frontale, sadique également. Via ses trois différents personnages, représentant chacun un aspect des mêmes thèmes, on peut tout simplement dire que Impitoyable, dans la carrière d’Eastwood, mais également au sein du genre qu’il aborde, le western donc, est une œuvre somme, qui résume parfaitement ses règles, ses tics, ses thèmes. La vengeance, le pardon, la rédemption, la justice, le rapport à la violence à une époque où la frontière entre criminels et forces de l’ordre sont minces, la vieillesse également forcément. D’ailleurs, il est dommage à ce niveau de voir la traduction française du titre en changer quelque peu le sens. Impitoyable est certes plus vendeur, et pourrait correspondre autant au personnage de Munny qu’à celui de Little Bill. Mais Unforgiven, qui ne peut pas être pardonné donc en le traduisant, Impardonnable, correspond plus aux thèmes du film. Les prostituées, malgré tout ce que les autres tentent de faire, n’arrivent pas à pardonner, et la bande de Munny va les aider, finalement, comme pour se faire pardonner également, et en comprenant parfaitement leur ressenti.
Qu’on se le dise, Unforgiven (oui ça pète bien plus le titre original) est un film extrêmement sombre. La violence, radicale mais pourtant extrêmement rare à l’écran, est pourtant constamment là, suggérée, ne demandant qu’à éclater, dévorant limite les personnages. Eastwood pousse le western crépusculaire dans ses derniers retranchements, et il a bien raison, puisqu’il s’agît là de son dernier western, de son au revoir. Et pour son au revoir, Clint Eastwood revisite presque son propre mythe, celui qu’il a forgé avec les années, en jouant dans la trilogie du dollar, puis en jouant dans ses propres films, que ce soit L’Homme des Hautes Plaines, Josey Wales ou Pale Rider. Ici, Munny est un homme vieillissant, fatigué. Quand il part effectuer son contrat, il galère à monter à cheval, il s’entraine à tirer (comme dans Josey Wales tiens) mais rate. Eastwood veut donner un aspect plus réaliste à son personnage et son univers. Du coup forcément, Unforgiven nous emmène avec lui dans une longue et lente descente aux enfers, le rythme se faisant lent, le réalisateur préférant privilégier les personnages et l’ambiance plutôt que d’accumuler les duels ou autres fusillades, finalement si rares qu’elles pourraient être anecdotiques, si elles n’étaient pas parmi les moments les plus forts du métrage. Mais à chaque instant, au-delà de l’hommage certain à tout un genre important du cinéma Américain, l’on sent que Clint cherche également à le démystifier. Pas de héros glorieux ici, pas de tueur légendaire. Enfin si, dans les faits, mais la réalité est tout autre. On raconte les méfaits de Munny, mais celui-ci soit les a oublié, ou cherche à les oublier, lui qui ne vise plus aussi bien et vit dans la misère, et qui cherche en quelque sorte à se rassurer et à conserver son humanité en acceptant un tel contrat. Fait encore plus intéressant, on peut noter rapidement que ceux qui ont un passé (Munny par exemple) préfèrent rester silencieux, alors que ceux qui n’en ont pas s’en inventent un et parlent. Unforgiven est un grand western, et un grand film. En apparence, simple voir simpliste dans son scénario, mais d’une richesse folle. Un merveilleux au revoir, et un hommage assumé aux grands maîtres d’Eastwood auxquels le film est dédié : Sergio Leone et Don Siegel.
Les plus
Une mise en scène ultra classe
Casting parfait
Des thématiques passionnantes
Des scènes marquantes
La violence, suggérée ou frontale, forte
Les moins
En apparence très simpliste
Un rythme lent qui ne plaira pas à tous
En bref : Clint Eastwood dit au revoir au western en signant un hommage au genre dans sa globalité, et en signant un film passionnant, et sans doute le plus sombre des westerns crépusculaires.
Un film exceptionnel. Un casting génial. Comme tu le dis Clint revisite le passé, le sien, celui des grands maîtres… des mythes partout, parfois intelligemment brisés. Je l’avais vu au ciné à sa sortie, j’avais été subjugué du début à la fin. Ces petites notes de musique inoubliables, ce final qui cloue au sol… A chaque fois que je revois ce grand film, c’est la même claque.
Clint, je t’aime.
La chance, au cinéma !! J’étais sans doute un peu trop jeune (je devais avoir 7 ans lors de sa sortie) et ma mère n’était pas une fan de Clint ni des westerns de manière générale, donc je l’avais raté, mais je l’avais ensuite vu à la tv, puis en dvd pour la VO, et maintenant copie Blu-Ray absolument sublime. Le genre de films où il ne faut pas en faire trop (en soit techniquement, les mises en scène de Clint sont simples), et où ça repose énormément sur le talent des acteurs.