Titre original : ヘルドライバー
2010 – Japon
Genre : Horreur
Durée : 1h57
Réalisation : Nishimura Yoshihiro
Musique : Nakagawa Kô
Scénario : Nishimura Yoshihiro
Avec Hara Yumiko, Shiina Eihi, Yanagi Yurei, NBamioka Kazuki, Kishi Kentaro, Kusumi Mizuki, Torihada Minoru, Taka Guadalcanal et Asami
Synopsis: Une météorite tombe sur Terre, percutant la mère assez violente de Kika et lui transperçant la poitrine. Celle ci ne perdra pas de temps, remplaçant son cœur par celui de sa fille. Les deux femmes ne tarderont pas à se retrouver dans l’état de cocon, et un nuage de cendre se répand sur le Japon, transformant une grande partie de la population en zombies. Le Japon est ainsi coupé en deux, séparées par un mur gigantesque. Le gouvernement et la population est divisée également, entre ceux voulant exterminer les infectés et ceux voulant leur accorder les mêmes droits qu’aux humains. Kika est ramenée à la vie, armée d’un sabre tronçonneuse, tandis que sa mère est la reine des zombies.
Helldriver était attendu au tournant. Ayant fait depuis un an le tour de tous les festivals de par le monde (dont l’étrange festival en Septembre pour la nuit Sushi Typhoon), le film est d’ailleurs visible dans deux montages différents, le Director’s Cut de quasi deux heures, et la version internationale (qui dit internationale dit Américaine) coupée de 20 minutes, comme c’est trop souvent le cas lorsque les Américains jugent un film asiatique trop long (Sukiyaki Western Django coupé de 30 minutes, 13 Assassins de 20 minutes). Mais Helldriver, c’est aussi le retour de Nishimura à un métrage dont il est le vrai papa, après son Tokyo Gore Police qui avait quelque peu marqué les esprits, grâce à son univers gore et décalé, et son fond intéressant. La suite de sa carrière en aura déçu plus d’un. Sa coréalisation avec Tomomatsu Naoyuki sur Vampire Girl VS Frankenstein Girl n’aura pas plu à tout le monde, la faute à sa première partie très axée romance (mais bien fun), et certains n’auront pas adhéré à l’excessif Mutant Girls Squad coréalisé par Sakaguchi Tak et Iguchi Noboru (encore une fois, c’était pourtant bien fun). Helldriver (à ne pas confondre avec la stupide traduction de Drive Angry avec Nicolas Cage, les joies des traductions), c’est donc sans grand retour, un film qu’il a imaginé, écrit, réalisé, et bien entendu, vu que c’était son premier boulot, sa société en a créé les effets spéciaux. Et il faut bien l’avouer, il ne nous ment pas sur la marchandise, on se retrouve devant un véritable spectacle gore, de la première à la dernière image, qui ne recule devant absolument rien, et n’a pas peur de l’expression « toujours plus n’est pas assez » qui colle à merveille à son métrage monstre de deux heures.
On retrouve donc ici tout ce qui fait le cinéma de Nishimura : des gerbes de sang, la mutation du corps, une caricature de la société Japonaise, le tout amplifié par 400, faisant de Helldriver un film fatiguant pour les yeux et les oreilles. Après la police de Tokyo Gore Police, Nishimura s’attaque ici au gouvernement Japonais, et à la famille. Tout commence lorsque Kika rentre chez elle, pour trouver sa mère et son oncle en train de découper et de cuisiner son père. On ne choisit pas la famille, et le métrage va nous le rappeler tout le long. Finalement percutée par une météorite, la mère de Kika n’hésitera pas pour survivre à arracher le cœur de sa fille pour remplacer le sien. La dualité sera présente tout le long du film, même s’il faudra attendre un peu plus d’une heure 30 pour voir les deux personnages se confronter à nouveau. En attendant, le réalisateur nous invite simplement à un spectacle con gore et fun qui ne s’arrête jamais, et donc, qui est forcément représentatif de son cinéma, sans parvenir à être le meilleur. Passé son introduction, le film prend alors son temps pour placer son contexte, ses personnages, expliquer le pourquoi du comment, parfois avec des flashbacks.
Une bonne demi-heure nous montrera donc ce que le gouvernement est devenu, avec les tensions entre ses différents membres. Pareil pour la population. Il y a tout simplement ceux qui veulent éliminer les infectés pour réunifier le pays, séparés par un énorme mur (hmm… New York 1997, Doomsday ?), et ceux qui se battent pour que nous ayons tous des droits égaux. Nishimura se permet de remettre encore et toujours certaines de ses obsessions, mais pas de taillage de poignets cette fois ci (enfin presque, on verra tout de même qu’un des personnages est passé par là). Outre Kika, Nishimura profite de cette longue introduction (non dénuée de gore, bien au contraire, je rassure) pour nous présenter ces personnages secondaires, parfois attachants, comme Taku, qui s’occupe d’un jeune orphelin sans nom et passe régulièrement de l’autre côté du mur pour récupérer la corne placée sur le front des zombies, utilisée par le peuple comme une drogue, bien entendue interdite par le gouvernement.
Nishimura prend donc un peu son temps, tout en plaçant souvent des scènes gore, et en gérant assez bien son rythme, grâce à un découpage plutôt bons, des retours dans le passé, et surtout en filmant de manière souvent gracieuse ses deux personnages féminins. Kika bien entendu, et sa mère, jouée par nulle autre que Shiina Eihi, l’inoubliable flic de Tokyo Gore Police, et surtout inoubliable dans Audition de Miike Takashi (1999 déjà). Nishimura pousse le vice jusqu’à ne faire apparaître le nom de son film qu’au bout de 48 minutes. Aurait-il été inspiré par l’apparition du titre de Love Exposure au bout d’une heure, sachant qu’il est le créateur des effets de tous les films de Sono Sion ? Là n’est pas la question, mais toujours est-il que jusque là, son film intéresse, Nishimura tente et réussi en parti de mettre un fond à son film, et maîtrise, vu le peu d’argent dont il disposait ($600 000, soit beaucoup plus qu’un simple film de V-Cinéma, mais beaucoup moins qu’un « vrai » film), sa mise en scène. Seuls quelques effets numériques franchement ratés viennent troubler la vision du métrage. Passé le titre, le métrage se changement tout simplement en spectacle ultra gore qui ne s’arrête jamais, et il reste encore 1h10 au compteur. Les situations s’enchaînent le plus rapidement du monde, les idées les plus folles s’accumulent, et on se retrouve devant un plaisir gore épuisant.
Entre des têtes coupées qui volent dans tous les sens, un bar à zombies, des doigts et seins arrachés, des combats en pagaille, courses poursuites, des bébés zombies, et encore (oui, comme dans Tokyo Gore Police) un personnage munis d’une multitude de sabres, ça gicle dans tous les sens, ça découpe, ça impressionne parfois, fatigue aussi. Nishimura filme tout cela avec passion, et sa mise en scène, sans être parfaite et irréprochable, m’a semblé plus aboutie que sur un Tokyo Gore Police, rendant son film plus rythmé. Malheureusement, certains effets numériques douteux seront toujours de la partie, mais on fait rapidement avec devant le nombre incroyable d’idées à l’écran, mais un autre défaut son apparition. Nakagawa Kô, qui signe comme toujours la bande son de son métrage (il avait également signé la bande son du fun Gothic and Lolita psycho de Ohara Gô), nous livre une bande son explosive, très bruyante, qui ne s’arrête jamais (il faut dire qu’en milieu de métrage, on a droit à de l’action et du gore non stop pendant quasi 25 minutes).
Si bien qu’on en prend certes plein la gueule et pleins les oreilles, ça explose, ça gicle, ça crie, ça gueule, ça court, ça découpe, on prend son pied, mais on est crevé. Ça n’aurait pas été un défaut en soit, si la dernière demi-heure du film aurait été du même acabit. Malheureusement, sur la fin, le métrage semble s’épuiser, alors qu’on nous livre enfin ce que l’on attendait depuis le début, c’est à dire la confrontation entre Kika et sa mère. Mixant bonnes et mauvaises idées, le film se permet alors d’ajouter de nouvelles situations, de nouveaux personnages (dont un joué par Asami, comme toujours, après The Machine Girl, Mutant Girls Squad, Robogeisha et tant d’autres), et nous balance en une demi heure tout ça à la gueule, mais le rythme semble s’épuiser et le film nous avoir offert déjà toutes ces cartes. Aussi excessif soit le final (une confrontation entre humains et zombies, un zombie géant qui survole le Japon aidé par des missiles), on y adhère plus vraiment, sans doute trop crevé par tout ce qui a précédé, et par la certaine maîtrise (au vu du film et de son budget, comparons ce qui est comparable) et l’inventivité des grosses scènes précédentes. Et c’est bien dommage car Helldriver est bel et bien le film que l’on attendait de la part de Nishimura, mais à force sans doute de vouloir en faire trop, il rallonge son film de manière pas toujours habile, et nous abandonne après un combat final très décevant. Helldriver est donc un film extrême, dans ses partis pris, dans ses qualités, mais aussi dans ses défauts et dans ses limites. Un spectacle incroyablement fun, mais incroyablement fatiguant, qui trouvera ses fans et ses détracteurs. Ceux qui n’aiment pas les précédents travaux de Nishimura risquent encore moins d’adhérer à son dernier film, tandis que les autres sauront l’apprécier pour ce qu’il est.
Les plus
Ultra gore
Un fond intéressant
Rythmé
Deux actrices très bien filmées
Les moins
Final légèrement raté
On frise parfois la saturation
En bref : Nishimura Yoshihiro revient seul à la mise en scène pour son Helldriver, sorte de film gore ultime allant jusqu’au bout de ses idées, au risque de lasser et d’énerver sur la durée. Ça fait beaucoup de bruit, ça part dans tous les sens, ça nous fatigue, mais c’est aussi jouissif, extrêmement gore et bourré d’idées.