Titre original : Gantsu Perfect Answer
2011 – Japon
Genre : Science Fiction
Durée : 2h21
Réalisation : Sato Shinsuke
Musique : Kawai Kenji
Scénario : Watanabe Yûsuke d’après le manga de Oku Hiroya
Avec Ninomiya Kazunari, Matsuyama Kenichi, Yoshitaka Yuriko, Hongô Kanata, Taguchi Tomorowo, Ito Ayumi et Yamada Takayuki
Synopsis: Cinq mois ont passés et Kurono n’est plus très loin d’atteindre les 100 points. Entre les missions, il vit sa vie normalement, avec Tae, sa petite amie, avec qui il s’occupe d’Ayumu, le petit frère du défunt Kâto. L’affaire se corse considérablement cependant, avec l’apparition d’une petite orbe noire qui ordonne à une idole de tuer des gens, l’enquête d’un détective qui touche au but, un groupe mystérieux qui veut mettre un terme aux missions de Gantz, et l’apparition d’un second Kâto…
Ah, Gantz Perfect Answer, suite et fin de l’adaptation live du célèbre manga Gantz. Le premier épisode, sobrement intitulé Gantz, comme le manga et l’anime dont il est tiré, a reçu un accueil plutôt glacial, parfaitement compréhensible finalement. Pour le fan du manga, le film met totalement de côté la noirceur du récit, dénature les personnages (Kurono Kei qui était un vrai connard devient un jeune homme tout gentil) et simplifie les missions. Bien entendu, la violence graphique et le sexe tels qu’ils sont présents dans le manga (et l’anime), toujours en cours de parution par ailleurs n’auraient jamais pu être contenue dans le métrage. Gantz devant bénéficier pour être crédible d’un minimum de budget, ne pouvant se permettre de contenir des viols, des filles nues tout le long et des démembrements et explosions de corps toutes les deux minutes. Mais pour le spectateur qui ne connaît rien, Gantz peut être une bonne surprise, avec un mystère prenant, mais même en étant vierge du matériel de base, il faut bien avouer que les personnages et certaines situations hors des missions ne sont pas bien passionnantes. J’ai à ma grande surprise su apprécier le premier film pour ce qu’il était : un portage tout public qui respectait la trame du matériel de base, tout en rendant l’ensemble lisse.
Mes grandes déceptions étaient de ne pas retrouver la noirceur du récit et des personnages, qu’il aurait pourtant été facile d’inclure dans un métrage visuellement tout public. Puis débarqua alors les bandes annonces de la suite, Gantz Perfect Answer, et quelques documentaires sur le net, ou même, au Japon, avec le dvd Into the G II. DVD purement commercial d’une demi heure seulement nous montrant les coulisses de cette suite, avec des images de tournages, des interviews. Et il faut avouer que tout ceci faisait envie. L’histoire avait l’air de s’éloigner de celle de l’anime ou du manga tout en conservant quelques points importants faisant plaisir, et ce second opus avait l’air d’être également beaucoup plus généreux en action. Et résultat des courses, après un métrage de 2h20 tout de même, c’est que j’avais raison d’attendre plus de cette suite, puisqu’elle nous propose beaucoup plus que l’original, pour notre plus grand plaisir. Bien entendu, cela reste du grand public, peu de sang, pas de sexe, les fans risquent de crier encore, mais il faut accepter ce second opus pour ce qu’il est : une suite se déroulant dans l’univers de Gantz, tout en développant de nouvelles choses. Ce que j’attendais, donc.
Pour voir ce second opus, rien de bien compliqué, le DVD est sorti en France en Février. Pour les plus curieux, le DVD Japonais propose une version longue du film rajoutant quelques scènes peu utiles en fin de métrage. Bref, venons en au film en lui même. Gantz Perfect Answer ne commence pas pile où le premier s’arrêtait. Après un très rapide résumé des événements, le film reprend cinq mois ensuite. Et le film ne perd pas de temps. A la grande différence du premier film qui commençait sur les chapeaux de roues en reprenant la trame du manga, avant de nous ennuyer quelque peu entre chaque mission, cette suite fait l’opposé. Les missions, il y en aura finalement très peu (deux, c’est dire), mais elles seront très longues et occuperont les trois quarts du métrages. Les moments entre missions, finalement, ce sont les trente premières minutes du métrage. Histoire de bien nous montrer les personnages, où ils en sont, nous faire rentrer dans cette nouvelle histoire, et surtout nous présenter des tas de nouveaux personnages et de nouvelles situations. Les dix premières minutes précédant le générique sont ainsi riches en informations. L’on y découvre pour la première fois Aikawa Eriko, une idole (oui, celle même que l’on voyait dans la scène d’ouverture du premier film sur une publicité), jouée par Ito Ayumi (Be Sure to Share de Sion Sono, Last Quater, Hana And Alice, bref, du cinéma commercial). La jeune femme trouve dans sa boite aux lettres une étrange boule noire, réplique miniature de Gantz, qui va lui ordonner de tuer certaines personnes à des moments précis… ces personnes se retrouvant ainsi par la suite dans le fameux appartement de la boule noire. De l’autre côté, nous suivons également un étrange détective (aperçu dans la scène finale après générique du premier Gantz, ou dans le montage télévisé : Another Gantz), Shigeta Masamitsu, joué par Yamada Takayuki (Crows Zero 1 et 2, 13 Assassins, il a une gueule passe partout), qui a toutes les informations sur ceux participant aux missions. De plus, il vend ses informations à un groupe étrange d’hommes en noir (et d’une mignonne jeune femme en jupette, avec katana s’il vous plait). Le film ne se moque pas de nous, ces premiers instants, mystérieux, donnent le ton et donnent assurément envie d’en voir plus.
Ajoutons à cela l’apparition d’un deuxième Kâto, le premier étant toujours mort à la fin du premier opus, qui a tout de suite l’air beaucoup moins sympa. Voilà pour la plupart des nouveaux personnages et des nouvelles intrigues, qui, étant pour la plupart inédites du manga de base, apportent un réel sang neuf, et surtout une furieuse envie d’en savoir plus. Heureusement pour le film, l’ensemble s’avère bien plus rythmé que le premier film, qui se perdait dans les passages de la vie quotidienne. Je le répète, ici, quand le film commence, nous aurons droit à la vie quotidienne des personnages importants, mais de manière beaucoup plus réduite et intéressante (par contre non, on n’échappera pas à la niaiserie de certaines situations). Ainsi, nous retrouvons Kei Kurono, proche d’obtenir les 100 points qui lui seront utiles pour ramener Kâto à la vie. En dehors des missions, sa petite vie continue tranquillement, il a enfin trouvé un petit travail, et passe la plupart de son temps libre avec Kojima Tae, jouée par Yoshitaka Yuriko (aperçue dans le très bon Noriko’s Dinner Table de Sion Sono et le sympathique bien que niais Cyborg She). Ensembles, ils s’occupent d’Ayumu, le petit frère de Kâto.
Mais là où l’on pourrait craindre que tous ces ajouts, personnages, petites histoires ne servent à rien (comme dans le premier film), c’est l’opposé, et on le comprend vite finalement, et ce dès que la première mission du film arrive. Les personnages secondaires gagnent en profondeur, mais malheureusement, certains sont toujours peu utiles (le détective par exemple). Bref, la première mission. Sans doute l’une des meilleures scènes du métrage, tant elle développe les personnages, tout en nous en donnant pour notre argent niveau action. Car oui, ça dépote sévère. Scène aperçue dans la plupart des bandes annonces, cette mission totalement inédite se déroulera dans un train (le réalisateur aime les trains), permettant de réunir, entre quelques fusillades, courses poursuites et combats au katana, l’ensemble des personnages pour soit les confronter, soit faire grandir dans certains cas ce qu’ils ressentent les uns pour les autres. Notre détective, notre idole, les participants des missions Gantz, le mystérieux groupe, Tae, tout ce beau monde se retrouve au sein de cette scène durant bien une vingtaines de minutes. Passé ce grand moment, on aurait pu craindre que ce second opus se stoppe alors net et ne reprenne son petit bonhomme de chemin tardivement. Au lieu de ça, le scénario enchaîne les retournements de situations, en profite pour ramener quelques personnages à la vie, et se permet de lancer directement ensuite une seconde mission, elle issue du manga (et quel grand moment de la retrouver, même si elle se déroule différemment).
Et c’est, à mon humble avis, lors de cette longue mission (une petite quarantaine de minutes) que Gantz Perfect Answer, en suivant un chemin totalement différent du manga, parvient à renouer quelque peu avec son esprit, sans pour autant en devenir un produit pour adultes. Le sang, présent, ne jaillira pas par litres, et le sexe reste toujours totalement absent, mais les personnages, même les secondaires, gagnent énormément en substance lors de cette mission, et en deviennent ainsi par la même occasion humain, pour de vrai. Le propos se fait alors également plus sombre, et le film peut se lâcher en courses poursuites, trahisons, doutes, ou chacun aura son intérêt à réagir de telle manière ou d’une autre, mais toujours en essayant de rester fidèle à ses propres convictions. C’est ainsi que le personnage de Suzuki, joué par le grand Taguchi Tomorowo (Tetsuo, rien que ça), prend énormément d’importance, ces choix, parfois difficiles, seront pourtant la clé de tout (bon j’exagère un peu, mais bon, vu qu’il ne servait strictement à rien dans le premier film, le voir prendre comme ça de l’importance, ça fait plaisir).
Des personnages du premier film referont leurs apparitions pour cette seconde mission, jusqu’à un final n’hésitant pas à mixer l’action et l’émotion, sans pour autant y parvenir tout le temps, la faute à un montage passant parfois beaucoup trop rapidement de l’un à l’autre, et des derniers instants ratés d’une niaserie absolue. Bien entendu, il faut continuer de prendre Gantz Perfect Answer (renommé pour l’occasion en France Gantz 2 : Revolution….) pour ce qu’il est, à savoir un métrage d’action, un peu mystérieux, qui n’arrivera jamais à atteindre la portée du manga, mais qui à présent n’a pas trop à avoir honte. C’est toujours en cherchant à s’éloigner de son modèle tout en essayant d’en capter l’essence que l’on fait les plus belles réussites. Cet opus aura beau n’être qu’un portage tout public pour le cinéma mettant sur le devant de la scène des jeunes pour attirer le public (quoi que, contrairement au premier opus où ils étaient juste passables, j’ai trouvé l’ensemble du casting bien plus convaincant ici – pas tous hein, mais dans l’ensemble), il reste une réussite, surtout pour du cinéma grand public assez terne de nos jours. Quelques fausses notes, mais ça fait plaisir à voir.
Les plus
Retrouver l’ambiance
La séquence dans le train
Mieux rythmé que le premier film
Une touche de noirceur par moment
Une intrigue inédite qui relève le niveau
Les moins
Quelques effets numériques ratés
Quelques moments dans le final qui tombent à plat
Des moments parfois bien niais
En bref : La suite de Gantz prend la voie d’une nouvelle histoire, rendant le film plus passionnant, plus rythmé, et se permet enfin de développer ses personnages secondaires. Tout n’est pas génial, on n’échappera pas à certains passages niais, une morale pleine de bons sentiments par moment et des derniers instants ratés, mais ça reste bien supérieur au premier film.