NIGHTMARE DETECTIVE 2 (悪夢探偵2) de Tsukamoto Shinya (2008)

NIGHTMARE DETECTIVE 2

Titre original : Akumu Tantei 2 – 悪夢探偵2
2008 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h42
Réalisation : Tsukamoto Shinya
Musique : Ishikawa Chu et Ishikawa Tadashi
Scénario : Tsukamoto Shinya et Kuroki Hisakatsu

Avec Matsuda Ryuhei, Andô Wako, Ichikawa Miwako, Kan Hanaz, Kitami Toshiyuki et Matsushima Hatsune

Synopsis : Kikukawa Yuko est une lycéenne souffrant de crises d’angoisse permanentes. Pour se venger d’elle, trois camarades de classe l’enferment toute une nuit. Yukie, une des trois tortionnaires, devient la proie de cauchemars concernant Kikukawa. Persuadée qu’elle veut la tuer, Yukie va demander de l’aide au Nightmare Detective, homme ayant le pouvoir de voyager dans les rêves des autres. Dépressif, silencieux et vivant seul, il va finalement accepter de l’aider, les crises d’angoisses de Kikukawa lui rappelant le comportement de sa mère à son égard quand il était enfant, juste avant qu’elle ne se suicide…

En 2006, Tsukamoto retentait, après Hiruko the Goblin et Gemini, l’expérience du film commercial. Il livrait ainsi Nightmare Detective, un film plus classique, faussement classique, où l’on suivait un tueur qui s’attaquait à ses victimes dans leurs rêves. Tueur joué par Tsukamoto lui-même, comme souvent. Pour le contrecarrer, la police faisait appel au Nightmare Detective, joué par Matsuda Ryuhei, qui a le don de pouvoir rentrer dans les rêves des autres. En résultait un film parfois bien critiqué par certains fans, mais pourtant hautement divertissant, malgré de gros défauts certains, notamment une actrice principale pas toujours convaincante, une intrigue un poil trop classique et un personnage de détective pas  assez développé. Deux ans à peine après, voilà que débarquait un Nightmare Detective 2, encore aujourd’hui assez mal distribué, et inédit en France. Tsukamoto allait-il livrer un nouveau film commercial bien emballé, contenant tous les tics de son cinéma, mais contenant les mêmes défauts que son prédécesseur. Après seulement quelques instants, la réponse est logique, la réponse est NON. Hitomi disparaît du casting, et si le Nightmare Detective est en effet très rapidement lancé dans une nouvelle enquête, qu’il accepte une nouvelle fois un peu à contrecœur, ce nouveau métrage prend des allures totalement différentes, et surtout, se permet enfin de développer son personnage principal et de nous livrer son trouble passé, le rendant bien plus intéressant. Tsukamoto va ainsi choisir de réaliser un film plus humain (comme on pourra le remarquer dans certaines scènes où les personnages ne se cachent pas pour pleurer, étant frontalement devant la caméra), mais également un film plus sombre, plus complexe, et surtout, plus intéressant.

Nightmare Detective 2 s’avère donc beaucoup plus troublant et déstabilisant que le premier opus, et ce dès le début. Car avant d’accepter cette nouvelle mission qu’on lui « impose » quelque peu, comme souvent, le métrage va s’axer avant tout sur le Détective du titre, sur ses propres démons, sur son enfance. Le personnage va y gagner en profondeur. Matsuda Ryuhei reprend son rôle de dépressif qui veut rester éloigné du monde, et il le fait extrêmement bien. Le développement de son personnage, de sa famille, de son enfance, tout cela sera indéniablement un des gros points forts du métrage. Heureusement d’ailleurs, car tout va tourner finalement autour de ça. S’il accepte cette nouvelle mission qu’on lui propose, c’est pour en apprendre plus sur lui-même et sur sa mère, c’est pour mieux se comprendre et avancer. Si l’intrigue est donc beaucoup plus personnelle du point de vu du personnage principal, elle l’est sans doute également pour le réalisateur, qui prend donc un peu à contre-pied ce que l’on attend de lui avec une telle suite. Car oui, le fantastique est bel et bien présent, les rêves (ou cauchemars plutôt) également, mais cela semble finalement peu intéresser Tsukamoto, qui n’en fait qu’à sa tête, pour le bonheur de ses fans heureusement.

Malheureusement, de ses très nombreux flashback représentant l’enfance de son personnage, le film va également souffrir de quelques petits soucis de rythme, mais rien de véritablement handicapant dirons nous, face à la puissance de son intrigue, de ses thèmes, et surtout de certaines séquences proposées. D’ailleurs, dans son rapport à l’enfance, et à la peur du monde extérieur (la mère du Nightmare Detective ayant peur de tous les éléments extérieurs), Tsukamoto reprendra ses thèmes dans son récent (et médiocre finalement) Kotoko, où il reprendra également certaines thématiques de son Tokyo Fist. Car si sur le papier, Nightmare Detective 2 est une enquête une nouvelle fois classique, Tsukamoto joue avec tous les codes imposés par le genre pour mieux nous tromper. Oui, enquête il y a, mais cette fois-ci, pas de flics, et la vraie enquête, la vraie histoire, n’est qu’introspective. Le personnage le dit lui même, il est juste là pour en apprendre plus sur sa mère au final. S’il développe le passé de son personnage comme pour nous donner des clés, Tsukamoto n’hésitera pas non plus à briser les barrières entre le présent et le passé, pour des scènes véritablement troublantes. Et film fantastique oblige, Tsukamoto va se surpasser. Le premier opus nous réservait quelques scènes de cauchemars poignantes et marquantes, à défaut de faire véritablement peur. Ici, il ira encore plus loin, en brisant par moment la frontière entre le rêve et la réalité. Ainsi, la scène la plus flippante se déroulera finalement dans le monde réel (et quelle scène, je vous le dis !). Aux premiers abords, Nightmare Detective 2 n’est absolument pas un film facile, loin de là. Beaucoup plus cérébral, beaucoup plus déstructuré, Tsukamoto expérimente plus, narrativement, visuellement, tout en gardant ce qui fait son cinéma, et nous livre un grand moment, entre expérimentation, poésie et simple film de commande, et simple suite. C’est cette liberté qui rend peut être la sortie du métrage plus difficile d’ailleurs.

Les plus

Plus intéressant que le premier film
Parfois troublant, parfois poétique, parfois effrayant
Une histoire intéressante
Un final surprenant
Le personnage du Nightmare Detective plus développé

Les moins

Quelques soucis de rythme

En bref : Nightmare Detective 2 surpasse de loin l’original, en se voulant plus humain, plus émotionnel, plus poétique et étrange aussi. Tsukamoto détourne tout ce que l’on attend de lui pour livrer un film plus intéressant.

8 réflexions sur « NIGHTMARE DETECTIVE 2 (悪夢探偵2) de Tsukamoto Shinya (2008) »

  1. Phénoménale. Le film a l’air tout simplement d’être une pépite ! Le défaut du 1 était justement le manque de profondeur du détective mais cette suite,et au vu de ta critique également, creuse plus ce personnage charismatique et c’est tout simplement parfait !

    Vite vite une sortie DVD en VOSTA !!! Je ne succomberais pas au téléchargement car il mérite d’être acheté !!!!!!!!!!
    Pour une version sous titrées française, j’aurais bien aimé que CTV International édite ce second opus comme le premier mais au vu de leurs dernières sorties, je me demande si ils existent toujours.

    1. Il est imparfait, mais bien plus abouti et intéressant que le premier, il n’y a pas photo!

      Il existe un DVD en VOSTA, je ne pourrais pas te confirmer l’origine, car je l’avais acheté d’ocaz dans une boutique lors d’un séjour à Los Angeles, mais il existe puisque je l’ai, tout simplement 😉

      1. Excellent ! Acheter ce film à Los Angeles. Normal ! lol. En tout cas, c’est bon à savoir car il doit bien être trouvable sur le net. Je chercherais tranquillement dimanche. Merci pour l’info.

        1. J’ai un peu vécu là bas et il y avait une grande boutique de DVD, du coup j’avais passé toute une aprem à fouiller et il y avait un rayon asiatique. En voyant NIGHTMARE DETECTIVE 2 dont j’ignorais une sortie sous titrée, j’ai pas hésité un instant. Il doit surement être trouvable oui, je pense pas que l’éditeur ait fait juste une édition pour moi!

  2. Oh le kiff ! Ce doit être vraiment excellent de visiter des boutiques ricaines de DVD. Elles doivent vraiment être plus grande qu’en France. Enfin, c’est difficilement comparable, il faut dire.

    1. Dommage je ne peux pas poster de photos en commentaires. En gros c’était sur deux étages immenses. Le tout classé par genre, et le rayon asiatique bien fournit. J’avais pris SUICIDE MANUAL aussi (toujours pas vu mmm mmm…..). J’étais repartis avec genre 10 ou 11 dvd pour pas trop cher (dont LA GALAXIE DE LA TERREUR édition collector et HARDWARE en édition double dvd qui venait de sortir à ce moment là). Si un jour je retourne à LA, je repasse dans cette boutique dés les premiers jours lol

      1. Ah oui c’est dommage mais j’imagine bien ! Pas mal du tout tes trouvailles. Le prix est vraiment pas cher. Ca donne bien envie.
        Surtout d’avoir un vrai rayon asiatique avec un large choix de films. Un rêve ! 😀

  3. Je me répète mais j’espère tellement une sortie en france de cette suite !! Ahhhhh !! fais chierrrr !!!

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