LA JOURNÉE DE LA JUPE de Jean-Paul Lilienfeld (2008)

LA JOURNÉE DE LA JUPE

Titre original : La Journée de la Jupe
2008 – France
Genre : Drame
Durée : 1h27
Réalisation : Jean-Paul Lilienfeld
Musique : Kohann
Scénario : Jean-Paul Lilienfeld
Avec Isabelle Adjani, Denis Podalydès, Yann Collette, Nathalie Besançon, Marc Citti, Yann Ebonge et Karim Zakraoui

Synopsis : Sonia Bergerac est professeur de français dans un collège de banlieue. Elle vit difficilement le quotidien de la relation avec ses élèves et est de plus fragilisée par le départ de son mari. Lors d’une répétition pendant un cours de théâtre avec une de ses classes, elle découvre un pistolet dans le sac d’un élève nommé Mouss. En cherchant à s’en emparer, un coup de feu part et blesse celui-ci à la jambe. Dans la confusion du moment, elle craque et prend une partie de sa classe en otage.

La Journée de la Jupe est un film polémique, qui aura eu du mal à voir le jour, entre ses premiers pas en 2005 avec le scénario, le budget plus que serré (un peu plus d’un million seulement), sa sortie d’abord à la télé sur Arte puis vu son succès une diffusion dans des salles une semaine ensuite. La Journée de la Jupe, c’est également un film qui divise. D’un côté, ceux touchés par le film, par son message, par ce qu’il dénonce, et de l’autre, ceux qui n’y voient qu’un métrage ouvertement raciste. Car oui, c’est l’histoire d’une prof qui prend sa classe en otage dans un lycée de banlieue. Et qui dit lycée de banlieue dit minorités. Donc le film est raciste ? Ben non justement. Déjà car il se veut réaliste (je sais de quoi je parle, j’ai été dans un lycée de banlieue durant mes jeunes années), et parce que si en effet le film dénonce certains soucis venant clairement des élèves, il ne se limite pas à ceci, et c’est un peu tout le monde qui en prend pour son grade. Que ce soit donc les élèves n’ayant aucun respect, les profs qui ont le choix entre se faire « victimer » ou copiner avec les élèves par peur des représailles, les parents qui au final ne savent rien de leurs enfants et les défendent quoi qu’il arrive, le proviseur qui cache les soucis sinon il sera mal noter, et qui ne vire personne car on lui enverra un autre cas à la place, peut-être même pire… Oui, La Journée de la Jupe nous montre un portrait peu glorieux de l’éducation, mais réaliste. Même les flics en prennent pour leur grade, et par moment ils sont si inutiles qu’on pourrait presque dire qu’ils sont Coréens (ceci est une blague).

Bref, ici, c’est l’histoire de Sonia Bergerac (Isabelle Adjani) qui, après une dispute avec ces élèves et la découverte d’une arme dans un sac, prend sa classe en otage. Ce qui va permettre au réalisateur, également scénariste, de pointer du doigt tout ce qui ne va pas dans le système éducatif, non sans humour, mais toujours avec des arguments. Et pour faire passer le message, il en a de la chance, puisqu’il a Isabelle Adjani donc dans le rôle principal, une des actrices françaises les plus investie qui soit, et surtout habituée des rôles difficiles. Donc grosso modo, La Journée de la Jupe, c’est un métrage où tout le monde en prend plein la gueule, le métrage ne ménageant personne. Et du coup, forcément, c’est un métrage polémique. Oui, l’arme à feu qui va tout déclencher se trouve dans le sac d’un élève, et en plus, un noir ! (Oh My God). Oui, c’est un collège de banlieue, donc il y a en majorité des noirs, des arabes et des roux (rayez la mention inutile). Oui, les profs n’ont pas la vie facile, et certains s’abaissent à des niveaux bien bas, crachant littéralement au visage de leurs collègues afin de protéger leur place, et surtout, afin de protéger leurs arrières face aux élèves. Car dans tous les cas, les coups peuvent tomber rapidement (voir la scène hilarantes du prof qui revient après avoir reçu des coups, et qui refuse de porter plainte car c’est de sa faute…). Oui, le proviseur n’assume aucune responsabilité car il tient à sa petite vie tranquille. Le constat est triste et sans appel.

La Journée de la Jupe dénonce tout ça, certes sans nous fournir de solution (est-ce qu’il existe une vraie solution d’ailleurs au point où nous en sommes ?), mais avec ce qui est le plus important : un regard juste. Du coup oui, forcément, c’est un peu triste, et beaucoup préféreront fermer les yeux devant ce que le métrage nous dit et ne voir là qu’une œuvre gratuite, choquante et oui, raciste. Vous avez bien compris que ce n’est donc pas mon opinion sur le métrage, parvenant donc à parler de ce qui fâche et de le faire en étant divertissant sur la durée, en enchaînant les moments bien trouvés, les retournements de situations, les notes d’humour réalistes pour ne pas nous sortir du sujet. Tout va vite, notre prof preneuse d’otages va péter un câble, essayer de montrer à ses élèves ce qu’est le respect, bien que certains cas semblent irrécupérables lorsque le film nous lance de nouveaux éléments à la gueule. Bref, ça fait toujours plaisir de voir un film français qui a des couilles et ose aller au bout de son sujet, surtout que ces dernières années, les producteurs semblent vouloir éviter toute polémique (bon, sauf Gaspar Noé mais c’est un cas à part). Si le résultat n’est pas parfait, qu’on pourra lui reprocher son absence de solution, ou son final un brin expéditif, La Journée de la Jupe parvient pourtant à faire réfléchir, à montrer une triste réalité, tout en divertissant, et je n’en demandais pas plus, voir par autant d’ailleurs.

Les plus

Un propos réaliste

Des notes d’humour légères

Isabelle Adjani parfaite

Élèves, profs, parents, tout les milieux sont développés

Les moins

Un final un peu expéditif et sans solutions

 

En bref : En voilà une bonne surprise avec ce film polémique. Un propos grave mais réaliste pour un film divertissant et bien troussé, porté par une Isabelle Adjani parfaite.

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