Titre original : Zombi 2 – Zombie – Zombie Flesh Eaters
1979 – Italie
Genre : Horreur
Durée : 1h32
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Fabio Frizzi et Giorgio Tucci
Scénario : Elisa Briganti
Avec Tisa Farrow, Ian McCulloch, Richard Johnson, Al Cliver, Auretta Gay et Stefania D’Amario
Synopsis : À la suite de la découverte d’un bateau abandonné naviguant, des policiers montent à bord, mais se font agresser par une créature sanguinaire qui résiste aux balles, puis plonge dans l’eau. La fille du propriétaire du bateau enquête donc avec un journaliste sur une piste qui les mène sur une ile tropicale infestée de morts-vivants.
Après avoir travaillé dans les années 70 sur pas mal de westerns (les 4 de l’Apocalypse) mais également des thrillers (L’Emmurée Vivante, La Longue Nuit de l’Exorcisme), Lucio Fulci se voit proposé de réaliser l’Enfer des Zombies sur un scénario de Elisa Brigante et Dardano Sacchetti (non crédité à cause de soucis familiaux qui le mettaient mal à l’aise vis-à-vis du film). Si le film est appelé Zombi 2 en Italie pour surfer sur le succès de Zombie de George A. Romero, le film n’a pourtant rien à voir, et tente même plutôt de revenir à la base du mythe du zombies, à savoir un mythe à base de vaudou. Rien à voir avec la critique sociale chère à Romero donc. Mais pour affilier les deux films ensembles, on demande aux scénaristes de rajouter une scène d’ouverture et de fermeture se déroulant à New York. Fulci lui-même n’aimait pas l’affiliation faite entre son métrage et le film de Romero. Car il faut bien l’avouer, Fulci a de toute manière un style totalement différent de Romero, et l’Enfer des Zombies annonce la suite de sa carrière. Fulci d’ailleurs retrouvera une nouvelle jeunesse avec ce film, continuant par la suite à mettre en scène des zombies dans ce que beaucoup considèrent comme ses meilleurs films, et qui restent à ce jour ces métrages les plus connus, à savoir Frayeurs, l’Au-Delà et La Maison Près du Cimetière. Mais oui, Fulci a un style différent de Romerlo. Romero mettait en scène des morts récents, alors que Fulci comme dans ses films suivants met en image des corps en décomposition depuis bien plus longtemps. La pourriture est présente, et Fulci comme souvent ne recule pas devant des gros plans et autres zooms.
L’Enfer des Zombies donc nous raconte l’histoire d’un docteur travaillant aux Caraïbes d’un côté, et d’un groupe en bateau de l’autre qui se rend dans les environs. Les coutumes locales parlent de vaudou, qui ramènerait les morts à la vie. Autre différence majeure avec l’œuvre de Romero, le cadre de l’action, absolument pas urbain, mais rural. De cette base donc simple, Fulci nous offre un métrage qui deviendra le début de son nouveau style, et signera pour lui le début de sa notoriété, et pas seulement en Italie, mais dans le monde. Fulci livre un film glauque à souhait il faut avouer, où les blessés attendent à l’hôpital de mourir tout simplement, et où les morts reviennent, le visage en putréfaction. Une certaine ambiance se pose sur le métrage, mais force est de reconnaître que des 4 films du genre que tourna Fulci de 1979 à 1981, L’Enfer des Zombies, sans être mauvais, est le plus faible. Comme dit, le réalisateur trouvait là son nouveau style, mais le métrage est encore encré dans une narration classique, loin des expérimentations narratives étranges de Frayeurs et de l’Au-Delà. Et Fulci semble beaucoup moins à l’aise lorsque qu’il faut faire avancer son intrigue ou développer ses personnages. Certes il n’y a rien d’extraordinaire dans ces personnages, mais du coup, entre deux scènes impressionnantes, l’ennui gagne presque le métrage. Des petites scènes de discussions anodines, les doutes des personnages… De longues minutes pas toujours très passionnantes. On notera bien évidemment quelques défauts du au manque de temps et d’argent, comme ces faux raccords, ou ces plans de lancers de cocktails Molotov utilisés plusieurs fois.
Mais hors de ces moments de calme et ces petits défauts, l’Enfer des Zombies délivre la marchandise gore attendue, quelques séquences chocs qui marquent les esprits, et on y retrouve bel et bien le style Fulci. Outre l’horreur et les corps en décomposition, on pourra citer également l’action relativement figée du métrage, si caractéristique de son auteur. Un personnage pourra se figer de peur, ou bien crier, tandis que la caméra zoom très doucement sur ce personnage. Le danger lui continue d’approcher, laissant le personnage victime d’une mort atroce. Fulci suspend en quelque sorte le temps, chose qu’il refera très souvent par la suite. Et bien entendu, l’Enfer des Zombies aura marqué pour la séquence de l’œil, chose que le réalisateur refera par la suite, conscient du traumatisme que cette scène aura donné aux spectateurs. Plus étrange par contre, on se rappellera longtemps de cette rencontre étrange entre un zombie et un requin. Oui oui, un affrontement entre les deux prédateurs, sous l’eau. Étrange, ridicule sur le papier, mais au final pas forcément raté à l’image. Le film bénéficie après tout des effets spéciaux de Giannetto De Rossi, qui participera par la suite à d’autres métrages de Fulci, mais également à des films plus friqués, comme Dune de Lynch, Rambo 3 ou encore Daylight. Notons aussi encore une fois la collaboration entre Fulci et Fabio Frizzi à la musique, qui livre d’ailleurs un magnifique thème qui sera reprit par la suite dans Frayeurs l’année suivante. L’Enfer des Zombies est plaisant, intéressant au sein de la carrière de Fulci, a ses moments cultes, mais aussi des moments un peu plus longs et moins convaincants.
Les plus
Quelques scènes mythiques
Un film d’horreur assez crade
Sympathique à tout point de vu
Les moins
Quelques scènes moins convaincantes, voir chiantes
Des faux raccords et autres
En bref : Fulci renouvelle sa carrière en se lançant dans l’horreur graphique. Les prémices des films suivants sont là, quelques scènes cultes traversent le film, mais l’ensemble n’est pas totalement convaincant.
Enfin vu. Je me retrouve assez dans ton article. Fulci en mode mineur, encore sous influence des films un peu lestes tournés précédemment, il n’y développe pas la poésie caractéristique de ses œuvres majeures à venir, mais Sergio Salvato fait un sacré boulot sur la lumière, entre clair et obscur la nuit, et ambiance cotonneuse le jour. La scène de l’écharde fait toujours son effet, et finalement, l’ensemble n’a pas à rougir à côté du film de Romero.
Oh tu ne l’avais jamais vu ! Je suis surpris, généralement, tout le monde commence Fulci avec ce film, puis arrête à LA MAISON PRÈS DU CIMETIÈRE.
Mais en tout cas tu me rassures un peu, on me trouve souvent « méchant » envers le film, mais c’est vrai que c’est un Fulci que j’aime bien, mais pas au point de courir acheter le Blu-Ray, mon DVD me suffit amplement pour le moment. On sent que Fulci n’ose pas encore partir dans ce qui fera la caractéristique principale de son oeuvre par la suite en effet. Trop timide, ou alors les investisseurs n’étaient pas sûrs du succès et donc ne lui laissait pas autant de marge de manoeuvre peut-être.
Tu me fais penser que j’ai pas mal de Fulci des années 70, des giallos et autres thrillers, à voir, dont LE VENIN DE LA PEUR, apparemment excellent. Et quelques autres Fulci des années 80, son époque moins glorieuse, mais ayant quasi tout vu, les 2/3 films restants ne vont pas me tuer…. J’espère !
Merci de ton retour comme toujours objectif sur le film 🙂