THE CITY OF LOST SOULS (漂流街) de Miike Takashi (2000)

THE CITY OF LOST SOULS

Titre Original : Hyôryuu-Gai – 漂流街
2000 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h43
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endô Kôji
Scénario : Ryu Ichiro

Avec Teach, Michelle Reis, Patricia Manterola, Oikawa Mitsuhiro, Kikkawa Kôji, Osugi Ren, Maro Akaji, Anatoli Krasnov et Sebastian DeVincente

Synopsis: Après avoir attaqué un car rempli d’immigrants chinois sur le point d’être expulsés et abattu les flics escortant ce dernier, un bandit brésilien lunatique et dangereux du nom de Mario vient chercher Kei dont il est épris. Résolus à s’enfuir, ils mettent au point un casse avec l’aide du barman Carlos et de l’étrange Ricardo. Ils décident de braquer la triade de Ko un inquiétant mafieux épris lui aussi de Kei. Mais lors du vol de l’argent, la triade de Ko était en plein deal avec les hommes de Fushimi. Les coups de feu retentissent et une fois loin, Mario et les siens, tous sains et saufs, se rendent compte que la mallette qu’ils viennent de s’emparer est pleine de cocaïne.

Alors que Spectrum Films a annoncé la sortie pour 2023 de trois films signés Miike Takashi, dont deux inédits en France, il est toujours bon de se replonger dans les œuvres du bonhomme, voir si nos très lointains souvenirs tiennent toujours la route. Et dans le cas de City of Lost Souls, d’apprécier une dernière fois ce fameux Zone 2 Anglais que j’avais trouvé dans la charmante petite ville d’Eastbourne dans le Sud de l’Angleterre, d’occasion, à un prix dérisoire au début des années 2000. Et après redécouverte de la bête, une chose est sûre : une belle copie HD ne fera pas de mal ! The City of Lost Souls donc, c’est un des très nombreux films livrés par Miike au début des années 2000, en 2000 même pour être exact, et comme souvent, c’est un film, si l’on ne regarde qu’à la surface, qui sent clairement le scénario hyper classique qui joue dans la cour du V-Cinema de l’époque, à savoir, un film de Yakuzas. Car il est bon de rappeler qu’avant que le gore mais aussi les fantômes ne viennent envahir le V-Cinema dans les années 2000, les DTV Japonais dans les années 90 s’axaient plutôt vers les genres de l’érotisme et du film policier à base de yakuzas et de flics durs à cuir. Rien d’étonnant d’ailleurs puisque Miike vient de là, et qu’une grande partie de sa carrière dans les années 90, à une ou deux comédies près (et Audition en 1999), sont des films mettant en scène des yakuzas. Mais avec Miike à la barre, ça prend forcément une forme bien différente. Cette guerre en fond entre les yakuzas (on reconnaîtra pour un tout petit rôle ce bon vieux Osugi Ren) et les triades Chinoises, elle est dynamitée par pas mal d’éléments. Certains que l’on attribuera volontiers aux délires du réalisateur, et d’autres que l’on attribuera à ce qu’il a presque toujours fait, à savoir ouvrir ces thématiques aux autres cultures. Et c’est ainsi que l’on se retrouve au premier plan avec une histoire d’amour entre une Chinoise et un Brésilien, entre Michelle Reis (Histoires de Fantômes Chinois 2, Drunken Master 3, The Wicked City) et Teah (Dead or Alive 2, 1-Ichi, IZO).

Oui, la mise en avant d’autres nationalités, soit vivant au Japon ou recevant la visite de Japonais, ce n’est donc pas nouveau dans sa carrière. Il avait déjà envoyé Aikawa Shô à Taïwan pour l’excellent Rainy Dog, il mettait en avant des Chinois dans Shinuku Triad Society, envoyait Motoki Masahiro et Ishibashi Renji en Chine pour Bird People in China, et il continuera par la suite en envoyant ses personnages en Thaïlande pour Les Prisonniers du Paradis, et j’en passe. Et ici, il traite majoritairement des brésiliens vivant au Japon, formant une petite communauté, et des Chinois, notamment via un gang vendant de la drogue. Au milieu de tout ça donc, une histoire d’amour entre Mario et Kei, qui après une attaque de fourgon réussie en guise d’ouverture de film, dont le montage rappellera aux amateurs l’ouverture de Dead or Alive (montage hyper cut, musique rock, violence, plans furtifs d’événements à venir), vont devoir récupérer de l’argent pour pouvoir s’offrir de nouveaux passeports et ainsi quitter Tokyo, loin des emmerdes, loin de la justice, des triades, des yakuzas, de tout en fait. Miike aurait pu, comme il l’avait fait par le passé, faire le choix de la poésie pour mettre tout ça en scène, et il le fera pour certains plans (le sang au sol écrivant le mot Love), mais non, il vient dynamiter l’ensemble de scènes ne pouvant venir que de son esprit. On l’imagine bien, acceptant de mettre en scène le scénario de Kimura Toshiki, puis en le lisant, à se demander comment mettre en scène un combat de coq clandestin, ou même rayer tout simplement des scènes en se disant qu’un affrontement simple entre deux chefs de clans au pistolet, ça ne suffit pas pour surprendre et plaire aux spectateurs.

Et c’est ainsi qu’un peu sans prévenir, on se retrouve avec un combat de coq filmé comme s’il s’agissait d’un combat dans Matrix, bullet time en option, ou que le fameux duel entre le chef Chinois et le chef Japonais se transforme en duel de ping-pong. Hors de propos, osé, nonsensique même par certains aspects, et pourtant, c’est aussi pour ça que l’on aimait Miike, par sa capacité à nous surprendre avec des moments un peu plus fous, qui se greffaient dans des films très sérieux, souvent très violents. City of Lost Souls d’ailleurs l’est, violent ! La poudre parle plus d’une fois, les corps tombent, les fusils à pompes éjectent les personnages. Et au milieu de tout ça, la beauté de Michelle Reis, sans doute venue au Japon pour tenter quelque chose de nouveau, et en tournant pour Miike, elle a dû être servie. Malgré tout ça, toutes ces bonnes choses, ces moments marquants ou fous, il faut néanmoins signaler que, comme beaucoup de films de Miike, le film souffre de baisse de rythme, et notamment d’un petit ventre mou. Et oui, placer la barre trop haut dés l’ouverture, ça pose le risque de décevoir un peu par la suite, comme pour le premier Dead or Alive tiens, comme quoi ils en partagent des choses. Mais bon, on pourra toujours se dire que l’on verra Michelle Reis enflammer un Russe avec sa vodka…

Les plus
L’ouverture du film
Quelques moments poétiques
Le combat à la Matrix
Les moins
Baisse de rythme en milieu de récit

En bref : Sans être le meilleur du bonhomme, The City of lost souls est un film très honnête dans sa filmographie plus que remplie. Un excellent film policier fou dans ces idées.

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