Titre original : Eaten Alive (ou Death Trap)
1977 – Etats Unis
Genre : Slasher
Durée : 1h31
Réalisation: Tobe Hooper
Musique: Wayne Bell et Tobe Hooper
Scénario: Alvin L. Fast, Kim Henkel et Mardi Rustam
Avec Neville Brand, Mel Ferrer, Marilyn Burns, Robert Englund et William Finley
Synopsis: Dans la moiteur de la Louisiane se trouve, un motel glauque perdu au milieu des marais… Son propriétaire, Judd, est le maître d’un gigantesque crocodile gardé dans un enclos. Maniaque sexuel totalement dérangé, Judd donne ainsi à sa bête les cadavres des victimes qui ont le malheur de s’égarer dans son motel, l’inquiétant Starlight Hôtel…
En 1977, trois ans après le choc que fut Massacre à la tronçonneuse, on attendait le réalisateur Tobe Hooper au tournant. Il nous livrait alors Eaten Alive, c’est-à-dire Le Crocodile de la mort en France, titre plutôt mensonger, mais une œuvre forte, encore une fois (et pour la dernière fois). Judd est un vieil homme, qui tient un petit motel miteux en Louisiane. Il semble plutôt frustré sexuellement, et les rares clients s’aventurant chez lui n’en ressortent jamais vivants. Totalement taré, Judd est un tueur en série, n’hésitant pas à donner les restes de ces clients au crocodile qu’il élève dans les marais, juste à côté de son motel. Directement, on se rend compte que le film s’inspire avant tout, pour le personnage de Judd et pour le lieu de l’action, de Psychose, un des chefs d’œuvres d’Alfred Hitchcock. Le crocodile, que le titre veut nous faire passer pour un élément important, est très en retrait, et ne semble être là que pour surfer sur le succès des récents films animaliers, comme Les dents de la mer. Point de crocodile ici, comme Hooper le fera en 2000 avec son Crocodile de bien triste qualité, puisqu’on ne verra la bête qu’un temps très limité (environ 2 minutes) et qu’on ne verra principalement que sa gueule et sa queue. C’est tout autre chose qui intéresse Hooper, c’est la folie du personnage de Judd, l’ambiance générale, et c’est là qu’il s’éloigne de son premier métrage, Massacre à la tronçonneuse, tout en restant à la fois très proche.
Là où Massacre à la tronçonneuse renforçait le malaise par un côté quasi-documentaire, des décors crades, une lumière naturelle, et des personnages complètement fêlés, tout en ne montrant jamais le moindre massacre suggérant les choses de manière plus qu’efficace, Le crocodile de la mort fera l’inverse. Finit le côté documentaire, le film est entièrement tourné en studio, et l’ambiance totalement différente. Les éclairages du film sont très travaillés, et donnent une ambiance totalement surréaliste au film. Les couleurs prédominantes sont le rouge et le vert, et cela donne au film un visuel étrange, à la fois inquiétant et attirant. Là où Massacre à la tronçonneuse jouait sur la suggestion, Le crocodile de la mort va lui aller encore une fois dans la direction opposée. Les meurtres seront nombreux, et surtout, ouvertement montrés. Le sang va couler à flot au fur et à mesure des victimes de Judd, qui ne se servira principalement du crocodile que pour se débarrasser des corps ou pour traquer ceux ou celles lui échappant. Le sang coulera souvent à flot, mais malgré tout, non pas grâce au talent de Hooper, puisque la suite de sa carrière prouvera qu’il n’en a pas, mais donc par chance, l’ambiance semble fonctionner, et l’effet, bien qu’inférieur à son premier film, ira dans la même direction.
On retrouvera d’ailleurs deux similitudes avec le premier film de Hooper. D’un côté, nous retrouvons une bande son construite de la même manière, et donc, toujours aussi efficace, malsaine et étrange, ressemblant plutôt à un assemblage de sonorités plutôt qu’à une réelle composition, mais l’effet fonctionne une nouvelle fois ici. De l’autre côté, nous avons la joie de retrouver au casting Marilyn Burns, déjà victime dans Massacre à la tronçonneuse d’une famille de dégénérés, où elle nous montrait ses talents vocaux pour crier. Ici, elle se fera de nouveau capturer, par Judd, et restera sa prisonnière tout le long du métrage. Mais elle se fera bien vite bâillonnée, et ainsi dans l’impossibilité de crier, ce qui ne l’empêchera pas de faire du bruit. Niveau casting, c’est plutôt un sans faute d’ailleurs, puisque Neville Brand est parfait dans son rôle, et apporte beaucoup de crédibilité, tandis que l’on retrouve, parmi ses clients, un tout jeune Robert Englund, jouant un sadique, Buck (dont la première phrase, qui est aussi la première du métrage, sera reprise dans Kill Bill Volume 1 par Tarantino !), et William Finley en mari de Marilyn Burns, pas très clair non plus, tout juste sortit de son expérience avec De Palma sur Sisters et Phantom of the paradise. Comme pour Massacre à la tronçonneuse, les acteurs apportent beaucoup de crédibilité aux personnages, et c’est pour cela que le film fonctionne, parvenant à distiller son ambiance glauque. Certains moments seront même plutôt intenses, comme le passage ou une petite fille est enfermée sous le motel. Niveau réalisation, ambiance et personnages, c’est donc un sans faute, mais le scénario s’avère vite un peu léger. Le final sera bien trop rapide et surtout très convenu et prévisible, tandis que certaines scènes ne semblent là que pour allonger la durée du métrage, et à se faire dénuder quelques femmes. Le scénario choisit donc par moment la facilité, mais n’empêche pas Le crocodile de la mort d’être une œuvre forte et glauque, malgré ses petits défauts.
Les plus
Le dernier grand film de Hooper
Ambiance poisseuse
Très glauque
Les moins
Crocodile peu présent
Certaines scènes, redite de Massacre à la Tronçonneuse
En bref : Seconde et dernière vraie réussite pour Tobe Hooper, l’ambiance est entre le glauque de Massacre à la tronçonneuse et le surréalisme total, avec ses décors et ses éclairages. Les personnages sont pour la plupart loufoques, et on retrouve de bonnes scènes d’hystéries. Une réussite.