Titre original : Inception
2010 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 2h28
Réalisation : Christopher Nolan
Musique : Hans Zimmer
Scénario : Christopher Nolan
Avec Leonardo DiCaprio, Marion Cotillard, Ellen Page, Cillian Murphy, Joseph Gordon-Levitt et Watanabe Ken
Synopsis : Cobb est un voleur expérimenté – le meilleur qui soit dans l’art périlleux de l’extraction : sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’un individu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu’il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l’univers trouble de l’espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d’avant – à condition qu’il puisse accomplir l’impossible : l’inception. Au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent faire l’inverse : implanter une idée dans l’esprit d’un individu. S’ils y parviennent, il pourrait s’agir du crime parfait.
Depuis quelques temps, Christopher Nolan est un des réalisateurs les plus en vus à Hollywood. Et pour cause, depuis son premier film en 1997 avec The Following, tourné en noir et blanc sur un an (à la manière d’un Peter Jackson avec Bad Taste, mais avec plus de talent heureusement), le monsieur n’a fait que parler de lui film après film. Tout d’abord avec Memento, thriller risqué dont l’histoire se déroule à l’envers (et qui fut une source d’inspiration pour Gaspar Noé et son Irréversible), puis avec Insomnia, remake d’un film Norvégien avec Al Pacino et Robin Williams, extrêmement prenant et maîtrisé, ce qui va le conduire à réaliser le reboot de la saga Batman, avec Batman Begins, qui donnait un bon coup de jeune à la saga en la rendant plus réaliste et humaine, et surtout en nous faisant oublier les ratages de Joel Shumacher (qui a réalisé pourtant deux bons films dans sa carrière, Génération Perdue et 8mm). Fort de ce succès, il enchaîne sur Le prestige, puis sur la suite de Batman Begins : The Dark Knight. Un film plus abouti, plus sombre encore, qui cartonna au point d’être dans les 5 plus grands succès au box office (depuis, Avatar est passé numéro 1, sic !). Il nous revient 2 ans après avec Inception, un film qu’il a écrit seul depuis pas mal de temps déjà, et qu’il peut mettre en image comme il le souhaite, avec une liberté totale et un budget plus que confortable (160 millions). Et honnêtement, Nolan corrige certains de ces défauts dans ce film et livre tout simplement un excellent film (mais pas le meilleur de l’année, il y a Shutter Island, avec qui il partage le même acteur principal : Leonardo DiCaprio. Quelle est loin l’époque de Titanic !)
Inception, grand film, grâce à divers éléments, mais pas film parfait pour autant. Le scénario d’abord, mais la mise en scène, l’interprétation, et également plusieurs autres facteurs que nous verrons par la suite, font de Inception un excellent film. Inception commence fort, malgré pas mal d’informations qui nous arrivent d’un coup. Bien que contenant pas mal d’action, nous pourrons dire que la première heure est surtout explicative, servant à préparer le spectateur pour l’heure et demi suivante, bien définir les personnages et leurs utilités, leur expliquer le concept du rêve emboité dans un autre rêve. Cobb (DiCaprio) est un extracteur, volant des informations dans les rêves. Il fonctionne en équipe, il lui faut un architecte pour construire le monde du rêve, un faussaire, toute une équipe prête à le suivre. Après une introduction déjà forte en action nous présentant 4 des personnages principaux (outre Cobb, il y a Arthur, son plus proche allié, joué par Gordon-Levitt que l’on retrouvera dans The Dark Knight Rises et Looper), Mall, la femme de Cobb, et Saïto, l’employeur), nous entrons dans le vif du sujet et dans la nouvelle mission impossible de Cobb : il ne s’agît cette fois pas d’un contrat d’extraction, mais d’inception, c’est à dire implanter une idée dans le subconscient de sa victime, afin que cette idée germe. La cible : le fils Fisher, dont le père possède une multinationale, et est mourant. Un contrat plus difficile, nécessitant une grande équipe (ils seront 6) et pas moins de 3 niveaux de rêves emboités dans le rêve. Aussi complexe tout cela puisse paraisse, jamais Nolan ne nous perd dans son intrigue et ses différents rêves, ceux ci étant toujours dans des univers bien différents, mais toujours réalistes. Car c’est là où Nolan ne fait pas l’erreur des autres films se déroulant dans le monde du rêve, monde où tout est permi. On pense à The Cell où la saga des Freddy, où le monde du rêve est toujours bien différent du monde réel et où tout est permis, mêmes les images les plus folles. Ici, Nolan reste sobre. La première partie, outre les explications pour ce qui va suivre, et le développement de la psychologie des personnages important pour la suite de l’aventure, nous emmènera aux quatre coins du monde, là où Cobb ira chercher sa nouvelle équipe. Cette première partie, riche en explications, joue néanmoins la facilité. Le spectateur ne sera jamais perdu dans l’histoire ou bien même surpris, puisque tout nous est apporté sur un plateau. Ainsi, Nolan explique lui même tout son film dans sa première heure, évitant ainsi toute surprise au spectateur.
Donc, Nolan nous explique tout en nous emmenant partout. Paris, Mombasa, les lieux sont variés et nous présenterons d’autres personnages, tous importants pour l’intrigue. Il y aura Arianne (fantastique Ellen Page, que l’on a vu dans les très bons Hard Candy et Juno), qui deviendra l’architecte, Eames (Tom Hardy, vu dans le très sympathique Rock N’ Rolla, puis incarnant Bane dans le dernier Batman), plus l’homme d’action de la bande, et Yussef (Dileep Rao, le tristement mauvais Jusqu’en enfer, de Sam Raimi). Cette partie pose les bases, nous offrre un aperçu des possibilités. Puis la mission commence, et le film nous entraîne dans un grand concentré à la fois d’action, mais de développement dramatique de certains de ces personnages, ce qui n’en fera pas un bête film d’action hollywoodien. En révéler plus sur l’histoire et les personnages serait spoiler pas mal d’éléments importants et surtout vous retirer beaucoup de plaisir. Concentrons nous ainsi simplement sur les points artistiques du film. Le scénario, comme déjà abordé, est passionnant, et comme dans Shutter Island, elle pourra avoir deux degrés de lecture une fois le film finit, et assimilé, et ce sera donc toujours un plaisir de revoir cet Inception. Scénario intelligent, développé, réussissant à marier sans problème action et scènes plus intimistes, il aurait été bête de gâcher tout cela avec le reste, mais ce n’est pas le cas, même si dans le fond, le scénario est parfois volontairement trop simple. La réalisation de Nolan est nette et sans bavure. Il corrige même certains défauts de ces précédents films. Ainsi, les scènes d’action, en plus d’être épiques comme souvent et de nous en mettre plein la vue, sont parfaitement lisibles (point que je reprochais à certaines scènes de The Dark Knight, notamment dans l’immeuble lors du final, ou lors de certains combats rapprochés). Ici, le spectacle est total, peu importe le rêve dans lequel les personnages sont. A ce niveau, le film procure également un plaisir immense grâce au montage ingénieux nous faisant passer d’un rêve à un autre, dans des univers totalement différent (une ville sous la pluie, un hôtel de luxe, une base sous la neige, voir même une ville en ruine). Malheureusement, la seconde heure du métrage ressemblera parfois à un trop plein d’action, comme si Nolan avait passé sa première heure à expliquer puis après, voulait juste divertir. La direction artistique et les effets spéciaux sont tout simplement monumentaux. Dans tout cela, l’interprétation n’est pas en reste, chacun est investit, chacun rempli sa part du contrat, que ce soit l’équipe en elle même, ou Marion Cotillard, personnage le plus dramatique du film. Pour nous achever, Hans Zimmer nous livre une partition grandiose donnant encore plus d’ampleur aux images, faisant de Inception un excellent film, bien qu’un peu déséquilibré.
Les plus
Un concept intéressant
De très bons acteurs
Mise en scène classe
Beaucoup d’action
Les moins
Première partie un poil trop explicative
La partie dans les montagnes, moins convaincante
En bref : Inception était le film de l’été et un des grands films de 2010. Un scénario pas con mais bien que trop expliqué et pas mal d’action pour mettre tout le monde d’accord.