Titre original : The Informant!
2009 – Etats Unis
Genre : Comédie policière
Durée : 1h48
Réalisation : Steven Soderbergh
Musique : Marvin Hamlisch
Scénario : Scott Z. Burns d’après le roman de Kurt Eichenwald
Avec Matt Damon, Scott Bakula, Joel McHale, Mélanie Lynskey et Thomas F. Wilson
Synopsis : Quelle mouche a donc piqué Mark Whitacre ? Pourquoi un des cadres supérieurs les plus brillants du géant agroalimentaire Archer Daniel Midlands (ADM) décide-t-il soudain de dénoncer les pratiques de sa société et de devenir le chevalier blanc du consommateur ? Se prend-il pour un justicier ? Un héros ? Espère-t-il une médaille ou la reconnaissance éternelle du bon peuple ? Avant d’obtenir tout cela, Whitacre va devoir fournir au FBI des preuves concrètes des manœuvres illicites d’ADM. Porter un micro, jouer les agents secrets… L’ennui, c’est qu’il a tiré lui-même des profits non négligeables des dites manœuvres, et que son témoignage, pour le moins… fluctuant, risque fort de compromettre le travail des enquêteurs. Peut-on se fier à cet homme à l’imagination galopante? Y a-t-il la moindre parcelle de vérité dans ses allégations?
Tiré d’un roman à succès, The Informant est le nouveau film de Soderbergh, très productif, comme toujours (il enchaîne depuis 2006, alternant le bon avec The Good German, Bubble ou Girlfriend Experience, et le moins bon avec Ocean’s thirteen). The Informant est son deuxième métrage à sortir cette année au cinéma après le très réussi Girlfriend Experience, et Soderbergh en profite une nouvelle fois pour tourner son métrage rapidement, avec la caméra Red One. Une caméra numérique ayant une magnifique qualité d’image, très maniable et permettant de tourner vite et la plupart du temps en lumière naturelle. Et comme souvent, Soderbergh est son propre directeur de la photographie. Il s’entoure d’un casting plutôt réussi, avec Matt Damon, qui tourne pour la 5ème fois avec lui, et qui démontre qu’il peut jouer toute sorte de rôle, et Scott Bakula, acteur culte de la série Code Quantum, et dans Le Maître des Illusions de Clive Barker (on pourra aussi citer le sulfureux et peu réussi Color of Night). Toutes les cartes sont là pour nous offrir une comédie d’espionnage réussie, et pourtant, le film ne fonctionne qu’à moitié, que ce soit au niveau de son scénario, de ses enjeux, ou même de sa mise en image. Au niveau de l’interprétation, rien à redire, Matt Damon et Scott Bakula sont tous les deux parfaits, et le reste du casting n’est pas en reste, souvent très en retenue, on retiendra particulièrement le jeu de Joel McHale en coéquipier de Bakula, et de Mélanie Lynskey dans le rôle de la femme de Damon. The Informant nous propose donc de suivre les aventures de Mark Whitacre (Matt Damon), un cadre dans une société qui fonctionne bien. Bien payé, il aime son travail, a une femme et un enfant. La vie semble paisible pour lui. Jusqu’au jour où, sans crier gare, et sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi, il décide de collaborer avec le FBI pour dénoncer les magouilles de son entreprise.
Cette trame, relativement simple, n’a rien de vraiment passionnante. Ce qui rendra finalement le début du film plutôt ennuyeux, difficile d’accès. Il est dur de se sentir concerné et intéressé par cette histoire, ces personnages, et il est donc très difficile, durant la première demi-heure, de rentrer dans le film. Les personnages sont nombreux, la voix off comique de Matt Damon, n’ayant souvent rien à voir avec le film, ne fonctionne pas. La mise en scène de Soderbergh, comme toujours carrée et professionnelle, peine à donner au récit un rythme, et la photographie du métrage semble plus chaotique par moment comparé à ces précédents films. Les images sont lumineuses et les lumières que l’on aperçoit sont beaucoup plus denses que dans les précédents films du metteur en scène, tournés avec la même caméra. Le rendu est moins exceptionnel que sur le Che ou Girlfriend Experience. Sans doute un parti prit, qui n’arrange pas notre capital sympathie envers le film. Le début s’éparpille un peu dans les situations, les personnages, et passé la première demi-heure, alors qu’on ne s’y attendait plus vraiment, on parvient enfin à rentrer dans le film. Et The Informant se révèle, malgré certains choix, enfin intéressant, parfois amusant, sans nous faire rire, mais sourire, et cela suffit amplement. Certes, les meilleurs passages étaient dans la bande annonce, mais on se laisse néanmoins surprendre par le jeu de Matt Damon, qui avouons le, a le film sur ses épaules. La réalisation de Soderbergh, pourtant intéressante, ne convient pas spécialement au sujet du métrage, et on préfère se laisser guider par cet homme, à priori propre sur lui, qui mène un combat avec le FBI pour démasquer ce qu’il considère comme une injustice. Damon est excellent, et surprenant de scènes en scènes, et c’est là que l’on comprend le choix de Soderbergh de traiter de son film du point de vue de la comédie légère.
Les péripéties et surtout la psychologie de Mark Whitacre sont tellement confuses et surréalistes que l’on en vient à douter que tout cela puisse arriver. L’ensemble semble gros, et le réalisateur s’amuse à aller toujours plus loin et à nous faire douter de Mark jusque dans la scène finale, ce que Matt Damon retranscrit à merveille. En le voyant, aux premiers abords, on pense à un chic type, bien sur lui, et en fouillant, on se permet de douter de beaucoup de choses, et avec lui, on se demande vraiment où s’arrête la vérité et où commence le mensonge, tant chacun de ses gestes et chacune de ses paroles sont en contradictions avec les précédentes. Manipule-t-il le FBI pour arriver à ses fins ? Sait-il lui même dans quoi il s’engage ? Seul lui le sait, si bien que les autres personnages ont toujours un train de retard (comme le spectateur) et qu’ils ne savent quoi penser de lui. C’est à ce petit jeu que The Informant se révèle concluant, mais il aura fallut attendre une première partie pour accepter certains choix et rentrer dans l’histoire, et faire abstraction de ce qui nous dérange dans le métrage. A partir de cela, on peut apprécier le film pour ce qu’il est : un film mineur dans la filmographie de Soderbergh, un film mineur tout court, mais parfois agréable et amusant, bien qu’un peu long, valant le détour pour Matt Damon, et le personnage qu’il interprète, haut en couleur.
Les plus
Matt Damon
Une réalisation carrée
Quelques moments drôles
Les moins
Un peu long
Simpliste
Pas toujours abouti
En bref : Une comédie légère pas inoubliable. On adhère, ou non. Matt Damon est génial dans son rôle.