KAKERA – A PIECE OF OUR LIFE (カケラ) de Andô Momoko (2009)

KAKERA – A PIECE OF OUR LIFE

Titre original : カケラ
2009 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h47
Réalisation : Andô Momoko
Musique : James Iha
Scénario :  Andô Momoko d’après Sakurazawa Erika

Avec Mitsushima Hikari, Nakamura Eriko, Mitsuishi Ken, Nagaota Tasuku et Katase Rino

Synopsis : Haru est une étudiante à l’université un peu réservée. Elle cherche à combler le vide dans son cœur, à être aimée. Son petit ami l’ignore totalement, sauf au lit, et il continue de voir à côté son ex régulièrement. Prise dans ce quotidien, elle finie par rencontrer un jour par hasard Riko, une prothésiste médicale, qui la drague.

Kakera, c’est le premier film de Andô Momoko, mais c’est aussi à la base un manga pour jeunes femmes assez populaire. Suffisamment pour qu’un film en soit fait. Un film qui contre toute attente s’avère une excellente surprise, grâce à l’ensemble de l’équipe. La simplicité de son histoire, la qualité d’interprétation des différents acteurs, les émotions qui traversent le métrage, sans oublier une bande son toute en nuance composée par James Iha (Smashing Pumpkins), déjà compositeur sur l’excellent Linda Linda Linda. Un grand travail d’équipe qui a porté ses fruits, mais qui ne s’avère pourtant pas être sans défauts. Dans un sens, le film se rapproche beaucoup du très sympathique Love My Life de Kawano Kôji (qui autre ce film plus posé a réalisé Cruel Restaurant et Attack Girls’ Swim Team VS The Undead pour les films sympathiques (et Ero Kowai 3 et 4 pour les moins sympathiques… différents donc). A savoir que l’histoire est intéressante, les liens entre les personnages réussis, mais la réalisatrice opte pour une mise en scène simple, très simple, et ne prendra jamais de parti ou n’ira pas trop loin dans certains domaines, comme pour ne pas choquer certaines catégories de personnes. Kakera est donc un film qui sonne juste, mais qui ne va pas aussi loin qu’on l’aurait souhaité. Le film nous propose de suivre le parcours de deux jeunes femmes. La première, Haru, est étudiante en langue étrangère à l’université. Elle est très réservée, ne se fait pas remarquer, a un petit ami, qui ne s’occupe d’elle que sexuellement entre une partie de jeu vidéo, un gros dodo, et une sortie avec son ex dehors. Pour jouer ce rôle, Andô Momoko choisit Mitsushima Hikari, la révélation de Love Exposure en 2008. Elle nous livre ici un jeu totalement différent. Très expressive et passant par beaucoup d’émotions différentes dans Love Exposure, ici, elle s’habille comme un garçon manqué, ne parle quasiment pas, n’aime pas montrer ce qu’elle ressent en public. Haru est un personnage qui se cherche, et qui cherche à combler un manque dans son cœur. Beaucoup de choses passeront par ses silences et ses non dits. Lorsqu’elle révélera ses sentiments, elle explose.

De l’autre côté, nous avons Riko, une jeune femme qui travaille comme prothésiste médicale. Très appliquée, plus ouverte au monde, elle s’affirme et n’hésite pas à se montrer aux autres pour se sentir bien et avoir ce qu’elle veut. Les deux personnages sont voués à se rencontrer, totalement par hasard, dans un café, et les deux jeunes femmes sont irrémédiablement attirés l’une vers l’autre. Haru cherche à combler un vide dans son cœur, Riko est habituée à faire cela, tout simplement par son métier. Pouvoir compléter le corps d’une personne qui a perdue un membre dans un accident ou par une maladie revient pour elle à combler un vide dans le cœur. C’est Nakamura Eriko, plus méconnue, que l’on a pu apercevoir dans un film de Iguchi  Noboru en 2006, qui s’occupera du rôle de Riko, avec beaucoup de talent. La réalisatrice nous fait évoluer dans cette gentille love story qui prend forme sans prendre de parti, alors qu’elle avait matière à développer bien plus certaines parties de son récit. Haru aura par exemple bien du mal à s’afficher en public avec Riko, à montrer son homosexualité naissante, à s’assumer finalement pleinement. C’est sans doute ce qui la rend attirante par ailleurs. Mais alors que la réalisatrice aurait pu nous montrer comment l’homosexualité est perçue par les autres, elle effleurera ce point lors d’une scène bien trop rapide pour se recentrer uniquement sur ses deux personnages principaux. Dans un sens, on peut la comprendre, Haru et Riko sont vraiment attachantes, mais encore une fois, peut être que le film aurait pu être plus fort avec un point de vue bien plus développé sur le sujet. Pour autant, Kakera fonctionne presque parfaitement sans ce développement. Presque car tout n’est pas parfait.

En effet, là où le scénario pourrait se suffire à lui même, la jeune réalisatrice (23 ans) prend le choix de réaliser son film avec simplicité. Choix intéressant, qui permet en effet de mieux apprécier certaines séquences. Les nombreuses scènes entre Haru et Riko fonctionnent parfaitement, leur premier rendez vous au zoo est un très beau moment, et la répétitivité de certains déplacements dans des lieux similaires, surtout au début, avec la gare, fonctionne à merveille. La réalisatrice parvient parfois astucieusement à passer d’un ton plus dramatique à un ton plus comique sans que cela ne choque ou semble forcé. Mais à d’autres moments, elle se laisse aller vers certains effets de styles gratuits ne fonctionnant jamais pleinement. Lors d’une scène banale dans la rue entre les deux jeunes femmes, une bouteille envoyée en l’air se changera en oiseau qui s’envolera. Ce genre d’effets gratuits et parfaitement inutiles font taches face au reste du métrage, beaucoup plus sobre et dénué d’effets de ce style. Paradoxalement, certains petits passages pourront paraître un poil trop long, alors qu’arrivé en fin de métrage, on aurait bien aimé pouvoir suivre encore un peu plus longtemps les aventures de nos personnages, leur nouveau départ, l’évolution de Haru en tant que femme qui s’accepte elle même. Kakera possède beaucoup de choses intéressantes, bien qu’étant un premier film imparfait, et possède de vrais moments de poésie simple. La musique, simple mais envoutante, de James Iha, accompagne à merveille les images et le vide contenu dans le cœur des personnages. Andô sera certainement une réalisatrice à suivre à l’avenir, en espérant qu’elle prenne parfois plus position et aille plus à fond dans son sujet, mais Kakera, pour un premier film, s’avère une bonne surprise.

Les plus

Un film simple et attachant

De très bons acteurs

Parfois drôle, parfois touchant

La splendide musique de James Iha

Les moins

Quelques facilités

Certains thèmes pas assez développés

En bref : Un premier film pas parfait et pas toujours assez poussé, mais porté par deux grandes actrices. Quelques bons moments de poésie.

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