Titre original : Compliance
2012 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h30
Réalisation : Craig Zobel
Musique : Heather Mcintosh
Scénario : Craig Zobel
Avec Dreama Walker, Ann Dowd, Ashlie Atkinson, Pat Healy, Bill Camp et Philip Etlinger
Synopsis : Lors d’un vendredi extrêmement chargé dans un fast food, Sandra, la gérante de ce commerce de la banlieue de l’Ohio reçoit un appel de la part de l’inspecteur Daniels, accusant l’une de ses employées d’avoir volé un client. Sandra, obéissant à tous les ordres de l’inspecteur, place Becky, l’employée, sous surveillance.
Aussi hallucinant cela puisse paraître, Compliance est tirée d’une histoire vraie. Un fait divers aussi hallucinant que terrifiant et stupide. En effet, un homme se fait passer pour un inspecteur de police et pousse une petite équipe d’un fast food à aller jusqu’au harcèlement sexuel. Et comme l’histoire dont il est tiré, le métrage s’avère hallucinant, terrifiant, et stupide. Tout commence pourtant bien, lorsque pendant les 15 premières minutes, le réalisateur, également scénariste de Compliance, nous présente les personnages principaux de son intrigue et l’environnement dans lequel ils vont évoluer. La caméra est quasi documentaire, les personnages sont crédibles et ne sont que des employés normaux comme ceux que l’on a l’habitude de fréquenter soit même au travail, ou ceux que l’on voit en allant dans un fast food. Le cadre est donc réaliste, documentaire par moment, et accroche le spectateur. Nous sommes vendredi, et suite à une erreur de l’un des employés, ce pauvre fast food va devoir faire face à la foule tout en étant en pénurie de bacon et de cornichons. C’est dans cet environnement classique et réaliste qui pourrait arriver tous les jours que Craig Zobel fait intervenir l’intrus, qui va réussir à manipuler tout le monde (ou presque) à sa guise en utilisant uniquement… un téléphone. Une imposture organisée par un homme (Pat Healy, convaincant) se faisant passer pour un inspecteur de police au bout du fil. Commençant la supercherie doucement, la rendant ainsi crédible et réaliste, il va petit à petit pousser le bouchon de plus en plus loin, sans avoir peur du ridicule. C’est de là que viendra le principal défaut du métrage au fur et à mesure de l’évolution de son intrigue.
Commençant doucement, la supercherie marche sur tous les personnages. Becky, la jeune caissière blonde, est accusée de vol. Sandra, la responsable du magasin, est au téléphone avec l’inspecteur Daniels, elle ne sait que faire, mais face à l’autorité et au langage approprié de l’inspecteur, accepte d’obéir à toutes ces requêtes. Même si le spectateur, lui, sert pertinemment qu’il s’agît d’une supercherie, les échanges sont tout à fait crédibles et on n’a aucun mal à croire les réactions des personnages, logiques. Volontairement, pour faire durer son suspense (car après tout, juste pour une supercherie téléphonique, le réalisateur étire son métrage sur 1h30), Craig Zobel ne montrera pas durant les 40 premières minutes de son métrage l’inspecteur. Il n’est qu’un fantôme au bout du fil, l’homme qui donne des ordres et qui pourrait se situer n’importe ou, à l’intérieur du magasin, sur le parking, dans une boutique alentours. Toute cette longue première partie sera d’ailleurs la plus crédible. Le faux inspecteur détaille la situation, donne des informations, se fait crédible, propose des choix à Sandra et Becky : une nuit au poste, ou bien rester dans l’arrière boutique en observation et se faire fouiller en attendant l’arrivée des renforts. La caméra colle au plus près des personnages pour renforcer l’aspect documentaire, les décors sont minimalistes (un bureau, une salle de repos, une salle de surveillance), les acteurs tous parfaits et crédibles, la musique discrète pour renforcer la lourde ambiance qui s’installe. Humiliée, Becky doit répondre d’une histoire qu’elle ne comprend pas. Jeune fille banale comme on en voit tous les jours, se plaignant de ses horaires, collée à son portable, une fille, oui, banale, mais en aucun cas une criminelle. Le réalisateur joue d’ailleurs sur cet aspect pour rendre crédible l’avancement de son intrigue. Sandra elle, est une responsable normale, bientôt fiancée, plutôt gentille avec son personnel, sûre d’elle, qui n’a rien à se reprocher. Des personnages naïfs dés qu’ils ont quelqu’un de crédible et intelligent au bout du fil.
Dès que le réalisateur se décide à montrer enfin la personne au bout du fil, il ne le sait pas encore, mais il envoi son film directement dans le mur, puisque c’est à partir de là que le personnage, en fait confortablement installé chez lui, décide de pousser le bouchon un peu trop loin. Oui, le réalisateur veut nous montrer que les personnages sont stupides et se font facilement avoir. Mais entre se faire facilement avoir (le début est très crédible je rappelle) et être un stupide pervers et soumis, il y a une grosse différence. Si dans la première partie, Becky subit par Sandra et une autre collègue une fouille et devra se déshabiller, la pauvre est humiliée mais dans le contexte de l’histoire, cela reste crédible et le fait que ce soit une histoire vraie n’a rien d’étonnant. Quand le faux inspecteur et grand pervers profite du fait qu’une personne de sexe masculin prend le relais pour surveiller Becky, le film s’écroule de lui même. Le réalisateur insiste sur l’aspect glauque de son histoire vraie, et il faut l’avouer, en terme de mise en scène, avec ses gros plans laissant les acteurs s’exprimer pleinement, il réussi son coup, mais perd toute sa crédibilité et donc l’intérêt des spectateurs. Comment ne par sourciller lorsqu’un soit disant inspecteur au bout du fils pour dit que Becky doit sauter sur place pour voir si de l’argent n’est pas caché dans ses orifices, ou de lui mettre la fessée quand elle n’est pas sage ? Les personnages eux, sous peine que l’inspecteur est sérieux et crédible, cèdent à tout. Que cela soit arrivé en vrai prouve la stupidité des hommes dés qu’on arrive à se les mettre dans la poche. Pour autant, dans le métrage, si leur stupidité explose au grand jour, le procédé énerve. Parce que personnellement, un inspecteur au téléphone qui met plus de 10 heures à arriver sur place et me demande de mettre la fessée ou d’accepter une gâterie, je flaire la supercherie à dix kilomètres. La stupidité optimale dans cette situation du personnage de Van, fiancé de Sandra, ne joue pas en la faveur du film et le détruit totalement, malgré l’arrivée tardive d’un nouveau personnage, qui lui, fort heureusement, aura les pieds sur terre.
Les plus
Une réalisation quasi documentaire qui accroche
Les acteurs parfaits et investis
Le début bien prenant
Les moins
Plus ça avance, moins c’est crédible
Le personnage de Van
En bref : Compliance veut faire dans le choc en se basant sur une histoire vraie terrifiante mais stupide. En résulte un film tour à tour terrifiant et prenant, puis stupide et énervant.