Titre original : Xi Hei Qian – 洗黑錢
1990 – Hong Kong
Genre : Action
Durée : 1h42
Réalisation : Yuen Woo Ping
Musique : Richard Yuen et Tang Siu-Lam
Scénario : Fong Chi-Ho, Patrick Yuen et Kim Yip
Avec Donnie Yen, David Wu, Rosamund Kwan, Robin Shou, Carol Cheng, Cynthia Khan, Leung Lam-Ling, Lo Lieh, Michael Woods et John Salvitti
Synopsis : Alors qu’il est en plein divorce, l’ex inspecteur Yan est mêlé à la disparition d’une mallette contenant des millions de faux dollars. Alors qu’il mène lui même sa petite enquête, il est rapidement, ainsi que l’avocate de sa femme, Mandy, soupçonné de meurtre. Mafia comme policiers sont à leurs trousses.
Après avoir, comme beaucoup, tenté de se renouveler en se dirigeant vers le polar en 1988 avec le premier Tiger Cage, Yuen Woo Ping remet le couvert rapidement en mettant en scène en 1989 le quatrième opus de la saga In The Line of Duty (Le Sens du Devoir), avant de revenir en 1990 avec une fausse suite à Tiger Cage. Car dans le fond, ce second opus est bien plus proche des habitudes du réalisateurs, puisque si le premier était un polar sombre, avec son lot de fusillades, le tout mâtiné de quelques combats, ce sont eux ici qui dominent le métrage. Du premier opus, il ne reste donc pas grand-chose. L’histoire n’a plus aucun lien, si le fond reste légèrement policier, on se retrouve bien plus devant un film d’action, voir d’arts martiaux. Certains acteurs reviennent, parfois dans des rôles similaires (Michael Woods par exemple), d’autres non, et Yuen Woo Ping semble parfois s’en amuser. En effet, Donnie Yen, qui n’avait finalement qu’un rôle secondaire dans le premier, occupe le devant de la scène, tandis que Carol Cheng, qui tenait l’un des rôles principaux du premier film, se volatilise ici après même pas dix minutes. Aux côtés de Donnie Yen, Yuen Woo Ping place Rosamund Kwan, toujours aussi charmante, aperçue dans de très nombreuses productions signées Jackie Chan (Project A 2, Armour of God) ou Sammo Hung (Twinkle Twinkle Lucky Stars). Et justement, ce n’est pas un hasard, puisque le ton de ce second Tiger Cage est beaucoup plus léger que celui du premier.
Pas de polar sombre donc où chaque personnage peut disparaître sans prévenir suite à une morte violente et expéditive, le ton est ici clairement à la comédie, et Rosamund Kwan joue un rôle très similaire aux autres métrages cités ci-dessus. Donnie Yen nous donne l’action, Rosamund Kwan nous donne l’humour, et voilà notre duo de choc. Comme souvent dans les métrages de l’époque, ça fonctionne, si l’on adhère un minimum à l’humour, un brin (beaucoup ?) stupide, et le duo fonctionne véritablement. L’action est donc forcément au rendez vous, Donnie Yen en tête d’affiche oblige, et encore une fois, on ne se moque pas de nous, le final du métrage réservant de biens grands moments que l’on serait tenté de regarder parfois plusieurs fois d’affilé. Mais bien entendu, il y a une ombre au tableau, une grosse ombre. Si le premier opus commençait doucement avant de ne plus s’arrêter pendant les 40 dernières minutes, en nous donnant au passage quelques moments un peu niais de trop, cet opus va faire en quelque sorte la même chose, mais sans avoir la même rigueur, au niveau du scénario, et du rythme. Le début sera plutôt laborieux malgré quelques bonnes idées par-ci par-là (le grand classique maintenant : les deux personnages menottés qui doivent fuir, déjà vu dans Project A 2 justement). La raison ? Un scénario moins abouti et pas forcément toujours subtil. Pas de surprise ou de suspense ici, non, le grand méchant (Robin Shou, plus connu du public occident pour son rôle dans Mortal Kombat, mais également vu dans le grand final de L’Exorciste Chinois 2) nous est montré très rapidement, toutes les situations s’enchaînent avec un hasard parfois un peu trop grand, certaines scènes pas franchement réussies s’éternisent un peu trop, et ne semblent être là que pour amener le combat suivant. Pour ne pas aider, la plupart des acteurs cabotinent à fond, Rosamund Kwan le fait et son rôle l’exige, et Donnie Yen en rajoute parfois un peu trop, malgré le rire déclenché par certains dialogues (un culte « Je vais te violer ça te donnera une raison de pleurer ! »).
Formellement, en écriture, jeu d’acteur et enjeux, Tiger Cage 2 est en dessous du premier opus. Heureusement, l’humour fonctionne plutôt bien, et l’action, belle et bien présente (quoi que tardant parfois à vraiment arriver) vaut largement le détour et donne envie de pardonner certains défauts, tant dans ses moments-là le plaisir est total. Poursuivis par tous, Donnie Yen devra en découdre avec pas mal d’adversaires, ce qui lui permet de montrer toute l’étendue de son talent. Le métrage sera parsemé de courts combats dans lesquels Donnie Yen nous montre tout ce qu’il a dans le ventre, mais ce n’est rien comparé au grand final, qui enchaîne les moments de bravoures, avec pas moins de trois combats, quasiment les uns à la suite des autres. On pourra comme toujours se dire que le tout dernier combat est un peu court et aurait pu être plus long, mais ce serait bouder son plaisir et chipoter, tant ce qui précède ne s’oublie pas, à commencer par le combat au sabre contre John Salvitii, très grand moment, rendant hommage à Highlander. Un combat d’une rapidité d’exécution exemplaire, et de techniques souvent impressionnantes, comme les combats qui suivent, avec Michael Woods et Robin Shou. Ces grands moments sur la fin nous laissent forcément sur une très bonne impression. En terme d’action, aucun doute là dessus, cette fausse suite enterre le premier opus, et de très loin.
Les plus
Les combats, phénoménaux
Le duo Yen – Kwan qui fonctionne bien
Les moins
Scénario moins intéressant
Ça surjoue parfois
En bref : Tiger Cage 2 est une fausse suite différente, plus basée sur l’action. Celle ci est de haute volée et impressionne, tandis que le film souffre en général de quelques défauts. Dommage.