Titre original : Scott Pilgrim VS The World
2010 – Canada
Genre : Action
Durée : 1h52
Réalisation : Edgar Wright
Musique : Nigel Godrich, Beck
Scénario : Edgar Wright et Michael Bacall d’après le comic de Bryan Lee O’Malley
Avec Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Kieran Culkin, Chris Evans et Brandan Routh
Synopsis : Scott Pilgrim est un jeune garçon comme les autres, qui fait parti d’un groupe de rock, les Sex Bob’Omb. Venant de s’engager dans une relation avec Chau, une chinoise, afin d’oublier son ex, Envy, il tombe alors sur la fille de ses rêves, Ramona Flowers. Mais il ne pourra sortir avec que s’il arrive à combattre ses 7 ex-petits amis.
Scott Pilgrim, c’est un projet qui dés le départ avait tout pour exciter le spectateur. Du moins une certaine catégorie de spectateurs : les geeks. A la base, Scott Pilgrim, c’est une saga de six comic book créée par un Canadien : Bryan Lee O’Malley. A la réalisation et au scénario, on retrouve Edgar Wright, bien connu des amateurs d’humour pour avoir signé en Angleterre tout d’abord la série Spaced (deux saisons de 6 épisodes chacune, inédits en France), et surtout les films Shaun of the Dead et Hot Fuzz. Un réalisateur nourri de culture jeu vidéo et de cinéma de genre depuis son plus jeune âge, ce qui se retrouve dès ses premières réalisations. Résultat : un plantage total au box office pour un film qui deviendra rapidement culte. Comme le dit le réalisateur avec humour, il faut toujours un film maudit dans une filmographie. Car niveau box office, Scott Pilgrim est un film maudit. Le résultat à l’écran quand à lui est excellent. Un best of de tout ce qu’un geek de base aime, et ce dès la scène d’ouverture, parodiant Star Wars (Not a long time ago…), incluant une musique inspirée des jeux vidéos Zelda, présentant les personnages à la façon d’un jeu de rôle. Ainsi, Scott Pilgrim, c’est un peu un jeu vidéo géant, avec de vrais acteurs, sauf que l’on n’a aucune manette en main (ce qui n’empêche pas le plaisir d’être là), et qui s’avère d’un excellent niveau, encore plus si on le compare aux vraies adaptations de jeux vidéo. Scott Pilgrim parvient en effet à en retranscrire l’univers, les bases, que ce soit de mise en scène ou scénaristique. Un tour de force en quelque sorte, qu’aucun film n’avait réussit à retranscrire jusque là (si ce n’est peut être Hyper Tension 1 et 2 pour leur univers et rythme très jeux vidéo). On suit donc pendant 1h50 les péripéties de notre héros, Scott Pilgrim, joué par Michael Cera, que l’on a pu découvrir précédemment dans l’excellent Juno. Il trouve peut être l’un de ses meilleurs rôles, ou du moins celui qu’il joue à la perfection, avec un grand mélange de naïveté, de fragilité, et parfois de détermination.
A la manière d’un jeu vidéo, il devra, après sa rencontre avec Ramona (jouée par la craquante Mary Elizabeth Winstead qui change souvent de couleur de cheveux dans le métrage) surmonter 7 niveaux, où à chaque fois, il devra affronter un « boss de fin » : un des 7 ex maléfiques de Ramona. Chaque ennemi ayant ses particularités, ses points faibles, ce qui donnera à l’image des combats dynamiques, variés, beaucoup d’humour, et beaucoup de musique. Scott fait en effet parti d’un groupe, et les interludes musicaux seront nombreux. Les chansons sont d’ailleurs excellentes, surtout les paroles, et ces morceaux sont joués par le groupe Beck. Il y a d’autres groupes dans le film, et certains passages, voir même certains boss, seront musicaux, ce qui ne pourra faire que plaisir aux amateurs de Guitar Hero. Scott Pilgrim touche en effet à un peu tous les styles de jeux vidéo, et les hommages et clins d’œil seront extrêmement nombreux : Super mario, Legend of Zelda, Guitar Hero, Soul Calibur, Tony Hawk… On aura droit à tout ça, et bien plus encore, avec des passages sur borne d’arcade, des combos, des combats à plusieurs, des barres de vies à l’écran, des continues, des game over. L’esthétique même du film fait très jeu vidéo, avec comme indiqué plus haut, des barres de vies à l’écran, des indications du nombre de vies, des KO, des effets lors des impacts des coups ou lorsque la musique est jouée, ou carrément des mots à l’écran lorsque les coups sont puissants. Bien entendu, tout cela pourrait lasser rapidement si le reste ne suivait pas. Mais Scott Pilgrim fait quasi un sans faute. Le scénario, de prime abord simpliste (c’est quand même en parti le cas) s’avère plutôt juste lorsqu’il s’agît de dépeindre la difficulté des relations, et surtout la difficulté de la fin des relations amoureuses. Mais tout cela reste assez en arrière plan, pour laisser libre cours aux affrontements, à l’humour, et à la folie visuelle du réalisateur.
À ce niveau, on ne pourra que saluer Edgar Wright, qui en plus de nous offrir un scénario vraiment drôle bien que parfois trop simpliste (cela se ressent tout de même un peu sur la fin), signe là une mise en scène de haute volée. Sa mise en scène rythme totalement le film, avec des effets de mise en scène parfois hallucinants, des écrans splittés, des changements dans le format de l’image. Encore mieux, les changements de scènes essayent d’éviter autant que possible les habituels fondus au noir, fondus à l’image et autres plans de coupes pour donner un vrai rythme visuel au métrage. Ce qui est parfaitement réussi et montre à la fois un grand sérieux, une grande maîtrise et une très grande préparation de la part de toute l’équipe. Inventive et dynamique, la réalisation l’est assurément, rythmant visuellement le métrage de manière frénétique, et nous offrant ainsi un pur plaisir visuel, une expérience totalement inédite au cinéma qui mérite d’être découverte. Certes parfois moins poussé scénaristiquement que les autres films du réalisateur, mais tellement fun et réalisé pour le plaisir des geeks qu’il est dur d’y résister. Parfois débile, parfois plus sérieux, mais toujours amusant, et varié dans ses affrontements, entre l’acteur de cinéma d’action, la lesbienne, le chanteur au pouvoirs mystiques, la star du rock végétalien, les jumeaux musiciens, on a vraiment de quoi faire..
Les plus
La mise en scène ultra rythmée
Les acteurs
L’aspect jeu vidéo
Les hommages
Les moins
Scénario un peu léger, mais pas vide
En bref : Un jeu vidéo sur grand écran. Parfois trop simpliste dans son scénario et ses péripéties, mais un vrai plaisir de geek enfin réalisé. C’est fun et ça va vite sans se prendre au sérieux.