1999
Studio : Konami
Editeur : Konami
Genre : Survival Horror
Multijoueur : Non
Joué et testé sur : Playstation et 3
Existe sur : Playstation 1 et 3
Synopsis : Alors que Harry Mason est en voiture avec sa fille Cheryl pour partir en vacances dans la petite ville de Silent Hill, ils sont victimes d’un accident. À son réveil, Harry remarque que Cheryl a disparue, et que la ville de Silent Hill n’est pas si accueillante que ça, et plongée dans un brouillard constant. Avec l’aide de Cybil, une policière égarée sur les lieux, il va partir à la recherche de sa fille.
En 1999, Capcom avait le monopole d’un genre bien spécifique sur la première Playstation, à savoir le survival horror, genre créé quelques années plus tôt avec Alone in the Dark. Cette année là, c’était l’épisode 3, Nemesis, qui sortait au Japon et aux Etats Unis (Février seulement de l’année suivante pour l’Europe). Mais la boite Konami va venir bouleverser ce petit monde de l’horreur vidéoludique en offrant au public un jeu culte qui va radicalement changer le genre en lui même. Car s’il sera bien question d’horreur comme pour la saga Resident Evil, la façon dont Konami va aborder l’horreur sera différente, plus psychologique. Resident Evil nous faisait affronter des zombies et autres créatures mutantes dans une intrigue très « américaine » (sociétés, virus, contamination), tandis que Silent Hill va nous balancer dans une histoire sombre et brumeuse (comme le jeu), avec une ambiance dérangeante. La peur se fait donc totalement différente, Resident Evil jouant avant tout sur les sursauts, alors que Silent Hill va s’amuser à nous torturer et ce dés les premiers instants en nous plaçant dans une ambiance glauque, sombre, désespérée, dérangeante.
Quinze ans après sa sortie, Silent Hill premier du nom parait vieillot à une époque où les jeux se rapprochent de plus en plus d’un visuel semblant réel. À sa sortie finalement, Silent Hill paraissait déjà daté et pas franchement très beau. Oui, le jeu optait pour des plans en 3D, le joueur pouvait changer certains angles de caméra tandis que d’autres étaient précalculés (comme dans Resident Evil), et ce n’était pas toujours très beau. Certaines textures sont baveuses, la modélisation parfois hasardeuse, on pourra crier contre certains angles de caméra, contre certains soucis de collisions. Le studio a eu beaucoup d’ambitions avec Silent Hill, tellement que le visuel a du en payer le prix. Et pourtant, malgré ce côté assez moche, Silent Hill fait preuve d’une recherche et d’une cohérence artistique à toute épreuve et absolument géniale. C’est glauque, les environnements sont cohérents et recherchés, certains niveaux marquent par leur idée, la mise en scène fait son travail, si bien que même les premiers instants du jeu nous plongent dans l’ambiance et font flipper. Les développeurs ne s’en cachent pas, une de leur inspiration principale fut le métrage L’échelle de Jacob de Adrian Lyne, petit bijou qui mériterait d’être plus connu (et dont un remake serait en route…). Cela s’en retrouve dans l’univers graphique et certaines créatures que l’on affronte. On pourra également penser par moment au cinéma de David Lynch et David Cronenberg, mais aussi aux écrits de H.P. Lovecraft, rien que ça.
Si le jeu ne se fait pas très beau, il comporte une direction artistique exemplaire créant un univers à part, original dans le monde du jeu vidéo. Mais il en fallait plus pour faire de Silent Hill un jeu culte et surtout le début d’une longue saga continuant encore aujourd’hui, pour le meilleur mais parfois le pire. Dans le fond, le jeu reprend certains mécanismes propres aux survival horror de l’époque. On avance dans des environnements, on récupère des objets, des clés pour ouvrir des portes, on tombe sur des énigmes plus ou moins dures, et on affronte ou fuit des monstres. Rien de bien neuf, même si les énigmes se font plus difficiles que celles d’un Resident Evil. Autre grand changement, on incarne pas cette fois-ci un membre de la police ou d’un commando qui commence armé d’un pistolet, non, nous jouons monsieur tout le monde, un père de famille qui n’a aucune formation militaire, ne sait pas se battre ni utiliser correctement une arme à feu. Cet aspect pourra en énerver plus d’un, car il faut bien avouer que la maniabilité est bien rigide et que les coups donnés avec les armes trouvés (un tuyau en métal, une pioche, un couteau) sont lents et parfois approximatifs. Cependant, il ne faut pas oublier que l’on incarne un personnage humain comme n’importe qui, et que cet aspect vient augmenter le sentiment de peur, celle de mourir au détour d’un couloir. Et des couloirs, il va y en avoir, que ce soit dans une petite maison, dans une école, dans des égouts et j’en passe.
Les niveaux sont variés, et deviendront des classiques dans la saga : l’école, l’hôpital. Surtout que la plupart du temps, la ville de Silent Hill s’emballe pour nous plonger dans un univers altéré encore plus glauque et flippant que le monde réel, déjà légèrement étrange avec sa brume constante, son absence d’habitants, ses traces de sang et ses sons étranges. Les monstres quand à eux ne seront pas la plus grande réussite de ce premier opus, étant finalement assez mal modélisés et assez répétitifs. Bien entendu, on aura droit à plusieurs boss, pas tous exceptionnels, mais parfois bien trouvés (le papillon géant). Jusque là, Silent Hill fait fort malgré ses défauts, mais un élément supplémentaire vient rendre l’expérience inoubliable voir traumatisante. Non pas son scénario (astucieux et intéressant ceci-dit bien entendu), mais par son ambiance musicale. Présent sur tous les opus (à part le dernier, Downpour) Yamaoka Akira se charge de créer l’ambiance sonore, que ce soit la musique ou les bruitages, donnant vie à l’univers de Silent Hill. À l’image de son histoire et de son ambiance visuelle, ses compositions seront torturées, uniques, inoubliables, et contribuera au succès de la saga.
Parfois un peu classique dans son déroulement et surtout un peu daté visuellement et ce dés sa sortie, Silent Hill demeure un jeu culte et marquant malgré tout, ouvrant la voie à une saga culte en perte de vitesse depuis plusieurs années cependant. Souvent stressant, parfois traumatisant, l’expérience se termine assez rapidement mais reste assez dense pour passionner sur toute sa durée. Aujourd’hui, on lui préférera bien entendu les épisodes 2 et 3 sortis sur Playstation 2, plus aboutis visuellement (et même superbes) et à l’ambiance encore plus étouffante, mais voir un tel jeu débarquer sur Playstation 1 en 1999 faisait indéniablement du bien. La saga était lancé, la peur et la rouille ne nous lâcheront plus.
Les plus
Une ambiance unique
Glauque et malsain au possible
Les musiques contribuent à l’ambiance
Un scénario solide
Les moins
Finalement assez court
Assez moche et dépassé
En bref : Une ambiance glauque et une expérience unique nous font oublier quelques défauts comme un graphisme pas toujours très beau pour nous plonger dans les débuts de cette longue saga.