Titre original : The Raid 2 Berendal
2014 – Indonésie
Genre : Action bien violente
Durée : 2h30
Réalisation : Gareth Evans
Musique : Joseph Trapanese
Scénario : Gareth Evans
Avec Iko Uwais, Arifin Putra, Tio Pakusodewo, Oka Antara, Alex Abbad, Cecep Arif Rahman, Julie Estelle et Very Tri Yulisman
Synopsis : Après un combat sans merci pour s’extirper d’un immeuble rempli de criminels et de fous furieux, laissant derrière lui des monceaux de cadavres de policiers et de dangereux truands, Rama, jeune flic de Jakarta, pensait retrouver une vie normale, avec sa femme et son tout jeune fils…. Mais il se trompait. On lui impose en effet une nouvelle mission : Rama devra infiltrer le syndicat du crime, où coexistent dans une sorte de statu quo mafia indonésienne et yakusas. Sous l’identité de « Yuda », un tueur sans pitié, il se laisse jeter en prison afin d’y gagner la confiance d’Uco, le fils d’un magnat du crime indonésien – son ticket d’entrée pour intégrer l’organisation. Sur fond de guerre des gangs, il risquera sa vie dans un dangereux jeu de rôle destiné à porter un coup fatal à l’empire du crime.
The Raid premier du nom avait fait l’effet d’une bombe au moment de sa sortie, et même avant, et ce malgré un résultat décevant dans les salles françaises, comme souvent il faut bien l’avouer. Huit clos dans un immeuble, proposant une partie de cache-cache entre flics et truands, avec fusillades (peu) et combats (beaucoup) à la clé, on ne pouvait que saluer ce que Gareth Evans, son réalisateur, avait fait avec peu d’argent. Tout en n’oubliant pas ses défauts, comme un scénario totalement vide, des décors qui se ressemblent beaucoup et quelques moments moins intéressants, The Raid demeurait un excellent film d’action. L’annonce de The Raid 2, avec plus d’action, plus de lieux, plus de budget, et surtout une histoire faisait saliver, et les bandes annonces circulant un peu partout quelques mois avant sa sortie également.
En France, on aura dû attendre Juillet pour voir le film en salles, tandis qu’il sortait en dvd et blu ray dans d’autres pays. Bref, cette fois-ci, Gareth Evans vise haut, très haut, trop haut peut-être, et nous balance un film annoncé comme le meilleur film de tous les temps à la gueule, un film de 2h30 tout de même. Après le raid de la police dans un immeuble, on retrouve à peine quelques heures après le peu de survivants, dont Rama, le héros (forcément hein), qui va devoir cette fois-ci infiltrer un clan. Et pour se faire, aller en prison, prendre une fausse identité, et bien entendu risquer sa vie. Une histoire vue et revue, un peu clichée, mais qui parfois révèle de bonnes surprises, comme dans Infernal Affairs (qui semble avoir inspiré plusieurs scènes, dont une très voyante en dernière partie de récit) où New World, classique mais bien construit et avec des moments tout en tension.
The Raid 2 est-il dans cette catégorie ? Oui et non ! Comme son ainé, The Raid 2 propose beaucoup de bonnes choses, mais contient aussi son lot de défauts, plutôt gênants suivant l’optique dans laquelle on regarde le métrage. Parlons déjà de son point faible, à savoir son scénario. Rien de bien surprenant, avec ces flics infiltrés, ses mafieux, ses deals, coups dans le dos, mise à mort. Gareth Evans décide tout de même d’aller dans la simplicité et le déjà vu, et d’étirer l’ensemble sur 2h30. La première heure, probablement la moins excitante malgré des excès de folie, de violence, et de génie, pose les bases. On nous présente tous les personnages, nombreux, entre le truand, ses associés, son fils duquel Rama va s’approcher en prison, le réalisateur tente parfois de dynamiser l’ensemble en jouant avec sa narration, surtout dans la première demi-heure, en prison, mais il manque clairement quelque chose. Le scénario semble parfois prétexte (comme le premier il faut dire), et c’est lorsque le réalisateur se focalise sur les combats et sur ses personnages plutôt que son intrigue que le métrage prend son envol.
Car il faut le dire, si sa dernière heure est des plus réussie, c’est car le réalisateur décide de se focaliser uniquement sur ses éléments, à savoir iconiser ses personnages, et nous donner de l’action en veux tu en voilà, en enchaînant les moments cultes, et en laissant sa classique trame de côté, et ce malgré des choix étranges. Pourquoi par exemple amener dans le métrage deux grands acteurs japonais (Endô Kenichi et Matsuda Ryûhei) si ce n’est pour n’en faire que des figurants qui ne changent pas grand-chose à l’intrigue même ? Le fait de reprendre Yayan Ruhian dans le casting (le grand bad guy du premier opus et chorégraphe du film) est également assez troublant, puisqu’il garde relativement le même look d’un film à l’autre, pour un rôle totalement différent. Mais à côté de ça, quand la dernière heure du film s’engage, Evans retourne à ce qu’il fait de mieux : nous offrir le spectacle jouissif que l’on attendait. Parsemé jusque là de plans iconiques forts réussis et de quelques combats à la violence sèche, Evans se lâche dés qu’il insère dans le récit deux nouveaux personnes (déjà peuplé de très nombreux personnages il est vrai), deux tueurs, un homme avec une bâte et une femme avec deux marteaux. Mutiques, ces personnages envahissent l’écran, crèvent l’écran même, et nous délivrent des scènes prenantes et violentes. Dommage que ces personnages ne soient pas plus exploités à l’écran.
Toujours est-il que dés leur apparition, The Raid 2 se fait le grand moment d’action que l’on attendait. L’attaque de train, une course poursuite en voiture, des combats à 1 contre 50, le tout s’enchaîne avec une réelle fluidité dans des plans souvent virtuoses et ingénieux, et nous scotche à notre siège, nous en donnant pour notre argent. Les moments jouissifs s’enchaînent, la violence explose, les combats se font plus techniques et impressionnants (si bien que dans la salle où j’ai pu voir le film, le public applaudissait à la fin des scènes), et Gareth Evans ne nous laisse pas le temps de nous reposer. Il nous livre dans sa dernière heure un grand moment d’action, intense et jouissif, nous rappelant pourquoi nous étions venus dans la salle, et nous faisant alors oublier quelque peu les ratés de début de métrage. Alors oui, The Raid 2 n’est pas le chef d’œuvre annoncé, il possède quelques défauts dans le fond (scénario trop classique, trop de personnages), mais il délivre parfaitement la marchandise à côté de cela (action de haute volée, courses poursuites folles, personnages forts). Gareth Evans a sans doute voulu en faire un peu trop, et reste très ambitieux, et dans le fond on ne pourra pas lui reprocher.
Les plus
L’action, énorme et violente
Les deux tueurs
Une mise en scène qui tente des choses et privilégie les longs plans
Des moments ultra jouissifs
Les moins
Un fond ambitieux, et donc qui s’éparpille parfois
Sans doute un peu long
En bref : The Raid 2 place la barre très haut au niveau de l’action, tout en décevant par d’autres aspects. Un excellent moment tout de même, qui passe encore mieux à la seconde vision, quand on sait à quoi s’attendre.