Titre original : Magic Magic
2013 – Etats Unis / Chili
Genre : Thriller
Durée : 1h37
Réalisation : Sebastian Silva
Musique : Danni Bensi et Saunder Jurriaans
Scénario : Sebastian Silva
Avec Juno Temple, Michael Cera, Emily Browning, Catalina Sandino Moreno et Agustin Silva
Synopsis : Pendant ses vacances au Chili, Alicia, une jeune américaine réservée, se retrouve embarquée par sa cousine Sara et sa bande d’amis sur une île isolée. Personne ne fait vraiment d’effort pour intégrer Alicia. Elle se replie de plus en plus sur elle-même et commence à perdre peu à peu ses facultés mentales sans que le groupe n’y prenne garde…
En voilà un film étrange, non dénué de qualités, mais qui demande aux spectateurs du courage et de la patience pour trouver sous quel angle l’aborder. Oui, Magic Magic est un film trompeur, un film pas comme les autres, dont on ne peut nier ses grandes qualités, mais auquel il faut s’accrocher. Oui, la mise en scène est très belle bien que le réalisateur semble trop insister sur ses plans, oui le scénario veut et parvient à surprendre mais manque quelque peu de rythme, oui les acteurs sont exceptionnels mais certains personnages sont fades et ne servent pas à grand-chose. Film d’extrême, film d’expérimentation, film à la croisée des genres, film peu facile d’accès aussi, Magic Magic est un peu tout ça à la fois, et pour ceux qui ne feront pas l’effort, le film se soldera par un ennui profond, voir un arrêt en cours de visionnage. Car Magic Magic commence comme un film pour teen. Une jeune américaine, Alicia, en vacances au Chili avec son amie Sarah et plusieurs de ses amis, qui se retrouvent coupés du monde sur une petite île. Classique me direz-vous ? Pourtant, ce début est trompeur, puisque Magic Magic ne vire pas au slasher comme on aurait pu s’y attendre. Et même, cette première partie surprend, puisque s’ouvrant sur quelques plans magnifiques du Chili, puis sur Michael Cera (éternellement jeune celui-là, pas possible autrement !) dansant au ralenti. Ça vaut de l’or je vous le dit. Surtout que chaque acteur, du moins pour les trois principaux, les autres personnages étant souvent un peu trop en retrait ou pas assez développés, jouent des rôles à l’opposé de ce qu’ils nous ont habitués.
À l’exception certes de la star du film, la toujours impressionnante Juno Temple, découverte par beaucoup dans le grand Killer Joe de Friedkin. Michael Cera lui joue un obsédé, bien pervers, ce qui lui change de ces rôles dans Scott Pilgrim ou Juno, puisqu’ici, il mettra limite parfois mal à l’aise. Il suffira de le voir sourire après une blague pour comprendre. Dans le rôle de Sarah, la meilleure amie d’Alicia, on trouve Emily Browning, elle aussi à contre-emploi (oui, Magic Magic, ce n’est pas Sucker Punch…). Et justement, passé ses vingt premières minutes avec la classique présentation des personnages et l’arrivée sur l’île, le film change radicalement, passant de film pour ado à film sur la paranoïa lorgnant vers le côté de Polanski, sans jamais cependant en atteindre la portée malgré le talent des acteurs. Il faut dire que le réalisateur prend son temps, sans doute beaucoup trop, donnant un côté contemplatif, très « Sundance » à son métrage. Si bien que les éléments étranges se succèdent, mais que le tout ne décolle jamais réellement. Pas chiant non plus (quoi que par moment…), Magic Magic semble vouloir garder une distance avec ses personnages, devenant assez hermétique et nous laissant juste triste spectateur.
Pourtant il y a beaucoup de bonnes choses dans ce portrait d’une jeune femme maladivement timide, renfermée sur elle-même, et qui face à ce qu’elle considère comme une menace, des gens beaucoup trop différents d’elle (Michael Cera et sa bande de Chiliens), va perdre peu à peu pied avec la réalité. Il y aura également quelques scènes marquantes, comme cette séance d’hypnose, un brin gratuite mais magnifiquement jouée, et d’autres qui semblent être là pour choquer ou réveiller le spectateur, comme la balade nocturne d’Alicia dans la chambre de Brink (Michael Cera donc). De temps en temps, quelques clichés refont surface (ah ces téléphones qui ne captent jamais). En voulant jouer cependant constamment sur le doute, le réalisateur se mord quelque peu la queue, et finit par fatiguer sur la durée, jusqu’à arriver à un final changeant une nouvelle fois de genre, et qui laissera plus d’un spectateur sur le carreau (moi y compris). Magic Magic souffle le chaud et le froid, et il est très difficile de se faire un avis dessus. Beaucoup de choses intéressantes, beaucoup de non dits fascinants, beaucoup de jeunes acteurs impressionnants, mais beaucoup trop de doutes, beaucoup trop d’hésitations, quelques longueurs et un final pas du tout satisfaisant. Magic Magic divisera c’est certain, et il est sûr que comme moi, beaucoup ne sauront vraiment pas quoi en penser.
Les plus
Des changements de genre intéressants
Les acteurs, parfaits
Des scènes marquantes
Des personnages qui sortent de l’ordinaire
Les moins
Un peu trop long (ou un peu trop lent)
Hésite trop souvent sur la direction à prendre
Les 10 dernières minutes
En bref : Étrange film que voilà. Entre fantastique, film pour ado, thriller paranoïaque, Magic Magic a de beaux atouts, mais également de gros défauts.