LA LUNE DE SANG (Die Säge Des Todes) de Jess Franco (1981)

LA LUNE DE SANG

Titre original : Bloody Moon – Die Säge Des Todes
1981 – Allemagne / Espagne
Genre : Slasher
Durée : 1h30
Réalisation : Jess Franco
Musique : Gerhard Heinz
Scénario : Rayo Casablanca

Avec Olivia Pascal, Christoph Moosbrugger, Nadja Gerganoff, Alexander Waechter, Jasmin Losensky et Corinna Drews

Synopsis : Miguel est un jeune homme complexé par son visage défiguré, l’empêchant d’avoir une relation amoureuse normale. Lors d’une soirée costumée, il poignarde sauvagement une convive. Placé dans un institut psychiatrique, Miguel en ressort cinq ans plus tard, à la condition que sa sœur Manuela le prenne en charge. Tous deux retournent alors au domaine familial appartenant à leur tante, une vieille comtesse immobilisée dans un fauteuil roulant. Celle-ci a subventionné la construction d’un institut de langues étrangères, près du lieu du drame s’étant déroulé cinq ans auparavant. Cette école est fréquentée par de ravissantes étudiantes que Miguel ne manque pas de remarquer. Toujours en souffrance, un risque de récidive est à craindre de sa part…

Après avoir passé les années 70 à offrir (faire subir) au public des films à base de vampires nues, d’horreur expérimental, voir parfois de porno, Jess Franco entame les années 80 de manière peu glorieuse, puisque ses collaborations avec la boite française Eurociné ne se déroulent pas bien. Il abandonnera le Lac Des Morts-Vivants quelques jours avant le tournage (et fut remplacé par Jean Rollin) par exemple. Avoir un budget devient également plus complexe, et il faut parfois se plier aux demandes du public et des producteurs. C’est ainsi qu’en 1981 Jess Franco collaborera avec le producteur Wold C. Hartwig pour la réalisation de La Lune de Sang. Uniquement incursion de Franco dans le genre slasher, le métrage, écrit par Rayo Casablanca et tourné en Espagne n’est fait que dans un seul but : surfer sur le succès des slashers. Halloween a lancé la mode en 1978, Vendredi 13 en 1980 a prouvé qu’un ersatz pouvait avoir autant de succès, donc tout le monde s’y met. Franco laisse ainsi de côté son univers personnel et sa touche expérimentale pour livrer un slasher tout ce qu’il y a de plus classique, et surtout pour mettre en scène un scénario cohérent et rigoureux, à défaut d’être passionnant ou original.

Fort étrange quand l’on connaît le cinéaste, et encore plus quand l’on sait que la saga Vendredi 13 punit toujours les personnages s’envoyant en l’air en les tuant, La Lune de Sang ne contiendra pas de nudité, enfin, quelques plans furtifs sur lesquels le cinéaste n’insiste jamais. Franco a son script, et s’y tient, ne débordant jamais, et se contentant de respecter le cahier de charge des slashers : plusieurs suspects possibles, des meurtres très graphiques, une héroïne prude qui court et qui crie, et quelques révélations finales. Le métrage ne fait pas dans l’originalité, et on pourra même dire que sa première partie ne sera pas des plus passionnantes. On nous balance plusieurs personnages étranges qui peuvent être le tueur, une héroïne qui commence à douter de tout, quelques meurtres, et puis c’est tout. Plutôt lente, cette première partie, on a l’impression de l’avoir déjà vu milles et une fois, et surtout de l’avoir vu mieux ailleurs. Pourtant Franco s’applique, et sans abuser du zoom (exploit), livre un produit très correctement emballé. Vue subjective du tueur, gants, quelques agréables mouvements de caméra, du faux sang. Tout est là, mais la tension elle ne semble pas vouloir monter. Oui, comme souvent, il faut dire que les acteurs ne sont pas forcément excellents, mais livrent ce qu’on leur demande, ce qui est déjà pas mal.

Mais au final, La Lune de Sang n’aurait été qu’un slasher bancal et ne sortant pas de l’ordinaire si Jess Franco ne se serait pas totalement lâché lors de la dernière partie du métrage. Le rythme s’accélère alors, et il enchaîne les meurtres, souvent très violents et sanglants, faisant alors plaisir aux spectateurs qui n’attendaient plus un tel retournement de situation. Coups de couteaux, décapitation avec une énorme scie circulaire, utilisation de tronçonneuse et j’en passe, Franco s’y met franchement, et fait plaisir à l’amateur du genre, après avoir filmé proprement mais sans chercher à mettre de suspense toute la première partie. Là il se lâche réellement, tout comme le scénario qui accumule les retournements de situations afin de faire crever un maximum de personnages. Difficile dans ces conditions de détester le métrage de Franco, surtout que bien que lent et sans surprises la plupart du temps, il se laisse regarder et n’ennuie jamais vraiment, en plus de nous laisser sur une note plus que positive.

Les plus

Un slasher sérieux

Des meurtres très graphiques

Les moins

Très classique

Une première partie un peu trop lente

 

En bref : Franco signe un film impersonnel surfant sur la vague des slashers. Peu original, mais divertissant.

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