Titre original : Vitaru – ヴィタール
2004 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h26
Réalisation : Tsukamoto Shinya
Musique : Ishikawa Chu
Scénario : Tsukamoto Shinya
Avec Asano Tadanobu, Tsukamoto Nami, Kiki, Lily, Kushida Kazuyoshi et Kunimuta Jun
Synopsis : Un terrible accident de voiture va déchirer la vie de Hiroshi, un brillant étudiant en médecine. Il s’en sort physiquement indemne mais souffre d’amnésie. Sa compagne, Ryoko, aura moins de chance et perdra la vie. Un drame qui laissera Hiroshi désincarné suite à l’étrange paradoxe qui est le sien, faire le deuil d’une personne dont il n’a plus aucun souvenir. Il reprend néanmoins ses cours de médecine, essaie de renouer une relation avec une autre jeune femme. Une reconstruction qui se verra bouleversée par ses cours de dissection. Car le corps sur lequel il travaille lui paraît étrangement familier… Ce corps est celui de Ryoko, la femme qu’il a aimée dans une vie qui ne lui appartient plus, diluée dans ses souvenirs perdus.
Il arrive que le réalisateur Tsukamoto Shinya, connu pour des films tels Tetsuo 1 et 2 ou encore Bullet Ballet, s’éloigne de ses thèmes de prédilections que sont le métal et la vie urbaine pour s’attaquer à des projets très différents. Vital fait parti de ces films là, puisque à l’exception d’une ou deux rares séquences, son métrage sera froid et se tournera plus vers le thème de la beauté et de la nature. La beauté du corps humain, thème qu’il abordait déjà dans le très bon A snake of June, même s’il s’agît ici de la beauté d’un corps disséqué et de la beauté de souvenirs confus. Pour ce qui est du thème de la nature, ce n’est pourtant pas la première fois que Tsukamoto le met en scène, puisque dés son second film, Hiruko the Goblin, il situait son métrage à la campagne. Mais dans Vital, c’est une toute autre histoire, puisque l’on ne se retrouve pas ici devant un film d’horreur ou un film violent, ou encore du cyber punk, mais bel et bien devant un drame contemplatif. Que ce soit l’horreur ou l’érotisme, rien ne sera véritablement montré, tout comme les sentiments des personnages (voir le sublime plan d’Asano Tadanobu qui pleure, caché par ses cheveux). Vital commence comme un vrai film de Tsukamoto, toujours accompagné par la splendide musique de Ishikawa Chu, avant de nous amener directement dans l’hôpital lors du réveil du personnage principal, Hiroshi, joué par Asano Tadanobu donc, qui aura pu tourner avec les plus grands metteurs en scènes (Miike ou Ishii Sogo par exemple) dans des œuvres souvent très diverses et surtout à petit budget. Il est, comme souvent, parfait et littéralement habité par son personnage.
Au départ, Vital nous montre un personnage affaiblit, ne sachant rien de son passé, souffrant d’amnésie, et qui se lance dans des études de médecine. Tout se passe alors pour le mieux jusqu’à un test de dissection de troisième année. Le sujet qui sera imposé à Hiroshi et son équipe ne sera autre que la défunte bien aimée de Hiroshi. A partir de là, le film va s’axer sur une série de flash-back où Hiroshi va parvenir à se souvenir de son passé, de manière fragmentée, tout en évoluant dans la dissection du corps. Pas de métal ici, mais la chair est belle et bien présente, mais montrée très rarement, et quand c’est le cas, de manière poétique. On est donc très loin de l’ambiance poisseuse de Tetsuo premier du nom. L’effet est accentué par les diverses scènes revenant à l’esprit de Hiroshi, des scènes belles, longues, contemplatives comme Tsukamoto n’a pas vraiment l’habitude de le faire, même si l’on peut reconnaître par moment son style de mise en scène et de montage. Lors de ces souvenirs, même si la violence vient parfois faire irruption, comme lors de scènes de strangulations mutuelles (que l’on retrouvera dans son futur Nightmare Detective), la psychologie des personnages se développe et une beauté simple explose à l’écran. Pour se faire, Tsukamoto filme des scènes d’amour à la campagne, en forêt, ou encore une danse exotique sur une plage déserte. Un bien beau programme en perspective, même si un problème vient rapidement faire irruption dans ce trop beau tableau.
En effet, passé la première demi-heure envoûtante de par la mise en scène, les thèmes, et la parfaite harmonie de la musique et du montage, le film, à force de vouloir être contemplatif, en fait peut être un peu trop, et malgré la qualité indéniable du métrage que Tsukamoto nous offre, Vital parvient par moment à ennuyer. On trouve le temps un peu long, malgré le spectacle proposé, mais la conclusion, bien trouvée et évitant la niaiserie de justesse, nous conforte dans l’idée que Vital, sans être le meilleur de Tsukamoto, est un film digne d’intérêt, à la fois personnel et touchant. Mais il est bien difficile de parler de Vital sans trop en dévoiler. Le mieux pour pouvoir apprécier l’œuvre est bel et bien d’en savoir le moins possible, et de se laisser guider par le parcours de cet homme, voulant retrouver la mémoire de sa bien aimée et qui finit par en oublier les autres personnes, elles toujours vivantes, qui l’entourent. Vital en décevra certains, en éblouira d’autres, certains y resteront quelque peu indifférents, mais de manière générale, on se souviendra du film, que l’on ai aimé ou pas.
Les plus
Un beau film
Des moments envoûtants
Asano Tadanobu
Les moins
Un manque de rythme parfois gênant
En bref : Souffrant parfois de quelques longueurs gênantes empêchent d’apprécier pleinement cette oeuvre toute en nuances signée Tsukamoto, Vital reste tout de même un très beau moment.