Titre original : Eugenie
1970 – France / Allemagne
Genre : Érotique
Durée : 1h26
Réalisation : Jess Franco
Musique : Bruno Nicolai
Scénario : Jess Franco
Avec Soledad Miranda, Paul Muller, Andrés Monales, Greta Schmidt, Alice Arno et Jess Franco
Synopsis : Eugénie Radeck de Franval vit avec son père, un romancier, dans une maison reculée non loin de Berlin. Elle va découvrir rapidement les perversions cachées de son père, qui va tenter de l’emmener à ses côtés sur cette voie…
Jess Franco avait déclaré dans une interview qu’il était beaucoup plus simple d’adapter une nouvelle qu’un roman entier, et que le résultat à l’écran était en ce sens souvent meilleur. Il est par extension fier de son travail sur Eugénie de Sade, production entre la France (ah, Eurociné…) et le Liechtenstein, pays germanophone. Film notable dans sa filmographie puisqu’il s’agît de sa quatrième collaboration avec l’actrice Soledad Miranda, avant qui il filmera en seulement deux ans 7 films, et un inachevé, l’actrice décédant dans un accident de voiture… Eugénie de Sade précède d’ailleurs l’un des meilleurs films de Jess Franco, et surtout le film le plus connu de Soledad Miranda : Vampyros Lesbos. Bref, Eugénie… Franco nous raconte ici l’histoire légèrement macabre, dérangeante et incestueuse de la jeune Eugénie et de son père Albert. Plaçant le cœur de son histoire dans une grande maison non loin de Berlin, Franco en profite pour filmer ses magnifiques décors extérieurs le plus souvent sous la neige, nous offrant quelques images sublimes. Mais là je m’égare. Eugénie elle-même raconte donc son histoire à un romancier, joué par nul autre que Franco lui-même. Elle raconte donc comment elle a finie par suivre son père dans ses folles aventures, mêlant sexe et meurtres.
Dés le début, Franco annonce clairement la couleur, puisqu’entre Eugénie et son père, l’inceste n’est jamais loin. Il filme divinement Soledad Miranda, investie comme souvent dans son rôle. La voir nue sur son lit, attendant clairement le passage de son père devant la porte de sa chambre, a quelque chose de dérangeant. Les bases sont là, et rapidement, Albert décide donc d’accomplir ses crimes avec sa fille. Il est clair avec elle : Tous les plaisirs viennent aux dépends de quelqu’un d’autre ». Plaisir dans le sexe et dans le meurtre, voilà le programme d’Eugénie. Mais Jess Franco filme le tout avec une certaine distance, parvenant à rendre certains moments beaux, et rapidement, père et fille partent à Bruxelles pour trouver leur première victime. Et pour ne pas être soupçonné, il faut ne pas passer inaperçu, se faire remarquer pour prouver que l’on a rien à se reprocher. Une vision plutôt intéressante, bien que sa mise en image sonne clairement les années 70, au niveau vestimentaire. Voir Soledad Miranda habillée en petit chaperon rouge avec de gigantesques lunettes de soleil et Paul Muller (autre habitué du cinéma de Jess Franco) habillé tout en rouge avec un béret, cela prête à sourire.
Mais plongé dans le métrage en se rappelant clairement son époque, la pilule passe facilement. Surtout que l’histoire, bien que lente (oui bon, comme souvent chez Jess Franco) prend plutôt bien et qu’il met en scène un scénario plutôt intéressant. Et surtout, comment ne pas succomber face aux charmes de Soledad Miranda, comme tous ces personnages croisant sa route. Alors oui, Jess Franco abuse des plans de la jeune femme, assise, jambes recroquevillées (il refera le même plan dans Crimes dans l’Extase). Oui, le film Eugénie est une ode à son actrice principale, en plus d’être doté d’un scénario au propos intéressant. Car Jess Franco ne juge pas ce qu’il montre, il se contente d’analyser la morale des différents personnages, ses travers, en nous laissant seuls maîtres pour juger des images qu’il nous propose. Et que ces images sont belles ! D’ailleurs, il est intéressant de noter que si le propos peut déranger voir choquer, Franco préfère ne pas insister dessus visuellement, n’en rajoute jamais une couche. Est-ce qui fait la force d’Eugénie ? Sans doute oui ! Sans oublier la belle musique de Bruno Nicolai accompagnant fort bien les images.
Les plus
Soledad Miranda
Différents thèmes intéressants
Jamais gratuit ou vraiment provocateur
Les moins
Un rythme assez lent qui ne plaira pas à tous
En bref : Jess Franco rend encore une fois Soledad Miranda magnifique à l’écran, et filme avec distance une histoire finalement assez dérangeante, où se mélange sexe et meurtres, et surtout le plaisir.