Titre original : 88
2015 – Canada
Genre : Thriller
Durée : 1h28
Réalisation : April Mullen
Musique : Benoit Grey et David S. Hamilton
Scénario : Tim Doiron
Avec Katharine Isabelle, Christopher Lloyd, Tim Doiron, Kyle Schmid, Michael Ironside et April Mullen
Synopsis : Une jeune femme se retrouve dans un snack sans savoir pourquoi. Qui est-elle ? Son histoire est un puzzle qu’elle va devoir remettre en ordre car elle a un but : tuer l’homme qui a assassiné son amour.
Sur le papier, 88 n’est pas le film le plus original ni passionnant du monde. Prenez un peu de Memento pour la structure, ajoutez une histoire de Revenge movie tout ce qu’il y a de plus classique, le tout avec une femme fatale et quelques scènes violentes qui ne lésinent pas sur l’hémoglobine. En soit donc, un pitch simple, classique et prévisible, monté de manière à brouiller un peu les pistes. Qu’est ce qui m’a motivé à me lancer dans ce métrage malgré tous ces signes classiques présentant un film comme on en voit tant débarquer en direct to vidéo ? Aussi classique soit l’intrigue, avec un bon traitement, une bonne mise en scène et de bons acteurs, ça peut toujours faire le boulot et s’avérer divertissant. À la réalisation, April Mullen, dont il s’agît du quatrième métrage. Je n’ai pas vu son métrage précédent, Dead Before Dawn 3D, déjà écrit par Tim Doiron, mais celui-ci n’a pas bonne réputation. Heureusement, on se dit que le casting vient relever le niveau. Dans le premier rôle, Katharine Isabelle. Inconnue du grand public (et elle le restera sans doute), la jeune femme pourtant montre son talent à chacun de ses films, même lorsque ceux-ci ne sont pas fameux, et parvient malgré tout à avoir une carrière intéressante. Navets ou déceptions mis de côté (13 Eerie, Ogre pour la chaine Syfy), elle alternera très bons films de genres (la trilogie Ginger Snaps, American Mary) et les très bons drames (Show Me, Falling Angels, On The Corner) souvent inédits en France. Alors quand forcément, on la met face à Christopher Lloyd (Retour Vers le Futur, Piranha 3D et sa suite) et Michael Ironside (bien que maintenant habitué aux DTV bas de gamme comme Lake Placid 3), on part un peu plus confiant.
Le casting sera d’ailleurs un des points forts du film, car à côté, celui-ci accumule les petits défauts gênants, malgré sans doute de bonnes intentions de départ. Nous suivons donc Gwen, aussi appelée Flamengo, dans sa quête de vengeance envers Cyrus, qui a tué son petit ami Aster. Elle sera aidée en cours de route par Ty. Simple sur le papier comme prévu, beaucoup plus brouillon à l’écran. Pour brouiller les pistes donc, Gwen est amnésique en plus de posséder deux personnalités, et le montage nous fait passer d’une personnalité à l’autre toutes les 5 minutes, donnant un rythme étrange au métrage, comme si l’on nous forçait à toujours revenir en arrière plutôt qu’à faire avancer l’intrigue. Le procédé visuel pour passer d’une personnalité à l’autre est vide redondant. La mise en scène, brouillonne, est d’ailleurs l’un des points faibles du métrage. Usant d’effets de montage vite usants, tout comme de filtres et d’effets pas toujours bien appropriés, elle énerve malgré quelques bonnes idées parfois. La mise en scène refuse de se poser, instaurant sans arrêt du mouvement, passant d’une personnalité à l’autre, jouant sur la répétitivité (à chaque changement de personnalité, et donc retour dans le passé ou retour au présent, on aura droit à des plans de notre précédente incursion dans cette timeline). Heureusement, certains moments s’avèrent déjà mieux trouvés comme lors de certains flashbacks, et le scénario incorpore quelques idées un peu plus folles pour dynamiser le tout, comme cette vendeuse d’armes, Lemmy, qui change de musique suivant si elle se détend ou fait du business.
Mais film de vengeance implique également de la violence. Oui, 88 en contient. Quelques rapides fusillades à l’issue souvent radicales sont présentes, les flingues parlent souvent et les corps tombent. Mais rien de vraiment extraordinaire encore une fois, même si la réalisatrice semble plus motivée par ses moments. Et les acteurs donc ? Eux, ils font de l’excellent travail ! Dommage que Michael Ironside ne soit que si peu présent au final, juste quelques scènes. Christopher Lloyd lui surprend, en étant salaud et extrêmement sobre, ne nous sortant donc pas une nouvelle fois son jeu du doc comme il avait pu le faire sur les deux Piranhas. De mémoire, je ne l’avais d’ailleurs jamais vu jouer ce genre de personnages, et ça fait plaisir à voir. Katharine Isabelle comme souvent est parfaite dans son rôle de tueuse paumée, portant le film sur ses épaules. Jouant tour à tour la petite fille paumée et fragile puis la tueuse froide et vulgaire. Certes, elle est habituée depuis le temps aux rôles de fille un peu folle, mais elle le fait toujours aussi bien, rendant le personnage crédible. Que reste-il de ce 88 après ces 88 minutes (subtil hein ?) de vision ? Un film décevant, que l’on oubliera sans doute avec le temps, mais regardable grâce à quelques idées et ses acteurs. Déjà pas si mal. Dommage que l’ensemble soit si prévisible. Je suis certain qu’avec plus de surprises ou de folies, l’ensemble aurait été beaucoup plus fun.
Les plus
Les acteurs
Quelques bonnes idées
Un film qui se regarde
Les moins
Des effets de mise en scène répétitifs
Un scénario classique et prévisible
En bref : 88 est assez anecdotique, il ne raconte rien de nouveau, est classique et prévisible. Pourtant, il se laisse clairement regarder, grâce à ces quelques excès et un solide casting.