Titre original : Beyond the Dunwich Horror
2008 – Etats Unis
Genre : Dunwich des années plus tard
Durée : 1h44
Réalisation : Richard Griffin
Musique : Tony Milano
Scénario : Richard Griffin d’après H.P. Lovecraft
Avec Jason McCormick, Sarah Nicklin, Michael Reed, Lynn Lowry, Ruth Sullivan et Jeff Dylan Graham
Synopsis : Kenny Crawford arrive à Dunwich en apprenant que son frère Andrew a été interné à l’hôpital psychiatrique, suspecté pour une série de disparitions dans la ville. Avec l’aide de la journaliste locale Marsha Calloway, il essaye de comprendre les dernières semaines de son frère, ainsi que sa relation avec sa petite amie Nikki et de son ami dérangé Otto.
En s’attaquant à l’univers de Lovecraft et surtout à sa nouvelle L’abomination de Dunwich, Richard Griffin me brossait dans le sens du poil, tout en faisant ressortir mon aspect critique. Car oui, je suis un très grand fan de Lovecraft, je connais même certaines de ses nouvelles par cœur (et il faudra définitivement que je rachète certains recueils car les pages tombent toutes seules…), et si il arrive que j’aime certaines adaptations, la fidélité n’est que rarement au rendez-vous. Oui, j’aime bien Re-Animator, Frombeyond et compagnie, mais au final on est loin du cœur de l’œuvre de Lovecraft. Au final, les œuvres les plus fidèles sont The Dunwich Horror de 1970 avec Dean Stockwell, et Dagon malgré quelques CGI raté. Beyond the Dunwich Horror allait donc devoir faire fort pour me plaire. Tourné donc dans la vraie ville de Lovecraft pour 25 000 dollars en 2008, Richard Griffin réuni encore une fois la même équipe, et se charge lui-même du scénario. Et Beyond The Dunwich Horror n’est pas une adaptation littérale de l’œuvre, mais une continuité, puisque se déroulant de nos jours. Une suite donc. On y retrouve, dispersés ça et là, des allusions à l’univers de Lovecraft, des noms connus, forcément le Necronomicon, les descendants de la famille Whateley, des rituels, le retour à l’océan… Et étrangement, à côté de ça, des influences différentes, notamment à Lucio Fulci (avec encore la même pierre tombale que l’on reverra dans The Disco Exorcist, mais également un score musical faisant penser à du Fabio Frizzi), et soyons fou, à Cronenberg.
Que vient foutre Cronenberg là-dedans me direz-vous ? J’y reviendrais plus tard. Nous suivons donc deux histoires en parallèle. Kenny (Michael Reed) arrive à Dunwich à la recherche de son frère interné, et va mener son enquête sur les événements du coin avec l’aide de la journaliste Marsha (Ruth Sullivan). Et donc nous aurons droit à l’histoire d’Andrew (Jason McCormick), son frère, interné après l’apparition de quelques événements étranges dans sa vie dés lors qu’il se met en couple avec Nikki (Sarah Nicklin), la femme de ses rêves. Première chose frappant dans Beyond The Dunwich Horror, c’est clairement son aspect typé années 70, cela passant par les cadrages, mais également la photographie du film, certains décors et costumes. Alors lorsque Richard Griffin lors de quelques scènes de rituels utilise des filtres étranges, on pense immédiatement à The Dunwich Horror avec Dean Stockwell. L’ambiance typiquement Lovecraft est d’ailleurs plutôt bien retranscrit à l’écran, en conservant certains de ses thèmes, mais également en livrant des scènes jamais ridicules mais étranges (la scène du repas avec le poulpe), et en évitant soigneusement de trop en montrer, puisque Lovecraft adore parler de « monstres indescriptibles ».
Bien entendu, l’intrigue verse par moment dans l’horreur pure, notamment vers la fin, mais sans réelles créatures tentaculaires. Mais comme dit plus haut, les influences du réalisateur, notamment Fulci, sont bel et bien voyantes, notamment dans ses moments sanglants, avec l’utilisation d’une perceuse (Frayeurs), de sonorités rappelant fortement le travail de Fabio Frizzi, et d’une scène concernant… un œil (oui Fulci adorait les yeux, et il adorait leur faire très mal). Mais rappelons nous que l’œuvre de Fulci, notamment ses trois films cultes les plus connus (Frayeurs, L’Au-Delà et La Maison Près du Cimetière) étaient déjà influencés par l’oeuvre de Lovecraft. Je citais Cronenberg plus haut, et je me plante peut-être, mais le film bascule à certains moments dans une ambiance lourde, notamment des scènes de sexe, filmées sans complaisance pourtant, mais avec un aspect fort étrange s’en dégageant, me rappelant clairement à la fois le meilleur de Cronenberg (Rage, Videodrome) que ses films auxquels je n’adhère pas (Crash). Bon, après tout ça, je dois bien l’avouer, tout n’est pas parfait dans le métrage. Si l’interprétation est solide, tout comme la mise en scène et les effets spéciaux, on pourra citer quelques CGI un peu plus discutables sur la fin, voir une scène plutôt gratuite (la fin de la scène du cimetière). Mais rien de bien méchant, puisque le fan de Lovecraft que je suis (et de cinéma de genre en général) a été satisfait par la vision du métrage. Et surtout, Beyond the Dunwich Horror a quelque chose d’important dans sa poche : s’il a été tourné vite, s’il n’a pas un méga gros budget, il a été fait avec amour, et encore plus important : on ressent à chaque instant la sincérité du réalisateur, et ça, ça n’a pas de prix !
Les plus
L’univers de Lovecraft bien retranscrit
Quelques scènes à l’ambiance lourde
Une nouvelle intrigue bien pensée
Les moins
Quelques CGI plus discutables
En bref : Suite de la nouvelle de Lovecraft, Beyond the Dunwich Horror fait plaisir au fan, s’il n’est pas réfractaire aux très petits budgets. L’ambiance y est réussie et fidèle, et on passera outre des petits défauts.