LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (Night of the Living Dead) de George A. Romero (1968)

LA NUIT DES MORTS-VIVANTS

Titre original : Night of the Living Dead
1968 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h36
Réalisation : George A. Romero
Musique : William Loose et Fred Steiner
Scénario : George A. Romero et John A. Russo
Avec Duane Jones, Judith O’Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman, Keith Wayne et Judith Ridley

Synopsis : Un cimetière de Pennsylvanie. Barbara et son frère Johnny ont fait une longue route pour venir se recueillir sur la tombe de leur père enterré dans leur ville natale. Ce rite annuel irrite Johnny, qui se moque de Barbara, et lui rappelle comment elle lui faisait peur lorsqu’elle était enfant. Il cherche à nouveau à l’effrayer, en lui affirmant que les morts vont venir la chercher. Barbara, énervée, s’isole, et se fait agresser par une personne à la démarche mécanique et au visage ravagé. Son frère la défend, mais meurt dans la lutte, la tête fracassée contre une pierre tombale. Barbara s’enfuit, et se réfugie dans une maison isolée. Un routier afro-américain, Ben, la rejoint, et bloque portes et fenêtres avec des planches de bois alors que de nombreux morts, revenus à la vie, se dirigent vers la demeure.

Il y a des films qui deviennent cultes avec le temps, d’autres qui le deviennent instantanément et lancent malgré eux une mode, un genre de film. La Nuit des Morts-Vivants et de ceux-ci. Tourné en 1967 pour la modique somme de 114 000 dollars, le projet date de loin puisque Romero et ses amis veulent lancer la production d’un long métrage depuis des années, 1961 en fait. Mais trouver de l’argent s’avère difficile, et chacun mettra la main à la patte pour financer le métrage avec leurs propres fonds. Et comme dans les années 60, un genre explose, ils décident d’en faire un film d’horreur, alors que la plupart n’apprécient pas ça. Le film se tourne en noir et blanc par manque d’argent, et devient quasiment un huit clos. Lorsqu’il sort, le succès est immense, rapportant 12 millions sur le territoire américain. Malheureusement, le film change de titre au dernier moment et un problème de copyright intervient. Le film tombe alors immédiatement dans le domaine public (aux côtés de La Nuit de Tous les Mystères et tant d’autres). Ce qui explique, encore aujourd’hui, le nombre de remakes (relectures), de qualité pitoyable passé l’officiel remake de Tom Savini en 1990. Et qui explique également le nombre d’éditions dvd du film partout dans le monde. Chacun peut en effet sortir son édition et la commercialiser. Malgré ce petit soucis de copyright, La Nuit des Morts-Vivants aura marqué son époque, et encore aujourd’hui, puisque si les films de zombies sont si nombreux, c’est grâce à lui. Les morts-vivants bien entendu étaient déjà par moment présents à l’écran dans des films antérieurs, mais ils n’avaient pas alors les mêmes caractéristiques. Lents, peu dangereux s’ils ne sont pas nombreux, silencieux, ils mangent la chair humaine et il n’est possible de s’en débarrasser qu’en détruisant le cerveau.

Un concept simple mais efficace, mais pourquoi le métrage a-t-il autant marqué les esprits ? Ce n’est assurément pas pour ces effets spéciaux. Les zombies se déplacent doucement, sont peu maquillés voir pas du tout, et les rares scènes où les morts mangent de la chair sont habilement camouflées par le noir et blanc et des effets d’ombre. Non, finalement, le cœur du métrage se situe bel et bien dans la description du comportement humain, et donc des survivants. La première grande force du métrage est donc de se focaliser avant tout sur l’aspect de survie des personnages, barricadés dans une maison, certains même cachés dans la cave et refusant d’en sortir. Face à cette situation hors du commun et ce danger qui l’est tout autant, aucune surprise à voir des tensions apparaître, des réactions parfois stupides dans l’unique but de sauver sa peau ou sa famille, chacun ayant sa propre vision de la survie, des priorités, de la bonne chose à faire. Les morts ne sont donc pas le seul ennemi, loin de là, les humains sont également un ennemi. Un ennemi souvent plus cruel et stupide que la vraie menace. Thème que Romero réutilisera finalement dans chaque opus de sa saga, avec plus ou moins de talent (les pillards dans Zombie, l’opposition des militaires avec les scientifiques dans Le Jour des Morts-Vivants, Dennis Hopper devenant quasi un chef dans sa tour dans Land of the Dead).

La Nuit des Morts-Vivants fonctionne puisqu’il passe limite plus de temps à analyser la stupidité de l’espèce humaine en situation de crise plutôt que la crise en elle-même. La tension et la rivalité entre Ben et Cooper est constante, et ne fera que grandir jusqu’au final. L’autre force du métrage est d’étendre son invasion à un niveau national, voir mondial. Bien que se déroulant quasi intégralement dans une maison, Romero garde un lien avec le monde extérieur via une télévision (ce qu’il refera dans Zombie 10 ans plus tard), donnant immédiatement via des flashs d’informations indiquant en permanence les lieux sécurisés dans les grandes villes une ampleur à son métrage, un côté terrifiant. Les morts se lèvent, sévissent et terrorisent le monde à l’extérieur, tandis qu’à l’intérieur les humains sont la menace, entre eux. Et ce message, grâce à la réalité quasi documentaire de Romero, passe comme une lettre à la poste et se fait clair. Romero finalement ne fait que filmer l’Amérique telle qu’il la voit, et ose des choses inédites pour l’époque. Oui oui, rien que de voir Ben comme étant le héros alors qu’il est noir, c’était osé en 1968. Il suffit de voir encore aujourd’hui comment ce genre de personnage est dans 98% des cas la première victime dans le cinéma de genre. Palpitant, intéressant, filmé de main de maître et avec un vrai message derrière lui, La Nuit des Morts-Vivants est un film culte qui marqua la naissance d’un genre, et dont la scène finale enfonce le clou quand à son message.

Les plus

Un message intéressant
Un style documentaire
Les thèmes du métrage
Très astucieux noir et blanc
La naissance d’un genre

Les moins

La version colorisée

 
En bref : Véritable film culte et film important de l’histoire du cinéma, La Nuit des Morts-Vivants outre sa tension contient un message en faisant un film toujours aussi passionnant de nos jours.

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