Titre original : ゴジラ ファイナルウォーズ – Gojira: Fainaru Wōzu
2004 – Japon
Genre : Kaiju Eiga
Durée : 2h05
Réalisation : Kitamura Ryuhei
Musique : Keith Emerson, Morino Nobuhiko et Yano Daisuke
Scénario : Kiriyama Isao, Kitamura Ryuhei, Mura Wataru, Tomiyama Shogo
Avec Matsuoka Masahiro, Kikukawa Rei, Takarada Akira et Kosugi Kane
Depuis les premières apparitions de monstres géants, la Terre s’est dotée d’une force armée spécialement entraînée pour lutter contre cette nouvelle menace, dont le fer de lance est une équipe de mutants. Un jour cependant, diverses créatures attaquent de façon simultanée les grandes capitales et l’armée se retrouve totalement dépassée. Un vaisseau spatial apparaît alors et fait disparaître tous les monstres. À son bord, des extraterrestres de la planète X qui viennent prévenir les terriens qu’une comète géante est sur le point de rentrer en collision avec la Terre. Godzilla, libéré de sa prison de glace, n’a d’autres choix que d’affronter les aliens mais un ennemi plus fort que tous les autres apparaît sur Terre: Monster X, qui deviendra Keizer Ghidorah. Godzilla doit stopper le dragon tricéphale ainsi que le météore.
Les 50 ans de Godzilla ne sont pas ce qu’ils devaient être. Dans un premier temps, après Godzilla vs Destoroyah, la Toho décida de stopper les films Godzilla durant 10 ans pour livrer un retour en film anniversaire pour les 50 ans, laissant ainsi le temps aux Américains de faire une trilogie. Sauf que Godzilla de Roland Emmerich en 1998 ne fut pas le succès attendu, fut très critiqué par les fans, et les suites ne virent jamais le jour. Au lieu d’attendre 2004, la Toho lança dés 1999 Godzilla 2000 pour faire oublier aux fans ce qu’était devenu Godzilla en Amérique. Au rythme d’un épisode par an, nous arrivons finalement en 2004. Et durant ces 6 années, il faut avouer que Godzilla a été modernisé, mélangeant ainsi les anciennes techniques avec de nouvelles, et ça fonctionnait. Les trois derniers opus étaient d’excellents Kaiju Eiga (GMK, Godzilla X MechaGodzilla et Godzilla Tokyo SOS). Et donc, pour cet anniversaire ? La Toho se tourne vers un réalisateur que personne n’attendait, à savoir Kitamura Ryuhei. Seulement 4 ans que le bonhomme s’était fait connaître avec Versus, et le voilà à la tête d’un opus ambitieux de la saga, celui devant rendre hommage à 50 ans de destructions, à 50 ans de combats de monstres géants. Le 28ème opus de la saga. Et malheureusement, Kitamura va injecter dans le métrage son propre style. Ce qui est, de base, la meilleure idée possible, permettre à un réalisateur qui a un style bien établit de s’approprier un univers pour nous offrir quelque chose de nouveau. Le souci, c’est que Kitamura n’était pas l’homme de la situation, et qu’il amène les nombreux défauts de son cinéma dans Final Wars. Car comme souvent, Kitamura sait filmer, livre quelques bons plans, quelques excellentes scènes, mais à côté remplit du vide par des dialogues vides et des personnages poseurs pour pas grand-chose. Malédiction ! Autant dire que le film ne tient pas toutes ces promesses, et qu’encore une fois, Kitamura dépasse la barre des 2h de métrage. Oui, comme pour Versus et Azumi, films souffrant de longueurs.
Et pourtant, j’ai voulu y croire au début, avec cette scène d’ouverture où les humains affrontent Godzilla. On retrouve notre fameux monstre, son costume, mais plus souple ce coup-ci. Costumes, maquettes, quelques effets numériques pas trop mal, et Godzilla se fait emprisonner dans la glace. Le film reprend alors bien des années plus tard, alors que le Japon a mit en place le centre de défense G pour affronter la possibilité d’arrivée de monstres géants. Et on comprend immédiatement que le film ne prend pas la bonne direction. Surtout après les 3 précédents excellents opus, qui parvenaient à mixer combats de monstres, moments poétiques, personnages humains plutôt intéressants et mise en scène dynamique. Dans Godzilla Final Wars, adieu la poésie, adieu les personnages intéressants, et adieu la mise en scène dynamique, nous passons à du Kitamura pur et dur. C’est-à-dire bonjour les personnages qui prennent la pose en étant habillés de manteau en cuir noir, bonjour les scènes de combats à mains nues, bonjour les courses poursuites en moto ou autres véhicules, bonjour les longueurs et scènes de dialogues inutiles et interminables. Dès la cinquième minute, on comprend que l’on se retrouve devant un Godzilla pas comme les autres, avec une scène de baston dans le style Matrix, avec ralentis, caméra tournant autour des personnages à 360°. Moui… Pourquoi pas, si Kitamura avait su gérer son rythme et au moins dire adieu à certains de ses tics. Ce qu’il ne fait pas, n’en faisant qu’à sa tête et en restant le sale gosse qu’il est.
Ce qui est amusant au final, c’est de constater le fossé entre le style Kitamura présent lors de 80% du métrage et les 20% restants où Kitamura rend hommage à Godzilla pour de vrai, mais surtout à la première période de sa carrière, dans les années 60 notamment. Et le mélange des deux ne fonctionne pas vraiment. On se retrouve donc face à des monstres en costumes un peu kitch qui explosent des maquettes, avant des combats entre humains et des courses poursuites blindées de moments poseurs et de CGI plutôt dégueulasses. Et comme souvent, Kitamura sombre dans les longueurs. On nous promet Godzilla ainsi que plein de monstres, et pourtant… et pourtant, les monstres, nous les voyons 2 minutes au début d’une invasion extra-terrestre, puis il faudra attendre 1h de métrage pour les revoir. Notre fameux Godzilla, passé la scène d’ouverture, il faut attendre 1h10 montre en mains pour que son nom soit tout simplement prononcé de nouveau, et que les humains se décident à le réveiller. Durant la première heure, nous aurons des moments débiles, des moments plutôt laids, c’est crétin, long, pas intéressant, on a du combat à mains nues, une course poursuite en moto, des acteurs qui jouent hyper mal. Et puis merde, comment prendre au sérieux cette intrigue un peu ridicule avec ces aliens habillés en cuir dont le méchant s’énerve comme un gosse de 5 ans lorsqu’il perd face à des héros en tenue en plastique qui prenne la pose sans arrêt ? Car Kitamura filme le tout sérieusement, on sent qu’il y croit, même lorsqu’il nous filme Le fils de Godzilla, sans doute le personnage que j’aime le moins de toute la saga.
Heureusement, dans la seconde heure, Godzilla Final Wars arrive par moment à nous offrir ce que l’on attendait de lui, même si encore on se sent parfois trompé. Oui le film nous propose une réunion de monstres impressionnante, puisque l’on aura Gigan, King Seesar, Anguirus, Rodan, Mothra, King Ghidorah et tellement d’autres. Mais d’un autre côté, 90% des monstres ne semblent être là que pour le fan service et ils disparaissent du métrage aussi rapidement qu’ils sont arrivés pour laisser de nouveau la place à ce qui intéresse Kitamura : de l’action, des aliens, du cuir, les moustaches, tout ça. Il ira même nous faire des batailles en CGI assez immondes venant nous rappeler Independence Day, il fallait oser. On ne sait pas vraiment comment prendre ce film anniversaire, puisqu’il a en mains toutes les cartes pour plaire, mais semble ne pas savoir comment les utiliser. Quelques combats sont funs, revoir Mothra fait toujours plaisir, la musique signée Keith Emerson (Inferno) et Morino Nobuhiko (Versus et la plupart des films de Kitamura) est de très bonne facture et parvient à dynamiser quelques séquences molles (oh exploit). Mais Kitamura contrebalance ça par des combats vîtes ellipsés, par son style habituel, par une première heure archi loooooooooongue, par le fils de Godzilla. Et face au sérieux et surtout à la réussite des trois opus précédents, on ne peut s’empêcher de penser que Final Wars est le pire Godzilla depuis Godzilla vs SpaceGodzilla, datant de 1994 tout de même…
Les plus
Pleins de monstres
La deuxième heure se bouge enfin
Quelques moments réussis
Les moins
Des longueurs
Des dialogues inutiles
Les personnages humains
La première heure
Le style Kitamura
En bref : Kitamura livre l’opus anniversaire de la saga, et ce n’est pas très glorieux. Quelques moments forcément plairont aux fans, mais nous avons plus de Kitamura (des longueurs, des moments poseurs, du vide) que de Godzilla (les monstres géants).
Mais tu fais tous les Godzilla ma parole !!! Ah ah !
Ben si tu n’as pas compris, je suis un gros fan de mon petit lézard atomique 😀 Je les ai tous en DVD depuis plus de 10 ans (je me souviens avoir acheté mon premier Godzilla en 2006 en promo à Lille avec des coffrets regroupant 2 films pour 5 euros). Bon après, je ne les aime pas tous (comme ce FINAL WARS… meeeeeh), mais je sais pas, c’est un genre qui m’a toujours parlé le Kaiju Eiga. Et depuis que j’ai tenté le second opus Américain, j’ai une grosse envie de me replonger dedans, et certains existent depuis en HD donc ben je ne vais pas me priver haha