Titre original : Skyfall
2012 – Angleterre / Etats Unis
Genre : Action
Durée : 2h23
Réalisation : Sam Mendes
Musique : Thomas Newman
Scénario : Neal Purvis, Robert Wade et John Logan
Synopsis : Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, une agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel…
Si Casino Royale avait su redorer le blason de la saga James Bond après un calamiteux Meurs un Autre Jour et redonner espoir aux fans, la saga ne s’était finalement pas vraiment remise en marche, la faute à l’horrible Quantum of Solace. Car si la saga a eu des hauts et des bas, jamais un épisode n’aura été autant filmé avec les pieds, tout en ayant en prime un scénario peu intéressant et un méchant que tout le monde a déjà oublié. Il faut donc frapper fort pour faire oublier cette erreur de parcours. Le studio, après quelques soucis financiers, lancent la production, et font pour le coup bien les choses, avec un scénario travaillé et surtout du temps pour l’écrire, un réalisateur de talent (Sam Mendes, American Beauty par exemple), le retour de Daniel Craig bien entendu mais également de Judi Dench, un méchant qui a de la gueule (Javier Bardem) et de nouveaux venus venant étoffer l’univers. Skyfall sera donc le film pour le 50ème anniversaire de James Bond, débarquant en 2012, après des années d’attente. Et si à mes yeux, Skyfall n’est pas exempts de petits défauts, on peut dire qu’il fait bien les choses, et trouve légitiment sa place autant dans la saga, que dans l’ère de Daniel Craig. Car Skyfall continue bel et bien de développer la psychologie de Bond vu par l’acteur, pour former un tout cohérent. Et dés la scène d’ouverture à Istanbul, Skyfall envoie du lourd. Une scène d’action longue, survoltée, impressionnante, mais surtout qui vient rassurer le spectateur. Car au final, n’est-ce pas toujours la scène d’ouverture qui vient donner le ton des films de la saga, même dans les mauvais opus ? Même les mauvais Meurs un Autre Jour (avec ces fonds verts ratés) et Quantum of Solace (avec son montage à la hachette) montrent leurs intentions et leurs tons dés le début.
Skyfall lui fait fort dés le début et rassure, l’utilisation du scope est classieux, le montage calme et vient soutenir l’action, les cascades sont réelles et bien mises en valeur, et mieux, on peut déjà voir quelques évolutions dans le personnage de Bond, même en action, Craig tentant même au fur et à mesure du film de compiler ce que chaque interprète a pu faire du personnage. Une ouverture impressionnante pour les 50 ans de la saga, avant d’aller dans le vif du sujet. Car Skyfall représente sans doute l’épisode de la saga dont l’histoire s’attache le plus aux personnages qui peuplent son intrigue. M, toujours jouée par Judi Dench, est clairement au cœur de cette intrigue, et peut donc enfin avoir plus de temps à l’écran. Si le rôle de M a commencé à être étoffé dés l’arrivée de l’actrice dans Goldeneye, Skyfall la laisse totalement s’exprimer et sa relation avec Bond est donc un des piliers du film. Bond quand à lui devient petit à petit le Bond que l’on a toujours connu au fur et à mesure des années, bagarreur, sportif, investi dans l’action, ayant parfois le bon mot au bon moment pour faire rire et toujours classe, comme si Skyfall voulait boucler la boucle. Casino Royale nous présentait l’avant 007, Quantum of Solace… non rien, et Skyfall amène sa construction vers la naissance du mythe (même si après il y a Spectre, mais c’est une autre histoire). Javier Bardem campe lui par contre un méchant charismatique, même si, je dois l’admettre, sa première rencontre avec Bond me paraît toujours un peu trop insistante sur certains aspects du personnage (j’avais déjà vu cet opus). Malgré tout, si l’on doit reprocher quelques éléments à Skyfall, comme ce que je viens de citer, ou même parfois un rythme assez lent et froid (mais collant à son sujet), l’action étant finalement intense mais rare sur ses 2h23, ou encore une Bond girl pas du tout exploitée et ne servant qu’à amener une scène de douche qui débarque sans prévenir (et semble être là juste pour le fan service), ses détails peuvent être rapidement oubliés grâce à la mise en scène de Sam Mendes et l’ambiance qui s’en dégage.
Car soyons clair, en terme de visuel, si la saga a eu des hauts et des bas, des opus sobres et sombres et d’autres plus colorés ou excentriques, Skyfall lui fait un sans faute dans quasi tous les domaines, que ce soit l’action over the top mais totalement lisible, les idées purement visuelles (le combat à Shanghai, magnifique jeu de lumière) ou les moments plus sombres (le jeux de lumière, encore, lors du final). Visuellement, c’est tout simplement à tomber par terre, et même sans doute la plus grande réussite de la saga. Mais après tout, Sam Mendes, déjà excellent réalisateur, a su s’entourer d’une équipe technique la plus solide qui soit. Car avoir Roger Deakins à la photographie, forcément, ça aide à avoir des images inoubliables (n’est-ce pas Blade Runner 2049). Sans doute le meilleur chef opérateur existant actuellement. Du coup oui, Sam Mendes s’approprie totalement ce James Bond, autant le personnage que son film. Tout comme Thomas Newman qui arrive fraichement dans la saga pour s’occuper de la musique, respectant autant les fameux thèmes que construisant une nouvelle ambiance en adéquation avec son sujet. Ainsi, oui, techniquement, Skyfall est à tomber. En fait, je trouve surtout dommage que les quelques éléments qui ne me plaisent pas vraiment dans le film soient avant tout du fan service (le cahier de charge des 50 ans sans doute), et d’ailleurs, ces éléments ne semblent pas tant intéresser Sam Mendes que ça tant ça arrive d’un coup, puis l’instant d’après on en parle plus. Ce qui fait le cœur de Skyfall, ce sont ses personnages et leurs relations, et à ce niveau, c’est réussi.
Les plus
Le trio de personnages principaux
La scène d’ouverture
Visuellement à tomber
Un film qui trouve une continuité thématique
Les moins
Quelques éléments un peu forcés
En bref : Skyfall rattrape le coup après le bien mauvais Quantum of Solace. Plus calme, mise en scène à tomber, magnifique photographie, de bonnes thématiques et un film qui accorde de l’importance à ces personnages. Tout n’est pas parfait, mais un épisode anniversaire réussi.
Un épisode qui « boucle la boucle » en effet, et tu as parfaitement synthétisé les atouts qu’il réunit. Spectre ne sera plus ensuiye qu’une sorte d’epilogue un peu encombrant. Mais nous en rediscuterons j’imagine. 😉
Spectre n’est pas désagréable, mais en suivant Skyfall et en voulant à tout prix poursuivre ses thématiques, mouais. On en rediscute plus en détail très bientôt oui, depuis le temps que je poste sur les James bond, il serait temps de finir ça.