BLACK CHRISTMAS de Sophia Takal (2019)

BLACK CHRISTMAS

Titre original : Black Christmas
2019 – Etats Unis
Genre : Slasher
Durée : 1h32
Réalisation : Sophia Takal
Musique : Brooke Blair et Will Blair
Scénario : Sophia Takal et April Wolfe
Avec Imogen Poots, Aleyse Shannon, Lily Donaghue, Brittany O’Grady, Caleb Eberhardt, Cary Elwes, Simon Mead et Madeleine Adams

Synopsis : Sur un campus universitaire, lors des vacances de Noël, des filles de la confrérie sont les proies d’un tueur en série.

Les amis, l’heure est grave. Comme le titre du dit film l’indique, c’est un jour sombre, un jour noir ! Black Christmas, en 1974, c’était tout simplement les prémices du slasher, avant le Halloween de John Carpenter, bien qu’un peu après La Baie Sanglante de Mario Bava. Le film de Bob Clark, intelligent, bien mené, plein de tension, avait en plus un message féministe. Comme beaucoup de films des années 70 au final vous me direz. Quelle belle époque. En 2006, une première tentative de remake avait eu lieu, avec tout simplement Black Christmas, signé Glen Morgan. Un remake simple, qui ne gardait que le concept du slasher efficace et annihilait le reste. Une grosse déception pour moi, que je n’avais pas du tout aimé. Voir Black Christmas revenir, en 2019, était en soit une idée pas si conne que ça, à l’heure où les scandales explosent, le côté féministe du film original de Bob Clark avait de bonnes raisons d’être mis en avant, l’ensemble pouvait être pertinent. POUVAIT seulement ! Car en plus d’être un très mauvais film, Black Christmas version 2019 souffre de deux gros défauts majeurs. Le premier étant d’être une production Blumhouse visant un public adolescent, avec son PG13 qui sur le papier annihile toute tentative horrifique, le gore inhérent au slasher et permet aux pires clichés du genre actuellement d’être sur la pellicule, à savoir ces putains de jumpscares. Mais là est finalement le moins grave, car le second gros souci, et pas des moindres, sera son message, et la façon dont la réalisatrice Sophia Takal, également coscénariste, veut nous l’insérer dans le crane à coup de marteau en tombant dans tous les pièges. Et déjà, soyons clairs, à part quelques rapides clins d’œil dispensable, et le fait que le film se déroule à Noël, dans une confrérie de femmes, Black Christmas 2019 n’a plus rien à voir avec Black Christmas 1974, ni sa version de 2006, voilà.

Black Christmas est donc censé être un film d’horreur, un slasher. Il faudra vérifier la définition, car un film d’horreur pour moi, ce n’est pas ça, même s’il vise un public adolescent. Alors oui, j’ai entendu dire que le montage original, R-Rated lui, durait 1h51, et avait été raccourci à 1h32 pour sa sortie, et ainsi avoir son PG13. Est-ce que ça aurait changé le message du film, sa réception, sa qualité ? Non. Car passé sa scène d’ouverture, ultra soft mais efficace, Black Christmas oublie ce qu’il est censé être pour être un film qui veut véhiculer un message. Mais pas un bon message. Comme je le disais, c’est dans l’ère du temps de parler féminisme, et dans le fond, je suis féministe. Je suis pour l’égalité homme-femme, et si c’est justifié et intéressant, ça ne me dérange pas qu’un film veuille véhiculer un message positif vis-à-vis de ça. Dans un film comme Charlie’s Angels, aussi moyen soit-il, cela ne me dérange pas, dans le sens où de toute façon, Charlie’s Angels parle d’une équipe de femmes qui botte des culs, dans le fun et la bonne humeur. C’est positif tout ça. Pas dans Black Christmas. Black Christmas tient la palme du message à côté de la plaque qu’on veut nous faire comprendre en insistant lourdement et en insérant dans le récit un personnage détestable là uniquement pour le dit message, et qui pire que tout, est important, et survit ! Pendant bien une heure donc, Black Christmas n’est pas un film d’horreur, pas même un film de genre malgré quelques rares tentatives de meurtres (hors champ hein, il ne faudrait pas choquer), et quelques hommages à l’original (l’héroïne, jouée par la pourtant douée Imogen Poots, se rendant au commissariat). Pendant une heure, Black Christmas veut être un film à message, et pour cela, il met en avant le personnage de Kris, joué par Aleyse Shannon, qui se bat pour les femmes.

Sur le papier, c’est cool. À l’écran, on a envie de vomir. Car on a là l’exemple du message extrême qui fait pire que ce qu’il veut dénoncer. Féministe vous dites ? Oui bien sûr, mais quand je vois un personnage qui manipule ses proches, poste des vidéos sur internet juste pour servir ses propres intérêts au détriment des répercussions pour sa meilleure amie, je n’appelle pas ça servir sa cause, mais être égoïste et manipulatrice. Pire, dans son message, basiquement, Black Christmas nous dit que tous les hommes sont des violeurs ! Oui messieurs ! Et quand un personnage masculin débarque, ouvre la bouche et vient enfin nuancer le propos, on y croit pas, on se dit que le film était peut être une comédie qui en fait, vient nous donner son vrai message ici. Que nenni, l’instant où cet homme ouvre la bouche pour s’exprimer et nuancer le tout, il se prend une flèche et meurt. La défense n’a pas le droit à la parole. Mais passé cette heure dangereuse au message tout aussi dangereux, voilà que débarque la dernière demi-heure, qui se décide à se bouger, avec pleins de meurtres (hors champs et soft), et surtout, un retournement de situation qui vient encore appuyer le propos (rah), plonge le tout dans le ridicule, et surtout, nous achève avec un abus de ralentis et de conneries dignes d’une série Z. Sauf que Black Christmas est un film sortant au cinéma, avec un budget de 5 millions, Blumhouse et la Universal derrière. Comment ont-ils pu valider un tel scénario ? Une telle insulte pour le public et les fans de Black Christmas ? Mais il y a bien une justice dans ce monde, Black Christmas fut un flop, détesté par les critiques et le public. 49 sur Metacritic, 3,1 sur imdb, 3,2 sur senscritique. Il y a bien une justice dans ce monde ! Le pire avec tout ça, c’est finalement que j’ai envie de dire que le remake de 2006 était pas mal dans sa proposition de slasher décérébré.

Les plus

Imogen Poots
Quelques idées de mise en scène parfois

Les moins

Une insulte au film original
Une insulte pour les hommes
Un propos extrémiste et dangereux
Le personnage de Kris, détestable
Un faux slasher, PG13 en plus
Un final d’une débilité constante

En bref : Black Christmas, c’est bel et bien un des pires remakes existants alors qu’il y avait de la concurrence (Fog en 2005 hein), un des pires films d’horreur (voir tout court) des années 2010, et sans doute le pire film que mes yeux ont admiré en 2019.

2 réflexions sur « BLACK CHRISTMAS de Sophia Takal (2019) »

    1. Voilà, tout est dit, l’original est culte, précurseur, intéressant et juste très bon, le reste est au mieux dispensable (le premier remake), ou pitoyable (cette version). Même si j’aime bien Imogen aussi, notamment dans 28 Semaines Plus Tard, et aussi Filth (Ordure! pour sa sortie en France, donc je reste au titre original perso).

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