Titre original : A Good Woman is Hard to Find
2020 – Angleterre / Irlande
Genre : Suspense
Durée : 1h37
Réalisation : Abner Pastoli
Musique : Matthew Pusti
Scénario : Ronan Blaney
Avec Sarah Bolger, Edward Hogg, Andrew Simpson, Jane Brennan, Packy Lee, Rudy Doherty et Macie McCauley
Synopsis : Sarah, une jeune veuve, est prête à tout pour protéger ses deux enfants lorsqu’elle découvre la vérité derrière le meurtre de son mari, mêlé à un trafic de drogue.
Avec un titre pareil, on a presque l’impression de se retrouver devant un petit film indépendant qui veut se la jouer artistique et dramatique en usant de cordes faciles, tout en se faisant taper sur les doigts par certains spectateurs qui n’y verront qu’un titre grossier. Mais A Good Woman is Hard to Find est un excellent métrage, et il serait finalement triste de s’arrêter à son titre à rallonge. Tourné sur seulement 16 petits jours entre l’Irlande pour les extérieurs et la Belgique pour les intérieurs, cette production qui n’a pas du coûter grand-chose à été faite avec un grand soin pour nous raconter une histoire que l’on connaît certes un peu par cœur, mais pour s’appliquer dans sa narration, et surtout dans le développement de ses personnages, les rendant ainsi crédibles, attachants, et rendant les quelques déferlements de violence marquants et convaincants. Car oui, qui n’a pas déjà vu une histoire de vengeance, avec cette femme qui finalement va prendre les armes ? Et avec sa scène d’ouverture, où l’on découvre une Sarah Bolger (une actrice que j’adore, vue dans Les Tudors, Emelie, Lazarus Effect, ou encore Into the Badlands) couverte de sang qui prend sa douche, on se rend compte que certes, le film ne va pas briller par son originalité, mais s’applique dans tout ce qu’il propose. Cela se remarque par un scénario plutôt malin qui sait prendre son temps pour mélanger les genres et du coup, dans une certaine mesure, nous surprendre, mais également des acteurs concernés et plus qu’impliqués, mais également une mise en scène dynamique qui sait exactement ce qu’elle veut nous montrer et nous faire ressentir, et comment y parvenir.
Dans un certain sens, on pourra voir dans le métrage un produit de son temps. Il y est bien question d’une femme qui va finir par prendre son destin en main et en mettre plein la gueule à des hommes. C’est à la mode en ce moment il est vrai. Mais le métrage ne se montre jamais lourd, et s’ancre plutôt dans la tradition des films de genre, autant horrifiques que les quelques thrillers, plutôt que dans le film à message. Même si le métrage, censé être une simple vengeance, un simple thriller donc, s’amuse à mélanger les genres, mettant une bonne part de social là-dedans, et prenant donc tout son temps pour ses enjeux. Sarah est seule, avec ses deux enfants, suite à la mort de son mari, retrouvé poignardé. La police ne se bouge pas des masses puisque si Sarah refuse l’évidence que même ses proches savent, son mari était un dealer. Sarah erre, déprimée, le regard triste et grave, tentant de protéger ses enfants du monde extérieur, luttant contre les services sociaux et les préjugés, jusqu’à ce que débarque dans sa vie Tito, un autre dealer qui décide de s’installer chez elle après un vol de drogue. Il y trouve là la cachette parfaite, puisque personne ne viendra fouiller l’appartement d’une veuve qui tente d’élever ses deux enfants contre vent et marées. Du coup, tout cela semble beaucoup pour le film, qui finalement parvient à ménager et faire coexister brillement ses différentes intrigues. Et si la vengeance ne viendra que tardivement, totalement reléguée au second plan, il parvient à dresser un bien beau portrait de femme.
Et surtout, un portrait dur, amer, mais totalement convaincant. La prestation de Sarah Bolger y est bien entendu pour quelque chose. De l’autre côté, celui des dealers donc, on a malheureusement droit à quelques clichés et facilités, notamment avec ce boss qui semble au départ assez peu convaincant, passant le plus clair de son temps assit derrière un bureau, et donnant des ordres à ses hommes avec sa douce voix. Il faudra attendre la dernière partie du métrage pour le voir s’énerver et montrer tout le potentiel de son personnage, qui devient alors même presque flippant par moment. Un faux pas qui n’en est donc pas vraiment un, même si le personnage demande donc du temps avant de révéler son potentiel. Film social, puis thriller, A Good Woman is Hard to Find se change alors en film de vengeance qui fait mal dans sa dernière partie, dés lors que Sarah décide de prendre son destin en main et de protéger ce qui compte pour elle, à savoir donc ses enfants. Et là, le film n’hésite pas à aller à fond dans une direction qui fait mal, et rend ses scènes violentes viscérales, puisqu’il a prit largement le temps auparavant de nous faire aimer ses personnages, et de rendre son univers crédible. Et je peux vous le dire, ça tâche même énormément par moment, deux scènes en particulier. Et dans ces moments là, le réalisateur décide de styliser un peu plus sa mise en scène, à l’opposé du contenu plus réaliste (mais maitrisé) qui précédait. D’ailleurs, ceux qui me connaissent seront amusés face à l’une des scènes les plus dures du métrage, rappelant mes propres obsessions filmiques, mais avec un ton résolument plus réaliste. Et qui du coup, fait mal, et s’inscrit clairement dans le ton du métrage. Certes, on pourra trouver quelques seconds rôles faciles, et le final, un peu facile également, mais A Good Woman is Hard to Find est une de ses excellentes surprises, inattendues, qui nous laisse sur le cul.
Les plus
Un film résolument réaliste
Sarah Bolger, excellente
Mise en scène ultra soignée
Le mélange de genre fonctionne bien
Des scènes violentes rares qui marquent
Les moins
Quelques seconds rôles moins convaincants
Un final certes assez facile
En bref : Entre film social, thriller et film de vengeance, A Good Woman is Hard to Find marque grâce à sa violence rare et viscérale, son excellent casting et finalement une écriture prenant son temps pour rendre ses retournements plus convaincants.
Celui-ci fait sacrément envie. Parfois les titres en forme de phrase font de belles surprises : all the boys love Mandy Lane, we need to talk about Kevin, Nous ne vieillirons pas ensemble, On a perdu la 7ème compagnie, … J’en oublie sûrement 😉
Découvert totalement par hasard en tout cas (en cherchant des infos sur un autre film que je venais de voir, le sympathique huis clos 1BR – il faut que j’écrive dessus tiens), imdb m’a proposé « d’autres films dans le même genre », et il était en tête de liste, et comme j’adore Sarah Bolger et en voyant les très bons avis, j’ai foncé.
All the Boys Love Mandy Lane, ce fut une grosse déception, mais je crois que j’en avais déjà parlé avec toi. J’ai toujours le dvd, il attend une seconde chance haha.
All the boys… Était un brin survendu je te l’accorde. Pas une purge pour autant.
Voilà j’avais acheté le dvd, tout le monde en parlait, tout le monde disait « wow, ça révolutionne le slasher et tout ». Et au final, j’avais vu venir le twist à l’avance en plus. Je n’avais pas non plus détesté, mais j’avais trouvé que c’était beaucoup de bruit pour rien. Mais à revoir, je te l’accorde.