SPEED de Jan de Bont (1994)

SPEED
Titre original : Speed
1994 – Etats Unis
Genre : Action
Durée : 1h56
Réalisation : Jan de Bont
Musique : Mark Mancina
Scénario : Graham Yost

Avec Keanu Reeves, Dennis Hopper, Sandra Bullock, Joe Morton, Jeff Daniels et Alan Ruck

Synopsis : Jack Traven, un jeune policier est aux prises avec un maître chanteur, artificier à la retraite, qui menace de faire sauter un autobus dans lequel il a placé une bombe qu’il peut faire exploser à distance et qui explose s’il ralentit.

Revenons un peu en arrière, en 1994 pour être exact. Speed sortait sur les écrans, devenant un succès public et critique. Un divertissement solide bénéficiant d’un casting tout aussi solide, le tout avec un concept aussi simple que palpitant, et signant les débuts d’une courte carrière de metteur en scène pour Jan de Bont, excellent directeur de la photo pour des films variés comme Cujo, Die Hard, Basic Instinct ou encore l’Arme Fatale 3. Une carrière de seulement cinq films, et où après deux succès, que furent donc Speed et Twister, c’est la descente aux enfers, avec Speed 2 et Hantise notamment, deux purges infâmes que tout cinéphile se doit d’avoir vu, mais peut aussi faire le choix de fuir comme la peste. Mais revenons un instant à Speed. Un métrage explosif, dans tous les sens du terme, et qui tient toujours la route 26 ans après sa sortie, tout en gardant son caractère spectaculaire et tout son suspense. Comme quoi, on pourra dire ce que l’on veut, mais un fond vert et des CGI ne remplaceront jamais de vraies cascades et un concept plausible pour impressionner le spectateur. Encore aujourd’hui, et malgré quelques défauts, parfois inhérents au genre, Speed se déguste comme un excellent divertissement, bien calibré, bien filmé, bien rythmé. Bref, dans son genre, une pépite ? Assurément pour moi. Le concept est en soit tout simple, mais il n’en faut pas plus. Un flic tête brulée joué par Keanu Reeves alors encore tout jeune et pas une star mondiale comme aujourd’hui est aux prises avec un terroristes un brin fou qui aime surjouer tenu forcément par Dennis Hopper, à qui les rôles de tarés vont comme un gant depuis son grand retour sur les écrans en 1986 avec Blue Velvet (oui il y a aussi Massacre à la Tronçonneuse 2 dans le genre mais le film me donne de l’acné). On découvre d’ailleurs Sandra Bullock, qui fut à l’époque de la découverte du film au cinéma mon amour de jeunesse, mais chut !

Bullock va s’improviser conductrice de bus alors que celui-ci est équipé d’une bombe qui fera exploser le véhicule et ses nombreux occupants si celui-ci ralentit et passe sous la barre des 50mph. Un concept simple, qui tient sur un post It, mais au potentiel efficacité redoutable. Et c’est d’ailleurs clairement ce que l’on retient de Speed encore aujourd’hui, son efficacité à toute épreuve. Ça va à 100 à l’heure (ou minimum à 50 miles à l’heure…), sans temps morts, avec son lot de rebondissements, le tout en essayant de rester crédible. Alors oui, on peut bel et bien dire que malgré les cascades réelles, Speed va à de rares moments en faire trop, notamment lors du passage de l’autoroute où il manque une portion, et que le bus parviendra par la magie du saint esprit à effectuer un saut majestueux au-dessus du trou. Un brin abusé certes, et finalement dommage, car au-delà de ce petit moment, tout le reste est réaliste et plausible. Alors oui, la vérité est là, bien entendu, pour le tournage, un tremplin était présent pour permettre au bus d’effectuer la cascade, donc faite pour de vrai, mais néanmoins toujours abusée. Mais tout le reste s’avère toujours impressionnant. Comme quoi, pas besoin d’une prise d’otage dans un avion ou autre pour se faire impressionnant, un simple bus suffit. Un bus et une équipe motivée et compétente. Bullock conduit le bus pour de vrai (elle a passée son permis pour le film), Keanu Reeves a effectué 90% de ses cascades lui-même, et chacun a amené ses petites idées pour rendre le film meilleur. Film pourtant qui a eu toutes les peines du monde à être terminé, le budget étant dépassé avant la fin du tournage, et le final n’existant que grâce aux excellentes projections tests qui poussa le studio à débloquer un peu plus d’argent pour finaliser l’ensemble. Finalement, Speed, c’est un peu comme Die Hard et ses autres films d’action cultes des années 80/90. Un film qui vieillit très bien, au rythme qui ne faiblit jamais, et que l’on regarde toujours avec grand plaisir même si on le connaît par cœur aujourd’hui.

Les cascades réelles, le casting charismatique même avec Hopper qui en fait encore des tonnes (comme souvent ces années là, comme dans Waterworld), le score musical endiablé de Mark Mancina, le rythme qui ne faiblit pas une seule fois durant quasi deux heures. Speed est un grand film d’action oui. Qui a les défauts inhérents du genre, avec une fin pleine de bons sentiments par exemple et plutôt prévisible, quelques retournements eux aussi plutôt prévisibles ou des personnages finalement peu développés pour laisser place au grand spectacle, et finalement, ça marche. La formule ne tient peut-être qu’à un fil, mais elle est là, diablement efficace. Comme quoi il en faut peu des fois pour marquer les esprits. Juste un concept, des cascades, faire le tout avec sérieux, y ajouter une intro (avec un ascenseur) et un final (dans un métro) pour ouvrir un peu le concept et le tour est joué. Finalement, même les échanges entre Reeves et Hopper, qui auraient pu rapidement tomber dans le ridicule vu la psychologie de ce méchant fonctionnent à merveille tout en parvenant à amuser le spectateur. Alors dans le fond, est-ce que le spectacle proposé tient plus du plaisir coupable ? Alors par certains aspects, oui, Speed n’étant pas un film au scénario très poussé, aux personnages développés, et on peut même dire qu’il y a quelques éléments douteux (le plan de l’ascenseur, facilement déjoué, a été pensé en deux ans, mais le coup du bus limite en un soir alors qu’il s’avère plus diabolique). Mais c’est fun, rythmé, bien filmé, les acteurs sont concernés et tout va si vite que l’on n’a pas le temps de réfléchir. Pari gagné donc.

Les plus

Ultra rythmé, sans temps mort
Très bon casting, investi
De vraies cascades
Finalement bien filmé

Les moins

Des facilités, incohérences et j’en passe
Un fond finalement ultra simpliste

En bref : Speed, c’est du bon gros cinéma d’action made in 90, avec ce que cela comporte de qualités comme de défauts. Mais face à sa générosité, son rythme, ses moments marquants et son casting rafraîchissant, on ne peut que saluer l’effort, qui a marqué les spectateurs à l’époque.

10 réflexions sur « SPEED de Jan de Bont (1994) »

  1. Je ne l’ai pas revu depuis bien longtemps mais c’est vrai qu’il est efficace.
    Tu évoques la carrière US de De Bont mais il a fait avant ses armes de chef op’ au côté du grand Verhoeven aux Pays-Bas.
    Quant à Dennis Hopper, je ne lui trouve que des qualités.

    1. Je le revois ironiquement assez souvent, dés que je tombe dessus, pouf, je me retrouve à le voir en entier.
      Il est vrai qu’avant d’être un excellent chef op aux States, il l’était déjà au Pays Bas. Malheureusement je n’ai pas vu tous les métrages de Mister Verhoeven dans son pays d’origine. Honte à moi.
      J’adore Hopper. Presque tout le temps. Presque…. De douloureux flashs de Super Mario Bros et de Massacre à la Tronçonneuse 2 me reviennent…

        1. Après il semblait prendre les ratages de sa carrière avec humour finalement, et le recul nécessaire, donc bon, un bon monsieur il était.
          Tiens je vais penser à toi cet aprem pour me préparer pour un futur débat : je vais regarder Tenet avec ma mère 😉 (grande fan de Nolan aussi)

          1. Oh voilà un film qui fait débat en effet. J’ai hâte d’avoir le retour.
            Mais déjà tu déroges à la règle nolanienne qui veut que son film soit vu en salle pour une immersion complète.

            1. Vu, aimé, pas mon préféré de Nolan, des défauts (notamment de personnages, et une certaine distance, froideur, mais tout ceci a déjà été dit). Pour le coup, ceux qui aiment ont raison (le film est diablement efficace, superbement mis en scène, certaines scènes marquent la rétine), et ceux qui n’aiment pas aussi (ce que je disais plus haut, mais aussi quelques gros clichés et un côté complexe qui n’ajoute pas forcément grand-chose par moment). Malgré tout oui, j’ai beaucoup aimé. Je vais tenter de digérer tout ça et d’écrire dessus, mais une seconde vision s’impose avant.
              Mais oui, pas vu au cinéma, le premier Nolan que je n’ai pas vu au cinéma depuis… ben le dernier que je n’avais pas vu en salles, c’était Batman Begins. Mais bon, outre la situation cette année, il y a aussi le fait que quand le film s’est décidé à sortir, j’avais peu de temps, je croulais sous la fatigue, je n’étais motivé à… ben pas à grand-chose. Je regrette mais bon, c’est la life !

              1. Oh mais en voilà une excellente nouvelle ! Ahlala, ça me ramène à la lointaine époque où j’avais vu Inception et The Dark Knight Rises deux fois sur grand écran !

  2. D’accord avec ta chro. Je l’ai revu y’a pas longtemps – cette année non ? On en avait un peu parlé d’ailleurs je crois.

    J’adore ce film. Quel pied. Et comme tu dis : pas de CGI, des cascades, un bon casting… Ultra efficace. Je le reverrai avec le même plaisir dans 10 ans je pense.

    1. Oui on en avait parlé quand Ced l’avait également revu. On a tous eu une envie de Speed en même temps cette année, c’est dingue quand même ! Le film a vraiment marqué ses spectateurs.

      Et comme je disais au grand Prince, en parlant de « pas de CGI, de cascades » et tout ça, et bien j’ai enfin vu le dernier Nolan. je suis en train d’écrire dessus, l’article est plus long que prévu (et pourtant, pas de spoils du tout).

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