Avec Grégoire Ludig, David Marsais, Adèle Exarchopoulos, India Hair, Roméo Elvis, Coralie Russier et Bruno Lochet
Synopsis : Jean-Gab et Manu, deux amis simples d’esprit, trouvent une mouche géante coincée dans le coffre d’une voiture et se mettent en tête de la dresser pour gagner de l’argent avec.
Si la réouverture massive des cinémas en Amérique aura offert le succès à quasiment tous les films sortant sur grand écran, le public étant clairement en manque de divertissement, en France, on est beaucoup plus timides. Ce qui permet à Mandibules, le dernier opus signé Quentin Dupieux, d’avoir droit à un succès d’estime qui fait clairement du bien. Des salles pleines pour son premier jour, là où, de mémoire, mes projections de Wrong, Wrong Cops ou Réalité étaient plutôt dans des salles quasi vides. Tant mieux ai-je envie de dire ! En tout cas, ce qui est sûr, c’est que Dupieux s’amuse depuis qu’il retourne en France, ou du moins en Français, à mettre en avant un ou des acteurs connus du paysage cinématographique Français et à leur faire jouer de l’absurde. Et ce depuis Steak avec Eric et Ramzy. Réalité avec Alain Chabat, Au Poste avec Benoit Poelvoorde, Le Daim avec Jean Dujardin. Ce coup-ci, avec Mandibules, c’est le duo du Palmashow, à savoir Grégoire Ludig et David Marsais. Ludig qui avait déjà pu jouer chez Dupieux dans Au Poste ! Ils jouent deux simplets, qui, alors qu’ils se la jouent plus ou moins Pulp Fiction, à devoir aller chercher une valise au point A pour l’amener au point B, sans chercher à en savoir le contenu, se retrouvent avec un indésirable dans le coffre de leur voiture. Enfin, de leur voiture… de la voiture volée pour l’occasion. Cet élément quasi déclencheur de l’intrigue, une mouche de la taille d’un labrador, que nos deux imbéciles vont décider de domestiquer, car une mouche d’une telle taille, qui fait ce qu’ils veulent, et bien, c’est tout bénef, ils peuvent l’envoyer braquer une banque, car une mouche, ça vole, un peu comme un drone… Ah oui, on est bien chez Dupieux.
Du moins dans les prémices et les grandes lignes, car Mandibules semble être un Dupieux quelque peu adouci. Pas mauvais, mais où passé certains éléments d’intrigues, ressemble presque à un film normal, laissant l’absurde de côté pour aller dans un humour plus facile d’accès, un peu plus débile (mais drôle hein). Ce qui me conforte finalement presque dans l’idée que, si je suis un fan de Dupieux, ses films touchent quasiment au génie un film sur deux, avant de se faire plus sage un autre film sur deux, un peu comme Wrong Cops et Au Poste, qui malgré des éléments absurdes, étaient des films se déroulant dans un univers beaucoup plus normal, mais dont les éléments absurdes n’ont pas attraits à leurs univers, mais à leurs personnages. C’est clairement le cas dans Mandibules, où passé la présence de la mouche, renommée Dominique, on est beaucoup plus souvent face à un métrage mettant en avant les aventures de nos deux potes, et leur rencontre avec un groupe de personnages en vacances dans les environs qui vont les accueillir après quelques quiproquos. Des personnages presque normaux, à l’exception du personnage d’Adèle Exarchopoulos, excellente d’ailleurs, et qui passe son temps à gueuler. Si bien que pendant une bonne partie de son récit, Mandibules semble s’éloigner de ses prémices délicieusement absurdes pour se focaliser sur autre chose, sur les humains, sur la bêtise de ces deux rigolos qui se check non plus en disant Chivers mais Taureau. C’est presque dommage oui qu’autour d’eux, l’univers semble beaucoup plus classique, beaucoup plus accessible. Et comme le disait d’ailleurs Grégoire Ludig dans une interview, moins noir aussi.
Il y a quelque chose, malgré quelques excentricités, de beaucoup plus positif dans Mandibules, mais également de plus accessible. Alors, tout cela, c’est uniquement du ressenti face à une œuvre que j’aurais apprécié, mais qui m’aura quelque peu laissé sur ma faim. Une faim de mouche ? Pourtant, oui, déjà, techniquement, on y retrouve la patte Dupieux, forcément, vu qu’il écrit, réalise, s’occupe toujours de la photographie, du montage, tourne toujours à la vitesse de l’éclair pour une bouchée de pain. Dans son scénario, s’il est plus accessible, il distille malgré tout quelques idées bien à lui et qui ramènent clairement à ces anciennes œuvres. Outre le check entre les personnages et leur côté simpliste qui ramène à son premier et génial Steak, son animal improbable qui ne devrait pas exister comme un pneu tueur dans Rubber (la mouche que l’on retrouve buvant dans la piscine rappelle clairement le second métrage de Dupieux), sa galerie de personnages allant de l’imbécile heureux à l’excentrique criant jusqu’au gosse de riche pas très intéressant, que l’on peut voir comme une critique de différents stéréotypes de personnages, ce qui n’est pas nouveau également chez Dupieux. Et oui, mine de rien, malgré l’accessibilité plus grande du métrage, loin du mindfuck d’un Réalité, de l’univers détraqué d’un Wrong ou de l’excentricité made in slasher du Daim, Mandibules reste une comédie parfois amusante, parfois savoureuse, avec un duo qui fonctionne bien à l’écran, à l’image d’Eric et Ramzy qui mettaient leur humour de côté le temps de Steak, et bien, même chose ici pour le duo Grégoire Ludig et David Marsais. La vraie question, c’est tout simplement, finalement, est-ce que Quentin Dupieux, après avoir fait le plaisir des critiques et d’une niche de cinéphiles, n’aimerait pas quelque peu toucher un public un poil plus grand, et normalement réfractaire à l’absurde ? Chivers ! Ah non, Taureau maintenant !
Les plus
Grégoire Ludig et David Marsais, deux imbéciles heureux
Dominique, attachante comme mouche
Adèle Exarchopoulos rend son personnage crédible
Quelques situations hyper drôles
Les moins
L’absurde parfois totalement de côté
Un peu plus lisse et accessible qu’avant
Le milieu du film qui change littéralement
En bref : Mandibules, c’est un opus bien plus sage et accessible de la part de Dupieux. C’est frais, souvent léger, amusant même, quelques moments sont hyper drôles, mais je ne peux m’empêcher d’être un peu déçu. C’est plus « normal », moins absurde, abstrait, plus léger, plus positif aussi. Certes Dupieux tente de nouvelles choses, mais son opus 2020 est du coup moins marquant, moins percutant.
Non mais comment tu dégommes la mouche de Quentin. Mr Oizo l’a gobée et toi tu la recraches. 😉
J’ai bien noté que tu n’as pas détesté quand même, et que c’est quand même du Dupieux sympa et pas si bête quand on regarde à la loupe.
Et décidément question drone d’animal, j’ai enchaîné hier avec les singes des « 2 Alfred » signé Podalydès, un humour sans doute moins barré, mais pas moins poétique.
Roh ne fais pas la fine mouche….euh bouche !
Ça reste sympa, divertissant, quelques moments sont très drôles, mais oui, un peu déçu pour ma part en tout cas, surtout que je suis fan de la première heure !
Ah tu vois que doucement tu te remets à voir des films 😉
Je t’ai trouvé taureau méchant sur cette Mandibules. Trop bling bling peut-être.😁
Oui, ça y est, j’ai repris la plume. Demain sur vos écrans. 😉
Allez, on fait un taureau paix ?? Et j’essayerais de poster mes avis sur STEAK et RÉALITÉ bientôt pour me faire pardonner 😛
Ah ben voilà qui est beau à savoir ! Comme quoi, il suffisait qu’on en parle pour que l’envie revienne, et ce sans même avoir tenté un nanar/navet haha.