Titre original : ブルー
2021 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h47
Réalisation : Yoshida Keisuke
Musique : –
Scénario : Yoshida Keisuke
Avec Emoto Tokio, Higashide Masahiro, Kimura Fumino, Matsuki Daisuke, Matsuura Shinichirô, Matsuyama Kenichi, Takehara Pistol et Yoshinaga Ayuri
Synopsis : Le quotidien de différentes personnes, simples, qui se retrouvent au club de boxe. Urita Nobuto adore le sport, s’entraîne dur, mais perds malgré tout tous ses matchs. Ogawa Kazuki lui est doué, il est l’élite, pourrait gagner des championnats, est fiancé, mais à quelques soucis de santé. Narasaki Tsuyoshi rejoint le club, juste pour prendre du grade, avoir l’air d’un boxeur, mais il va se prendre au jeu.
Sorti dans les salles au Japon en Avril 2021, Blue me faisait quelque peu de l’œil. Non pas par son sujet, car je vais l’avouer, la boxe, ce n’est pas mon truc, mais car depuis toujours au cinéma, la boxe semble être un sujet toujours (souvent du moins) traité d’un point de vu humain et passionnant, ce qui me plait. Oui, que ce soit les Rocky en Amérique ou Raging Bull, 100 Yen Girl au Japon ainsi que Tokyo Fist chez Tsukamoto, ou encore tout récemment le biopic Hands of Stone, le genre est plutôt intéressant. Codifié et un peu cliché sur certains aspects ceci dit. Du coup oui, Blue me faisait envie, avec son casting de belle gueule qui pouvait surprendre. Car quand on pense par exemple à Matsuyama Kenichi, on pense plutôt à Death Note, ou encore le premier Kaiji, pas forcément à un drame sur la boxe. Quand on rajoute à ses côtés Higashide Masahiro, qui m’avait bien surpris il y a peu dans Asako I&II, me faisant ainsi oublier que je l’avais découvert dans l’immonde Crows Explode (troisième opus de la saga Crows), Emoto Tokio, excellent dans la série The Naked Director et que l’on retrouve à l’écran actuellement dans le remake Japonais de… Cube (oui oui), ainsi que tout pleins d’autres acteurs secondaires dont Yoshinaga Ayuri, qui a forcément bien grandie depuis Confessions (11 ans déjà), et bien j’étais curieux. Et au final, Blue, sans renverser les codes, sans véritablement surprendre également vu que comme je l’ai dit, les films traitant de la boxe s’axent quasiment toujours sur les mêmes points, et bien ce fut très sympathique, voir très bon par moment. Rien de révolutionnaire donc, ni dans le message, ni dans la manière de filmer ses scènes de boxe, mais un métrage carré, qui fonctionne, et qui permet à ses acteurs de s’exprimer. Ce qui est déjà pas mal non ? Nous avons véritablement ici un portrait de trois personnages. Ou plutôt quatre par extension. Trois hommes, trois hommes qui se retrouvent au club de boxe pour des raisons différentes, avec des habilités différentes, et une femme, fiancée d’un de ses hommes, et accessoirement amie d’enfance d’un autre.
La boxe sert donc comme souvent de toile de fond, de moyen de s’exprimer pour les personnages, tandis qu’autour de tout cela, on trouve un drame humain qui parle à beaucoup plus de monde, à coups de blessures, de dépassement de soi, d’acharnement, mais aussi une histoire d’amitié, d’amour, voir de triangle amoureux par moment. Sans aller dans la niaiserie la plus totale et qui aurait fait s’écrouler finalement l’intégralité du film. Nous avons donc Urita, joué par Matsuyama Kenichi, assez surprenant finalement ici, en homme assidu, motivé, acharné même, fin tacticien, qui ne rate jamais un entrainement, que tout le monde apprécie, mais qui, une fois sur le ring, ne gagne jamais. L’archétype du personnage malchanceux, qui fait tout très bien, mais dont l’ambition s’écroule dés qu’il faut valider ses acquis en quelque sorte. Il est ami d’enfance avec Chika (Kimura Fumino), elle-même fiancée à un autre boxeur du club, Ogawa (Higashide Masahiro donc), un peu le golden boy du club, charismatique, doué, motivé, qui gagne toujours, a qui la chance sourit, sauf que… sauf que ses visites chez le docteur ne présagent rien de bon pour l’avenir, étant donné que très tôt dans le film, on lui diagnostique un souci qui pourrait s’avérer fatal sur le long terme, et qui dans les faits, devrait le forcer à quitter la seule chose qu’il maitrise, à savoir donc, la boxe, forcément. Et pour compléter ces portraits, nous avons Narasaki (Emoto Tokio) qui rejoint le club au début du métrage, juste pour se donner une image au départ, travaillant dans un club de pachinko, et dont l’apparence et la timidité ne jouent pas en sa faveur lorsqu’il faut hausser le ton face à des clients, même lorsqu’ils sont en tort… Un personnage lui allant comme un gant (de boxe ?), puisqu’en un coup d’œil, on croit à ce personnage timide, un peu renfermé sur lui-même, qui voudrait se donner une image sans avoir à en payer les conséquences, impressionner les autres par son image, et donc, pas très chaud à l’idée, passé l’entrainement, de se retrouver sur un ring pour prendre des coups et avoir mal !
Et il y a aussi le petit nouveau, persuadé de tout savoir mieux que tout le monde. Bref, des personnages variés, réalistes, auxquels il n’est pas difficile de croire, et qui sont tous là pour des raisons variées, L’aspect humain est donc finalement en avant, sans pour autant que la boxe soit en arrière plan, les scènes d’entrainements ou même les matchs sont plutôt nombreux, et plutôt bien filmés d’ailleurs. Dans un style très naturel, sans artifices, sans montage surdécoupé, et même sans musiques la plupart du temps. Alors bien entendu, on pourra toujours dire que c’est un brin facile, que le film ne raconte rien de particulièrement nouveau dans le genre, et que même la trajectoire des différents personnages, bien qu’appréciable, soit relativement prévisible et ce jusqu’au final. Un peu trop académique peut-être ? Oui voilà le mot. Tout est très bien fait, tout s’enchaîne bien, les personnages sont attachants, on comprend bien vite les changements qui vont avoir lieu au sein des personnages, dans leur état d’esprit, leurs ambitions même. Si bien qu’il est difficile de lui en vouloir, car le réalisateur, dont je ne connais pas la carrière ceci dit en passant, maitrise son sujet (il signe aussi le scénario), et sait montrer ce qu’est la boxe, les sacrifices qu’il faut faire, ainsi que le sens de la camaraderie entre les boxeurs, même lorsque l’on doit s’affronter, et qu’une fois le match terminé, la camaraderie reprend le dessus. En fait, le seul reproche que je pourrais véritablement faire à Blue, c’est certains clichés qu’il utilise notamment dans sa dernière demi-heure. Car l’ensemble a beau être réaliste et filmé de manière simple, le réalisateur n’évite pas certains éléments attendu dans sa dernière partie, comme la victoire surprise, quelques ralentis pour des coups impressionnants, quelques coups bas de la part du camp adversaire lors d’un championnat. On y aura droit. Et du coup, malgré quelques clichés, malgré un côté résolument prévisible, Blue est une très agréable surprise, un film prenant, qui peut plaire autant aux amateurs du sport que ceux qui aiment tout simplement le cinéma.
Les plus
Un drame bien fichu
Des personnages variés et réalistes…
Une réalisation simple
De bons matchs
Les moins
Quelques clichés dans la façon de filmer les matchs
…mais un brin prévisibles
En bref : Un drame compétent dans l’univers de la boxe, mettant plusieurs personnages bien différents en avant, chacun avec ses soucis et ses motivations. Quelques clichés et facilités, mais un très bon moment porté par de bons acteurs.