Titre original : Raising Arizona
1987 – Etats Unis
Genre : Comédie
Durée : 1h34
Réalisation : Joel et Ethan Coen
Musique : Carter Burwell
Scénario : Joel et Ethan Coen
Avec Nicolas Cage, Holly Hunter, Trey Wilson, John Goodman, William Forsythe, Sam McMurray, Frances McDormand, Randall Tex Cobb et T.J. Kuhn
Synopsis : Un couple composé d’un voleur naïf et inoffensif et d’une femme policier, qui ne peut avoir d’enfant, décide en désespoir de cause de kidnapper l’un des quintuplés d’un célèbre marchand de meubles. Mais loin de leur apporter la paix et le bonheur, ce rapt attire sur eux les calamités…
Les frères Coen avaient frappé fort avec leur premier long métrage en 1985, Blood Simple, renommé Sang pour Sang. Un polar qui pose dans un sens déjà les bases de leur cinéma. Mais aussi les bases de leurs coopérations futures, avec Frances McDormand déjà au casting par exemple, ainsi que Holly Hunter, Carter Burwell déjà à la musique, ou Barry Sonnenfeld à la photographie (et dans un rôle auditif non crédité). C’est un succès, le film devient culte, et les frères Coen sont immédiatement avec les projecteurs braqués sur eux. Et plutôt que de faire dans la facilité, ils décident pour leur second long métrage en 1987 de faire l’exact opposé. Raising Arizona, renommé Arizona Junior par chez nous, n’est pas un polar noir au ton pessimiste, mais une comédie, surréaliste sur de nombreux points, qui va à 100 à l’heure, quitte par moment à en faire il est vrai un poil trop, et qui finalement parvient à délivrer un message plus que positif sur la durée. Ce grand écart entre les deux premiers métrages des frères Coen représente d’ailleurs plutôt bien ce que leur carrière sera, The Big Lebowski arrivant après Fargo, No Country for Old Men se retrouvant entre The Ladykillers et Burn After Reading, et ainsi de suite. Arizona Junior, c’est l’histoire folle de H.I. McDunnough, braqueur de supermarché raté qui se retrouve souvent au trou, et de Ed, flic qui à chaque fois le retrouve lors de son arrestation. Les deux vont finir en couple, aussi improbable cela sonne-il, vont se marier, et c’est le début d’une grande aventure, puisqu’ils veulent des enfants, mais Ed n’est pas fertile, et ils ne peuvent adopter à cause du passé d’H.I. La solution, absurde et déjantée, se montrera d’elle-même, lors de l’annonce un peu partout de la naissance de quintuplés. Si certains peuvent avoir cinq enfants, pourquoi ne pas en kidnapper un ? Un de moins sur cinq, ça ne leur manquera pas trop non ? Surtout quand de leur côté, notre couple vedette ne peut même pas en avoir un seul !
Voilà le postulat bien improbable d’une comédie parfois sous acide et aux péripéties qui le sont tout autant, entre son chasseur de prime en moto qui aime utiliser des grenades, même sur les lapins, des courses poursuites délirantes avec la police qui tire sur tout ce qui bouge, deux potes d’H.I. évadés de prison (dont John Goodman) et qui vont venir taper l’incrust, et tout un tas d’autres éléments tous délicieusement plus absurdes les uns que les autres. La mise en scène des frères Coen (bien que seul Joel soit crédité) est forcément en adéquation avec le propos : folle, absurde, allant à 100 à l’heure. Pas de temps à perdre, pas le temps de s’ennuyer, de toute façon, Arizona Junior ne dure que 1h34. Et vous vous en doutez, j’aime beaucoup Arizona Junior. Non pas que le film soit parfait, en étant aussi bruyant et fou, il atteint à plusieurs reprises ses limites, faisant que certains moments sembleront de trop et nous laisseront de marbre, clairement. Le prix à payer pour faire autant de bruit en si peu de temps ? Peut-être bien dans le fond. Mais qu’importe, puisque Arizona Junior, ça fait sourire, ça le fait bien, et en plus, ça a la chance d’avoir un bon gros casting qui a l’air de s’éclater, même si le tournage ne fut apparemment pas de tout repos, notamment car Nicolas Cage avait énormément d’idées à proposer aux frères Coen, qui eux avaient une vision bien définie de ce qu’ils voulaient. Ce qui ne veut pas dire que ça s’est mal passé, loin de là. Mieux vaut un acteur investi et débordant d’idées et d’énergie qu’un acteur qu’il faut toujours mettre en condition et faire répéter pour obtenir enfin ce que l’on veut. Et Nicolas Cage justement, il est très bon en braqueur amateur un peu raté, qui semble finalement n’être qu’un grand enfant, comme pas mal de personnages d’ailleurs, notamment ses deux potes fraichement évadés.
Aux côtés de Nicolas Cage, les frères Coen retrouvent Holly Hunter, dans un rôle un peu plus nuancé, dans le sens où son personnage, parfois aussi fou que les autres, est malgré tout par moment traversé par des éclairs de lucidité en faisant sans doute le personnage le plus « terre à terre » du récit. John Goodman, William Forsythe, et surtout Randall Tex Cobb complètent le casting principal, débordent tous d’énergie et n’hésitent pas à en faire des tonnes, notamment dans la dernière partie, où tout le monde en a après cet adorable bambin qui n’a rien demandé à personne, mais se retrouvera dans les situations les plus folles. Etonnement, alors que normalement, ce genre de métrages fous et épuisants se mordent un peu la queue dans leur dernière partie, Arizona Junior lui retrouve justement toute son énergie qu’il avait un poil perdu auparavant lors de son final, où tous les personnages ou presque sont rassemblés, avant d’achever son intrigue sur une note optimiste et bien plus douce que le reste, une note pleine d’espoir qui montre que mêmes ces personnages là, ces grands enfants improbables, ont aussi droit au bonheur. Arizona Junior, c’est une très bonne pioche dans la filmographie des frères réalisateurs, c’est même un film un peu trop souvent oublié dans leur filmographie, au profit d’autres métrages devenus cultes, et pourtant, comment ne pas tomber sous le charme de son humour déjanté, de Nicolas Cage et sa coupe de cheveux improbable, de son casting 4 étoiles ? Je vous le demande !
Les plus
Un postulat de départ déjanté
L’humour et l’énergie du film
Un grand casting
Les moins
Quelques gags et moments qui fonctionnent moins
En bref : Le deuxième film des frères Coen n’est sans doute pas leur meilleur, mais il reste une valeur sûre, et un film déjanté et très drôle avec un Nicolas Cage parfait.