ZOMBI 3 de Lucio Fulci, Bruno Mattei et Claudio Fragasso (1988)

ZOMBI 3

Titre Original : Zombi 3
1988 – Italie
Genre : Navet
Durée : 1h36
Réalisation : Lucio Fulci, Bruno Mattei et Claudio Fragasso
Musique : Stefano Mainetti
Scénario : Claudio Fragasso et Rossella Drudi

Avec Deran Sarafian, Beatrice Ring, Ottaviano Dell’acqua, Massimo Vanni, Ulli Reinthaier, Marina Loi et Deborah Bergamini

Synopsis : Un groupe de terroristes dérobe un gaz toxique, lequel va contaminer l’un d’entre eux et provoquer sa mort. Il se fera ensuite incinérer par les militaires dépêchés sur place, ce qui provoquera une fumée nocive contaminant les habitants locaux, les transformant en zombies. Alors que des scientifiques s’efforcent de trouver un antidote, les militaires décident d’exterminer toutes les populations présentes dans la zone contaminée, une zone qui cependant ne cesse de s’étendre.

Zombi 3 a une certaine aura auprès des amateurs de nanars made in Italia. Je vais vous avouer clairement que pour moi, Zombi 3 n’est pas un nanar, mais un navet. Comme beaucoup de métrages de Bruno Mattei en fait. Sauf que Zombi 3 n’est pas vraiment un film de Mattei. Bon, sa conception reste complexe et certaines sources se contredisent un peu, mais d’après ce que l’on sait, Fulci, dont la carrière n’était plus au top depuis déjà pas mal d’années (1982 en fait, année où il signa La Malédiction du Pharaon et L’ Éventreur de New York, avant de se lancer l’année suivante dans Conquest…), accepta alors de revenir au genre en tournant Zombi 3, pour le producteur Franco Gaudenzi. Le scénario est écrit par Rossella Drudi et son époux, Claudio Fragasso, même si seul ce dernier est crédité, et le tout doit être tourné aux Phillipines, car ça ne coûte pas cher. Sauf que Fulci déteste le scénario, et que le producteur refuse qu’il le réécrive. Qu’à cela ne tienne, alors que Fulci se rend aux Philippines pour tourner le film en six semaines avec sa fille Camilla Fulci, ils réécrivent tous les deux le script durant le tournage, avant de revenir en Italie et de livrer un montage, forcément très différent du scénario convenu, et ne durant que 1h10. L’histoire aurait pu en rester là. Mais oh non, c’est là que ça devient drôle. Fulci lui ne veut plus entendre parler du film, et le producteur demande donc à Claudio Fragasso et à Bruno Mattei, alors réalisateur de seconde équipe, de s’occuper du film. Ils coupent environ 20 à 25 minutes du montage déjà court de Fulci, et Fragasso réécrit par dessus de nouvelles scènes, pour que lui et Mattei retournent aux Philippines pour tourner environ 45 nouvelles minutes de métrage, et l’amener à la durée d’1h36. Mais les acteurs principaux ne sont pas disponibles pour ce tournage additionnel, et donc, toutes les nouvelles scènes seront avec les acteurs secondaires, donnant au métrage de nouvelles intrigues. D’après les dires de Mattei par la suite, l’ouverture du film, ainsi que les scènes dans l’hôtel au début, et toutes les scènes mettant en scène les hommes en tenue anti contamination sont de lui. À la vision du film, c’est plus complexe.

Car autant, il n’y a pas grand-chose à dire du scénario, c’est en effet nul, autant le film en lui-même, on remarque alors très rapidement qui a filmé quoi, tant la vision du zombie par Fulci et celle par Mattei sont différentes. Il ne sera pas rare donc, une scène sur deux, de voir des zombies lents, en décomposition, avançant dans la brume, ayant donc clairement la patte de monsieur Fulci, même si en fin de carrière, avant une autre scène avec des zombies qui courent, qui sautent, voir se servent de machette et font du karaté, et ça, c’est clairement la patte « subtile » de Mattei. Alors oui, avant qu’une armée de fan de nanars ne me crie dessus, il y a bien quelques moments drôles, involontairement dans Zombi 3, comme ce fameux zombie karatéka dans la station service, ou cette tête de zombie volante sortant du frigo. Oui, mais tout ça, ça fait une minute, sur 1h36. Et le vrai grand souci, c’est que même si ça, c’est drôle, et bien c’est l’ennui qui domine. Zombi 3 est chiant au possible. Entre ses personnages inintéressants dont, 12 heures après la vision du film, j’ai déjà oublié le nom de tout le monde, noms de toute façon parfois révélés au moment de tuer un personnage, quand un autre criera de désespoir et de platitude son prénom (« oh non, Nancy », car oui, il y a une Nancy, je crois), son scénario peu passionnant et qui semble se dire que si Le Retour des Morts-Vivants a été un grand succès avec ces morts revenant à la vie après la crémation de corps contaminés, et bien en Italie, enfin aux Philippines, on peut faire pareil ! Et qu’importe si les faux raccords pleuvent, si les acteurs sont à côté de la plaque et en plus mal doublés peu importe la langue, qu’importe si les maquillages des zombies sont approximatifs, et que certains, en sortant de l’eau, révèlent des jambes non maquillées, car à quoi bon, on a bien vu que l’eau et les maquillages, ce n’était pas compatible (Le Lac des Morts-Vivants de Jean Rollin), si des militaires fuient car, je cite « on n’a plus de munitions », avant que l’un d’eux ne s’arrête, pour permettre à ses amis de prendre la fuite, avant de tirer une nouvelle fois sur des zombies.

Oui, rien n’a de sens, et même pour l’amateur de bis que je suis (mais le bis fait avec amour, pas celui torché n’importe comment), c’est chiant. Si Zombi 3 pique un peu partout dans ce qui a marché les années précédentes (le gaz toxique et sa façon d’être répandue venant du Retour des Morts-Vivants, le clash constant entre les militaires et les scientifiques tout droit venu du Jour des Morts-Vivants), il ne sait pas quoi en faire, et ne nous en donne qu’une version fauchée et mollassonne. N’oublions pas ces attaques d’oiseaux qui feraient sans aucun doute rougir monsieur Hitchcock face à un tel résultat. Alors du coup, face à un tel résultat, on se rattrape comme on peut. La présence de Deran Sarafian dans le film, qui réalisera peu de temps après Coups pour Coups avec ce cher Jean-Claude Van Damme par exemple. Ou bien les lasagnes mangées pendant la dernière partie du métrage, vraiment succulentes, meilleures que le film. Car en plus, Zombi 3, comme c’est un peu fauché, ce n’est pas si gore que ça. On aura bien quelques attaques de zombies, quelques morceaux de choix éparpillées, mais tout semble avoir été filmé à l’arrache, avec des maquillages approximatifs, éclairés aussi un peu n’importe comment, du coup impossible pour moi d’en tirer une quelconque satisfaction. La palme revenant à l’attaque du zombie pas encore né, attaquant directement depuis le ventre de sa mère, sauf que… ben on voit très bien que c’est une main d’adulte traversant un faux ventre… Ce qui est amusant d’ailleurs dans cette scène, c’est d’en voir le début, sans doute tourné par un Fulci malade mais fidèle à lui-même (des éléments de décors crades en arrière plan, avec des ustensiles rouillés, et des acteurs cadrés de manière logique), et sa finalité, sans doute tournée par Mattei, où le décor devient tout à coup totalement vide, et certains acteurs souvent filmés de dos avant une attaque et un visage défiguré, faisant bien penser à du tournage éclair sans argent au système D sans les acteurs concernés. Et puis, je me dois de vous parler de cette embuscade finale ridicule sous un hélicoptère, où le film tente de nous faire croire que 5 ou 6 zombies sont cachées sous un peu d’herbe… Ah ce n’est pas la fin de Zombie de Romero ça ! Mais bon, comme les lasagnes étaient bonnes à ce moment là… Et comme ça vient de me revenir, parlons aussi de cette scène de panne automobile, où le protagoniste nous dit que la voiture va mal, il lui faut de l’eau. Le souci, c’est que dans le plan, la voiture va bien, et que c’est quelques minutes plus tard, après qu’il ai bricolé la voiture, que celle-ci fume comme pas possible et s’apprête à rendre l’âme…

Les plus

Quand on s’ennuie, rien que de manger des lasagnes devient un plus
Quelques scènes rigolotes
Le style Fulci surnage lors de quelques rares moments

Les moins

Que c’est chiant mon dieu
Des faux raccords partout
Un film torché à l’arrache
Des acteurs pas concernés, ou qui en font trop
Pas si gore que ça, et des effets souvent ratés

En bref : Zombi 3, on le savait que ce n’était pas bon. Mais ce n’est même pas franchement drôle, ça pique ses idées un peu partout, ça enrobe le tout n’importe comment, c’est un peu mou, pas très drôle, pas si gore.

4 réflexions sur « ZOMBI 3 de Lucio Fulci, Bruno Mattei et Claudio Fragasso (1988) »

    1. Ah oui je vois très bien. j’avais perso déjà un dvd allemand, et donc connaissait déjà le film, même si je n’avais jamais réussi à aller au bout justement… C’est là, pour écrire dessus, que j’ai pris mon courage à 4 mains!

      1. Je me doute qu’il t’en a fallu.
        Le pire c’est que j’ai longtemps associé Fulci à ce film, me détournant de ses autres œuvres à cause du souvenir de ce Zombi 3. Il aurait mieux fait d’effacer son nom sur l’affiche.

        1. De toute façon, tous les Mattei tournés aux Philippines…. Pour ça qu’il faut que je me dépêche de terminer ce que j’ai commencé là, pour te faire découvrir des vrais films Philippins, et très bons 😉

          Officiellement, il n’y a toujours eu que le nom de Fulci, sur toutes les affiches, peu importe le pays. Ce qui m’avait poussé à me le procurer en import à l’époque, j’avais déjà vu certains de ses meilleurs donc forcément, ça donnait envie de base…

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